Incroyable, mais vrai ! Les premières gouttes d’eau potables sont tombées mardi 11 mai 2021 dans le groupement de Biari, dans le centre de Lubefu, au Sankuru. C’est la toute première fois dans l’histoire de cette contrée enclavée de voir la population bénéficier la construction d’un forage d’eau. Le présent projet s’inscrit dans le programme de lutte contre les maladies hydriques qui sévissent dans le Territoire de Lubefu à travers l’approvisionnement en eau potable par la construction des forages dans les villages ciblés de cette zone très enclavée de la Province du Sankuru en République Démocratique du Congo dont dont les villages de Bena-Koy, Longonya Dive, Ehunga, Ukundji Sungu, Tsheko Saka, Wunda, Mpembe, Biari, Djondo Samangua et Kalanga.
Cette initiative si louable est l’œuvre de l’ASBL belge MAISON DE LA FEMME en sigle MAFE, à travers son bras actif sur le terrain l’ONG la CODEL (Coopérative pour le développement de Lubefu, initiative d’un fils du terroir en l’occurrence Hippolyte Ndjadi, et l’ONG allemande Brunnen Bau Macht Schule e.V. qui depuis 2015 sont actives dans la région de Lubefu. Le financement a été assuré à 80% par les fonds de Solidarité Internationale de la société belge Vivaqua.
L’objectif de ce projet consiste non seulement à améliorer les conditions sanitaires et socio-économiques des populations en milieu rural de dix villages ciblés dans le Territoire de Lubefu par la promotion de l’eau de boisson, de l’hygiène et l’environnement sain mais aussi :
– Assurer un accès durable à l’eau potable aux bénéficiaires du projet dans les villages ciblés du Territoire de Lubefu grâce à l’installation des forages manuels adaptés en milieu rural. Des points de distribution d’eau (bornes fontaines) sont installés prêts des écoles ou des centres de santé ;
– Diminuer durablement à 50 % la prévalence des maladies hydriques et nosocomiales dans les villages ciblés du Territoire de Lubefu ; L’amélioration de la santé maternelle par la consommation d’une eau potable La mortalité materno-infantile et hospitalière est en baisse ; – Diminution de la corvée de l’eau pour la femme et surtout la jeune fille obligée à se déplacer à une distance de plus de 5 km à la recherche de l’eau ;
– Mise en place une structure autonome de gestion et génératrice d’emplois dans l’atelier de fabrication des pompes, construction de 10 forages, vente de l’eau, formation des puisatiers, maintenance des ouvrages… ;
– La valorisation du secteur informel pourvoyeur d’emplois de proximité et générateurs de revenus sécurisés à travers la création des divers emplois (puisatiers, contrôleurs, technicien de maintenance, animateur, installateur etc…)
– Renforcement du rôle de la femme par la prise en compte de l’aspect genre dans les structures organisationnelles;
– La lutte contre la délinquance juvénile et la protection de l’enfance défavorisée dans l’optique d’aider les jeunes à quitter les bandes armées et l’enfer des zones minières pour être intégrés dans la vie sociale à travers la formation de puisatier ;
– Enfin, Rendre une dignité collective à une population abandonnée par le pouvoir public et permettre aux bénéficiaires de s’approprier du projet.
Ce projet concerne une population évaluée à environ 100.000 personnes. Il bénéficiera directement aux habitants de 10 villages ciblés dans la région de Lubefu, en accordant une attention toute particulière aux femmes et aux enfants qui représentent 47% de la population.
S’il est clair que toutes les classes de la population bénéficieront de ce projet, les bénéfices seront plus importants pour : Les femmes et les jeunes filles qui doivent parcourir un trajet allant de 4 à 6 km à la recherche de l’eau et s’exposent à tous les risques de viol sur les routes. Les jeunes filles, généralement obligées de participer à la corvée de l’eau avec leur mère perdent leurs temps à la recherche de l’eau et négligent souvent l’éducation scolaire reléguée au second plan. Les enfants de la rue qui sont traités comme des esclaves dans les mines des diamants de Lubefu seront recrutés pour être formés afin de les intégrer dans la vie sociale à travers l’apprentissage d’un nouveau métier, celui du puisatier jusque-là méconnu dans la région.
Carte postale de Lubefu
Le Territoire de Lubefu, situé en plein cœur de la RDC, est fortement enclavé. C’est une région fortement enclavée située dans une zone pré-équatoriale entre la savane herbeuse et le début de la forêt tropicale humide où l’onchocercose représente pour la population une véritable catastrophe sanitaire. Il est baigné par plusieurs rivières mais en dépit de la disponibilité incontestée en eaux, l’eau potable est extrêmement rare. Les eaux disponibles sont souvent fortement polluées par les hommes et les animaux qui s’agglomèrent autour des points d’approvisionnement. Ces points sont également infestés par les moustiques porteurs de la malaria ainsi que par des protozoaires et des vecteurs de transmission de nombreuses maladies parasitaires. Les rivières de Lubefu sont infectées par ce microbe appelé dans la région « épilepsie des rivières » dont la majorité des victimes sont des enfants qui, dès le bas âge, deviennent aveugles.
L’utilisation et la consommation de cette eau conduisent au développement de toute une série de pathologies chez les consommateurs, en particulier chez les enfants. L’Asbl belge le MaHu a observé au cours de sa mission à Lubefu en avril 2012 des cas d’onchocercose et de trachome chez beaucoup de patients. Nombreuses maladies d’origine hydrique constituent l’essentiel des pathologies les plus couramment recensées dans les consultations curatives de toutes les formations médicales. C’est le cas pour la fièvre typhoïde qui décime la population à l’instar de la Covid-19, les diarrhées rouges, la choléra…
La situation est beaucoup plus préoccupante encore dans les institutions sanitaires se trouvant dans le Territoire de Lubefu. Dans tous les hôpitaux et les centres de santé, l’eau manque cruellement et les interventions chirurgicales sont faites sans aucune condition aseptique et hygiénique.