Ancien ministre de l’Agriculture et développement rural sous le gouvernement Matata I de mai 2012 à décembre 2014, Jean Chrysostome Vahamwiti Mukesyayira se dit sidéré par certaines publications suite au dossier du projet Bukanga Lonzo qui a connu une débâcle. Il se dédouane en jurant que son ministère n’avait jamais été associé à ce projet et estime que l’ancien premier ministre pourrait porter seul sa croix sans vouloir chercher de «Simon de Sirène» pour l’épauler. Ci-dessous sa réaction parvenue ce mercredi 12 mai 2021 à Scooprdc.net :
Plusieurs médias en ligne ont publié le 10 Mai 2021 un article intitulé : «RDC/Bukanga Lonzo : les 9 raisons qui ont justifié le gré-à-gré dans la mise en œuvre du PAI BL». Cette même publication est relayée sur plusieurs chaînes de télévision par une légion des journalistes.
Parcourant avec curiosité ces publications, je découvre que le temps 1 (sur les 9 temps/étapes) de ce marché gré-à-gré est le suivant : «choix du partenaire Sud-africain AFRICOM Commodities (Pty). La mission de vérification de la capacité d’AFRICOM d’assurer la gestion du PAI/BL comptait les délégués de la Primature et des Ministères des Finances,Agriculture et Portefeuille. Chaque délégué a été choisi et désigné par son Ministère et à l’issue de la mission, a soumis à l’attention de sa hiérarchie un rapport de mission».
Ces affirmations laissent croire à l’opinion que le Ministère l’Agriculture et du Développement Rural a été impliqué dans la sélection de gré-à-gré de la firme Sud-africaine AFRICOM Commodities (Pty). En ce qui concerne le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural que j’animais à l’époque, il n’a jamais été impliqué ni de près ni de loin. Il n’y a aucun doute que ces médias tombent dans le piège des quatre journalistes d’investigation (Israël MUTALA, Eric TSHIKUMA, Rachel KITSITA, Bienvenue BANDALA) qui ont publié le 21 Janvier 2021 un rapport sur la «Débâcle du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, causes, responsabilités et perspectives». Ils font allusion à l’existence d’un comité interministériel de pilotage du PAI/BL qui n’a jamais était opérationnel jusqu’à mon départ du Ministère en Décembre 2014.
En quoi consiste ce piège de publier des informations sensationnelles sans consulter la source disposant de la vraie information ? Plusieurs médias et ONG font de plus en plus de ce mode opératoire un mode de vie.
Si les rédactions de ces médias avaient pris le moindre soin de me contacter avant de publier l’article susmentionné, voici des éléments précis que je leur aurais fournis :
- L’ancien Premier Ministre MATATA PONYO n’a cessé de déclarer sur les médias et dans la presse écrite qu’aucun ministre n’a été impliqué dans la gestion du PAI/BL. Or la passation des marchés est un acte de gestion. Ces médias s’inscrivent donc dans une contradiction inexplicable avec le Premier Ministre honoraire MATATA PONYO ;
- En date du 10 Février 2014, par sa lettre n°CAB/PM/ADR/IN/2014/9179 adressée à quatre Ministres (Agriculture et Développement Rural, Industries, Petites et Moyennes Entreprise, Portefeuille, et le Ministre Délégué en charge des Finances), le Premier Ministre MATATA PONYO les informe que AFRICOM est déjà sélectionné pour gérer le Projet Bukanga-Lonzo avec un Projet de Contrat. Bien plus, il est dit dans la lettre que la firme AFRICOM s’est proposée. Où est l’implication du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural dans la sélection de cette firme ?
- En date du 12 Mars 2014, un mois plus tard, par la lettre n°CAB/CARD/JMU/GMN/2014/9884 signée par le Directeur de Cabinet, SELE YALAGHULI, le Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural a été sollicité pour désigner un expert pour une mission en Afrique du Sud ayant pour objet : «Désignation d’un expert pour la mission de vérification des commandes des équipements du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo et de l’usine de production d’engrais TRIOMF-RDC».
- En date du 13 Mars 2014, deux jours après, je désignais mon Directeur de Cabinet pour cette mission. Ayant perçu que mon Ministère était associé à visiter des équipements et une usine d’engrais sans avoir pour autant été associé à la passation du marché, j’ai pris soins d’insinuer dans ma réponse au Directeur de Cabinet du Premier Ministre qu’après cette visite sera déclenché le processus de passation des marchés. Et pourtant les équipements et l’usine étaient déjà commandés et payés.
A la lecture de ces trois lettres jointes en annexe, et de leurs dates d’émission, il apparaît clairement que la firme Sud-africaine AFRICOM Commodities (Pty) a été recrutée bien avant la mission des experts en Afrique du Sud. Par ailleurs, la mission des experts en Afrique du Sud ne mentionne nulle part dans son objet la société Sud-africaine AFRICOM Commodities.
Enfin, s’il y a encore des journalistes ou une certaine opinion qui en doutaient encore, le projet du Parc Agro-Industriel de Bukanga-Lonzo a été conçu, piloté et coordonné par la Primature comme en témoignent ces trois correspondances. Aucun comité interministériel n’a été opérationnel autour du PAI/BL jusqu’à mon départ du Gouvernement en Décembre 2014. En effet, conçu comme une Entreprise Publique jouissant d’une autonomie administrative et financière, elle échappait à la tutelle du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural conformément à la législation de 2008 relative à la transformation des Entreprises Publiques qui a supprimé la tutelle technique du Ministère du secteur où évolue l’activité de l’Entreprise Publique, la tutelle des Ministères Techniques n’ayant été maintenue que sur les Etablissements Publics. Le fait que j’étais mandataire public (DGA) d’une Entreprise Publique avant ma nomination à la tête du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural en Mai 2012, m’a fourni une clairvoyance très précieuse dans ce dossier de Bukanga-Lonzo.
Telle est la vérité sur le marché gré-à-gré pour recruter la firme Sud-africaine AFRICOM Commodities (Pty) pour la gestion du Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo.
ci-dessous les trois correspondances évoquées par Jean Chrysostome Vahamwiti :