La Société d’Or de Kilo Moto (SOKIMO) est dans un tiraillement avec son partenaire Kibali Gold Mine à qui elle réclame une créance de plus d’un milliard USD, mais laquelle cette dernière ne reconnaît nullement.
Assise paresseusement sur des grands gisements d’or en Ituri et en Haut-Uele, l’ex-OKIMO sous Mobutu a jugé bon de vendre sous Kabila fils, ses titres miniers et permis d’exploitation, d’abord à 70% de parts, puis à 90% aux étrangers. N’eût été le refus de RandGold Mine, elle aurait vendu tous les 100% de parts. Cette multinationale a préféré laisser 10% à la SOKIMO pour lui permettre de développer ses autres gisements hors contrat.
En dehors de 10% de parts détenues dans la société commune, la SOKIMO s’est vu rétrocéder gracieusement par Kibali Gold Mine le gisement de Kibali Sud dont la teneur en or est estimée à 45 tonnes. Qu’en fait-elle ou qu’en a-t-elle fait ? Aucun projet pour développer ce gisement, aucun projet pour d’autres contrats signés avec d’autres partenaires. Propriétaire de plus de 7 gisements d’or, la SOKIMO est cette pleurnicharde dont les agents sont impayés paradoxalement depuis 94 mois à cause de mauvaise gestion. De quoi susciter vivement la colère de Dieu le créateur qui regrette d’avoir confié ces immenses richesses dans les mains des «imbéciles».
Une conférence de presse d’autoaccusations et de jérémiades
Dans une conférence de presse ce mardi 11 mai 2021 à Kinshasa, conjointement animée par la PCA et le DG de SOKIMO, il y a de quoi avoir froid au dos. Ces deux dirigeants, tout en faisant beaucoup d’aveux, ont culpabilisé les négociateurs étatiques du contrat avec Kibali Gold Mine. «Je n’étais à l’époque qu’expert et non décideur. Les décisions avaient été prises par la haute hiérarchie», a déclaré le DG de SOKIMO, l’un des négociateurs du contrat, pour se déresponsabiliser.
La PCA Annie Kitima et le DG Augustin Mpela ont fait des déclarations du genre que la SOKIMO qui détenait au départ 30% dans Kibali Gold Mine, avait été contrainte par des pressions politiques à céder 20% pour ne rester qu’avec 10% seulement ; mais aussi que Kibali avait refusé en complicité de certains officiels congolais que soit insérée dans le contrat la disposition de paiement des royalties. Les deux dirigeant de SOKIMO ont aussi avoué que la RDC avait négocié ce contrat en position de faiblesse.
Quant aux questions de journalistes de savoir pourquoi le dénoncer seulement maintenant alors que la SOKIMO prétend que le dernier paiement est intervenu en 2013 ? Qu’a fait la SOKIMO de toutes les sommes lui versées, soit plus de 214 millions USD en espèces et en valeur transférée et le bénéfice de plus de 16,7 millions USD en financement de prêts alors que l’enveloppe globale de 94 mois des salariés impayés ne représente que 75.200.000USD ? Qu’a fait la SOKIMO de l’argent destiné à la retraite des agents décaissé en 2009 ? Que fait la SOKIMO d’autres gisements, notamment celui de Kibali Sud ? A toutes ces questions, les réponses ont été évasives.
Somme toute, l’on a compris que cette conférence de presse était une façon pour les dirigeants de la SOKIMO de faire une autoaccusation dans une sorte de mea culpa, mais surtout de faire des jérémiades en sollicitant l’intervention du gouvernement pour la renégociation du contrat d’association. Qu’il s’agisse des royalties ou de 1% à percevoir sur les bénéfices, les deux dirigeants n’ont brandi aucun article ou disposition du contrat qui le prévoit mais se sont cantonnés à réclamer toujours plus d’un milliard USD.
«Il est impérieux que la SOKIMO puisse tirer des avantages financiers de l’exploitation de ses ressources. Le contrat en place mettant en place des périodes prolongées d’exploitation commerciales assorties de recettes nulles pour SOKIMO est inacceptable. Il s’agit de mettre en place un nouveau contrat plus équitable, durable et mutuellement avantageux», a déclaré Annie Kitima, la PCA de SOKIMO.
Est-ce un coup de charme au régime Fatshi tout en prévalant de ses propres turpitudes ? Mais seulement, avec ce nouveau régime, il ne sera pas question de renégocier le contrat, mais aussi de retracer d’abord la destination de toutes les sommes payées par Kibali Gold Mine qui ne sont pas entrées dans les caisses de l’Etat et de l’entreprise et de déférer devant la justice les détourneurs de l’ancien régime qui ont mis à genoux la SOKIMO et dont certains noms ont été cités par madame Annie Kitima. Les inspecteurs des finances doivent retrousser les manches parce qu’un travail les attend à la SOKIMO.