Le pouvoir qui passe de père en fils devient fréquent en Afrique. Le remplacement de Idriss Deby Itno par son fils, le Général Mahamat Idriss Deby «Kaka» après la mort du Maréchal vient confirmer la pratique selon laquelle les dictateurs africains se font de plus en plus remplacer par leurs fils qu’ils préparent de leur vivant, faisant ainsi de leur pays, une sorte de monarchie héréditaire.
On compte dans ce lot, Eyadema et Faure au Togo, Omar et Ali Bongo au Gabon, ainsi que Laurent Désiré Kabila et Joseph Kabila en RDCongo. Aujourd’hui, c’est Idriss Deby Itno et Mahamat Deby qui rejoignent ce club des présidents de père en fils. Ces nouvelles républiques monarchiques se caractérisent par quelques faits communs.
1. Pouvoirs autoritaires
Si au Gabon Omar Bongo, vice-président de Léon Mba a accédé au pouvoir après la mort de ce dernier, au Togo et au Tchad, c’est par de coups de force que Eyadema et Idriss Deby ont accédé au pouvoir. Quant à Laurent Désiré Kabila, c’est à l’issue d’une rébellion qu’il arriva à chasser le Maréchal Mobutu. Mais quel que soit le mode d’accès au pourvoir, ces chefs d’État se sont tout de suite illustrés par un pouvoir autoritaire.
2. Longévité
Bongo père et fils ont déjà totalisé plus d’un demi siècle de pouvoir au Gabon. Il en est de même de Eyadema père et fils qui ont déjà fait plus de cinquante ans de pouvoir au Togo. Les Kabila père et fils ont fait 22 ans avant que Joseph Kabila ne cède le pouvoir sous la pression populaire et de la communauté internationale, après avoir tenté en vain de briguer un troisième mandat. Deby père a totalisé à lui seul 30 ans, son fils qui n’a que 37 ans ne fait que commencer.
3. Ingérance occidentale
Si ces dictatures se sont installées et consolidées dans ces pays, ce n’est pas du fait de la naïveté des peuples. C’est par ce qu’elles ont toujours bénéficié du soutien de l’Occident, particulièrement de la France. Après les indépendances, la France s’est illustrée par commanditer des coups d’État à l’endroit des chefs d’État africains avec Jacques Focard jusqu’au début des années 80. Ensuite l’Élysée a changé de stratégie en soutenant des dictateurs qui lui sont plus dociles. C’est ainsi que la plupart de dictateurs qui ont pris le pouvoir très jeunes y ont vieilli après des longues années de règne.
4. Pouvoir de père en fils
Mais comme les dictateurs ne sont pas de éternels, l’Occident a toujours pensé à leur remplacement. La France a estimé qu’il vaut mieux faire avec les fils des dictateurs qu’on maitrise que des opposants qu’on ne maîtrise pas. Aussi la France a encouragé plusieurs dictateurs à préparer leurs enfants à leur succession et a toujours été prêt à aider ces jeunes présidents à consolider leur pouvoir une fois le père parti. C’est ainsi qu’ils ont accompagné Faure Eyadema et Ali Bongo, malgré son état moribond, et aujourd’hui Mahamat Deby. On se souviendra aussi de la manière dont Louis Michel, a accompagné Joseph Kabila pour l’imposer aux Congolais à la mort de Laurent Désiré Kabila. Au Congo Brazza, Sasou Ngesou avait préparé son fils Denis Christel Sasou Ngessou à sa succession. Mais c’est quand les cadres du parti se sont opposés à l’imposture que le Général est revenu sur sa décision et s’est présenté lui même comme candidat, en attendant une autre occasion.
5. Soupçons de parricide
Dans cette logique de succession, il y en a qui ont été réglées en douce entre les trois parties: le père, le fils et l’Occident. Mais il y en a que l’Occident aurait arrangé avec le fils à l’insu du père, quand ce dernier se montre de moins en moins docile. Selon certaines sources, la disparition, on ne peut plus étonnante du Maréchal Idriss Deby semble plutôt être un coup d’État de palais, Celui-ci serait devenu très bavard depuis un certain temps.
Selon des sources diplomatiques, le Maréchal a installé son QG à 50 km de la ligne de front avec un officier de liaison français qui l’accompagnait. Il réunit quelques officiers sous sa tente. A la fin de la réunion, arrive un général qui revient du front et qui était à un poste avancé protégeant le QG du Maréchal. Ce dernier fait partie des officiers qui avaient refusé de s’attaquer à la résidence de l’opposant à Deby.
Aussitôt arrivé, Idriss demande au général ce qu’il faisait là, lui qui devait être au front et le traite de rebelle. La réponse du général va mettre le Président en colère. Deby sort son pistolet et abat le général. Instantanément, un soldat l’abat aussi. Une fusillade s’en suit causant la mort de plusieurs soldats. Le tueur du Maréchal sera identifié comme le cousin du général abattu. L’officier de liaison français informe immédiatement sa hiérarchie sur la mort de Deby. Le fils de Deby, le Général Mahamat qui était au front est informé et arrive sur les lieux. L’officier français lui passe Emmanuel Macron qui lui explique ce qu’il y a à faire pour gérer la crise. Ensuite arrive le Chef d’état major à qui on informe de la décision de l’Élysée d’imposer le fils de Deby à la tête du pays.
Idriss Deby n’a donc pas été tué par les rebelles, mais par ses propres hommes, probablement préparés par l’officier de liaison français. Certains pensent même que le fils de Deby doit en savoir beaucoup sur la mort de son père.
Tu quoque fili mi ?
Dans ces genres de scénarios qui a été vécu ailleurs, le fils est mis devant un dilemme par les commendataires : soit accepter de prendre le pouvoir à la place de son père dont le sort est déjà scellé, soit refuser de trahir son père et tout perdre, et le pouvoir, et son père ainsi que tous les avantages du pouvoir.
Mais quel que soit les scénarios qui ont amené les fils à succéder à leurs pères au pouvoir, l’Afrique ne mérite pas ce traitement néocolonialiste de la part de l’Occident. Il est temps d’arrêter ce mode de gouvernance qu’impose l’Occident à l’Afrique et qui est en train de faire école.