Grands Lacs : les ONG exigent la nomination d’un envoyé spécial américain

Dans une lettre commune adressée au Secrétaire d’État des Etats-Unis, Antony Blinken, et dont copie a été envoyée à la rédaction de scooprdc.net mardi 23 mars 2021, les ONG Human Rights Watch, LUCHA, Coalition «Never Again»,  Réseau Africa Faith and Justice, Brookings Institution, Oxfam America, The Sentry, Refugees International, Association du barreau de New York, Institut McCain, l’Église presbytérienne (États-Unis), et certaines personnalités notamment Anthony W. Gambino, ancien directeur de mission USAID-RD Congo et Stephen R. Weissman, ancien directeur de cabinet à la sous-commission de la Chambre des représentants chargée de l’Afrique Your tax deductible gift can, se disent vivement préoccupés par la crise grandissante dans la région des Grands Lacs en Afrique.

«Le conflit de longue date en République démocratique du Congo s’est aggravé au cours de l’année passée. Le pays compte désormais plus de cinq millions de personnes déplacées, soit le troisième déplacement de population le plus important au monde. Les meurtres de civils liés au conflit dans les provinces du Kivu ont augmenté d’environ 50% sur l’année écoulée ; des groupes armés et des troupes de pays voisins sont présents dans l’est de la RD Congo ; à la faveur du conflit, de l’or et d’autres ressources naturelles sont passés en contrebande en toute impunité vers les pays voisins attisant les violences ; et les Nations unies ont récemment averti que près de 20 millions de personnes sont en situation de grave insécurité alimentaire. Le risque est que l’escalade de la violence continue. Au cœur de la vulnérabilité de la RD Congo à ces courants destructeurs se trouve la corruption dans les institutions de l’État, y compris les forces de sécurité, qui se rendent fréquemment responsables de violations des droits humains et collaborent avec les groupes armés. À cela s’ajoute l’incapacité de l’État à faire rendre des comptes aux principaux responsables d’abus. Les organisations de la société civile congolaise réclament la correction de graves lacunes du processus électoral qui a conduit le président Félix Tshisekedi au pouvoir. Le pays n’a toujours pas engagé de manière significative la lutte contre la grande corruption, la violence systémique et l’impunité. Il y a un risque réel que la RD Congo puisse sombrer dans une nouvelle crise politique prolongée et potentiellement violente, à l’approche des prochaines élections, prévues pour 2023», peut-on lire dans cette correspondance des ONG précitées.

Elles ne manquent pas à s’attarder sur les pays voisins de la RDC. «Le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda voisins se trouvent eux aussi en périodes critiques, avec des partis dirigeants qui renforcent leur emprise sur le pouvoir, un espace de contestation très restreint et une répression croissante», mentionnent-elles avant de rappeler que par le passé les envoyés spéciaux américains ont joué un rôle essentiel dans l’atténuation des conflits et les efforts de règlement de crises démocratiques dans la région des Grand Lacs, lorsqu’il s’agissait de personnalités connues disposant d’une équipe adéquate, combinant diplomatie et pression financière et rendant compte au Secrétaire d’État.

Elles exhortent ainsi l’administration Biden à adopter une stratégie politique régionale appropriée, afin de faire face à ces questions urgentes sur les plans sécuritaire et humanitaire et de reconnaître un fois de plus que leur portée et leur intensité dépassent les attributions d’ambassadeurs bilatéraux et justifient la nomination d’un ou d’une envoyé(e) spécial(e). «Nous recommandons vivement à votre administration de nommer un envoyé spécial pour la République démocratique du Congo et la région des Grands Lacs d’Afrique, de haut niveau et doté de ressources et qui dépende directement du Secrétaire d’État, afin de soutenir cette approche stratégique. Une stratégie remise à jour et un envoyé spécial aideront à mettre en œuvre toute la gamme des outils diplomatiques, y compris des sanctions ciblées et modernisées, des restrictions de voyage émises par le Département d’État et des mesures contre le blanchiment d’argent, afin de réduire les conflits régionaux et de renforcer l’État de droit et la gouvernance démocratique», écrivent-elles à Antony Blinken.

rappelons que le dernier envoyé spécial des Etats-Unis dans la région de Grands-Lacs, c’est J. Peter Pham qui avait été nommé sous Trump le 9 novembre 2018.

  • Bendélé Ekweya té

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