Par Thierry Bwongo
Après les politiques du Sankuru et la journée de réflexion avec la société civile, ça été le tour des professionnels des médias d’être édifiés, ce jeudi 18 mars au Centre de Ressources pour les enseignants des sous-divisions (CRESD), sur le bien-fondé de l’utilisation et l’enseignement en langues nationales, réforme en cours en République Démocratique du Congo.
Dans cette séance organisée par le Projet d’Amélioration de la Qualité de l’Enseignement (PAQUE), les intervenants du jours, agents du ministère de l’EPST, scientifiques et acteurs de la société civile, ont présenté les avantages de la réforme dans ses aspects légaux, pédagogiques et sociétaux.
Pour la Direction des programmes scolaires et matériel didactique (DIPROMAD), cette réforme trouve son soubassement au regard de la constitution de la République Démocratique du Congo en son article premier qui fait du français, la langue officielle et du Kikongo, Kiswahili, Lingala et Tshiluba les quatre langues nationales, dont l’Etat assure la promotion sans discrimination. La loi-cadre de l’enseignement National n° 14/004 du 11 Février 2014 dispose en son point 17 de l’exposé des motifs que «les langues nationales soient utilisées comme médium d’enseignement et d’apprentissage au cycle élémentaire». Esprit traduit dans le chapitre 3 tout comme aux articles 38 et 195 de la même loi-cadre qui renforce la place de l’enseignement en langues nationales.
Pour le professeur Nzanga de l’Université Pédagogique Nationale, il n’y a pas de petite langue, les congolais doivent briser le complexe de leurs langues face aux langues étrangères. Il soutient que la démarche du gouvernement est basée sur plusieurs études dans d’autres pays du monde et d’Afrique mais aussi par une recherche doctorale menée à Mbandaka qui a conclu que les élèves qui étudient en langues maternelles ou de chez eux ont plus de facilité à apprendre que ceux qui doivent étudier directement en Français au sortir de leur milieu familial. Il prend pour exemple plusieurs pays d’Afrique qui appliquent avec succès cette forme pédagogique tels que le Burundi, le Rwanda, la Tanzanie, le Mali, la Chine, le Japon et tant d’autres.
«Cette réforme poursuit le but de lutter contre la déperdition scolaire en visant le stimulus de l’élève à l’apprentissage, elle ne recherche pas l’abandon du Français ou toute autre langue étrangère mais plutôt la récupération de l’identité culturelle nationale que la langue porte», a déclaré le professeur Nzanga qui tranquillise les parents en leur disant que l’apprentissage en langue nationale ne diminue en rien les facultés intellectuelles des enfants, mais leur ouvre la porte vers une compréhension du monde avec des valeurs du pays.
Cette séance avec la presse a été marquée par le soutien de la société civile, qui précise que cette réforme entre dans le cadre des Objectifs du Développement durable dans son 4ième volet. L’ODD 4 vise à « assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie » d’ici 2030. La société civile représentée par Jacques Tshimbalanga affirme accompagner le ministère de l’EPST dans cette vaste réforme qui contribue à l’amélioration de la qualité de l’enseignement.
Le processus de distribution des manuels et guides en langues nationales va se poursuivre, confirme PAQUE. Il se fera accompagner d’une sensibilisation accrue. Le ministère qui prend à bras-le-corps les desiderata de toutes les communautés nationales, multiplie les efforts pour doter ces dernières des outils didactiques en langue du milieu. Pour la première phase et au regard de la multitude des dialectes du Congo, c’est les langues nationales qui vont être utilisées comme support avant d’aller vers les langues émergentes comme le Otetela, le Kimongo et autres. Entre temps les enseignants qui sont formés par le ministère à travers la DIPROMAD et le PAQUE ont été outillés pour utiliser l’approche multi-linguiste qui permet à l’enseignant d’utiliser le manuel fourni en contextualisant le contenu en langue du milieu.
Il faut dire que le gouvernement a déboursé des millions de dollars pour produire et déployer les manuels scolaires en langues nationales et c’est là le premier pas d’une vaste réforme de l’enseignement en vu de l’amélioration de sa qualité.