Tanganyika : la déchéance de Zoé Kabila en marche ne serait-ce pas une mauvaise appréciation politique de l’Union sacrée de la nation ?

« Fallait-il, parce qu’on veut tout chambarder, remonter jusqu’au déluge !». Cette citation est une réponse de feu maréchal Mobutu Sese Seko, ancien président du Zaïre à une question d’un journaliste belge qui voulait savoir si le changement intervenu avec l’instauration de la démocratie et du multipartisme, fruit de la Perestroïka, impliquerait le changement de l’hymne national, les emblèmes du pays, la monnaie, etc.  Cette réponse du maréchal devait inspirer l’Union sacrée de la nation créée par le Président de la République Félix Tshisekedi pour imprimer sa vision de gouvernance mais qui, malheureusement commence à se transformer en règlements de comptes pour certains adhérents.

En effet, une délégation des députés nationaux de la province du Tanganyika acquis à l’Union sacrée, s’est rendue à Kalemie, chef-lieu de la province où ils ont  séjourné plus d’une semaine depuis le 7 mars en vue d’installer et d’identifier à l’Assemblée provinciale les députés acquis comme eux à l’USN. Et d’après le correspondant de Scooprdc.net à Kalemie, 18 de 25 élus provinciaux ont adhéré à cette union sacrée. Du coup, un mécanisme de déchéance du gouverneur Zoé Kabila, sans motif valable acceptable, si ce n’est visiblement que la politique de «ôte-toi de là que je m’y mette» a été déclenché.

D’après le correspondant du média en ligne, ces députés nationaux influenceraient ceux provinciaux et mettraient beaucoup de pression sur eux pour évincer le gouverneur de province même si celui qui conduit leur délégation, Jean Manda Kansabala, élu de Moba a déclaré au cours d’une conférence de presse animée, samedi 13 mars au restaurant Etoile qu’ils ne sont pas venus au Tanganyika remplacer les actuels animateurs des institutions provinciales par d’autres. Une démarche qui n’enchante pas la société civile du Tanganyika qui voit en elle une déstabilisation de bonnes actions déjà déclenchées pour le développement et le décollage économique de la province.

«Si le Président Fatshi aime les bosseurs, il ne doit pas suivre ceux qui lui racontent des histoires sur ce gouverneur du Tanganyika. Il fait très bien son travail et c’est le régime Fatshi qui gagne», réagit un Congolais sur son Twitter. Son point de vue est partagé, d’après le correspondant de scooprdc.net par beaucoup d’habitants du Tanganyika qui voient en leur gouverneur un véritable travailleur silencieux pour le développement de leur province, sans s’en vanter politiquement.

Non sans raison, depuis sa présence à la tête du Tanganyika, Zoé Kabila, bien que petit-frère du président honoraire Joseph Kabila, ne fait nullement l’apologie de son grand-frère, ni du FCC, son regroupement politique. Lors du séjour du DG de Scooprdc.net à Kalemie fin janvier-début février 2021, le ministre provincial de l’Agriculture, Pêche, Elevage, Environnement et Développement Durable du Tanganyika, le professeur Jules Lwamba lui a déclaré :  «Le Tanganyika est mal connu de l’extérieur parce que nous avons pris une politique simple et volontaire de travailler d’abord et de parler après. Pour le gouverneur, trop parler pour rien, ça ne sert à rien. Lui, il soutient le chef de l’Etat par des actions concrètes. Il n’a pas besoin de parler».

Il est vrai que Jules Lwamba n’a pas menti parce que politiquement selon les câbles de Scooprdc.net, lors de son séjour à Kinshasa, Zoé Kabila avait signé l’acte d’engagement à la vision du chef de l’Etat. Seulement, celui d’adhésion à l’Union sacrée signé par ses collègues d’autres provinces ne lui a jamais été présenté. Piège ou peur de ceux qui faisaient signer cet acte, à cause de sa qualité de petit-frère de l’ancien chef de l’Etat Joseph Kabila avec qui Félix Tshisekedi venait de rompre la coalition FCC-CACH ? Les proches de ZK soutiennent mordicus et mettent au défi quiconque prouverait que cet acte d’adhésion lui avait été présenté et qu’il avait refusé de le signer. «Prétendre qu’il a refusé d’adhérer à l’USN comme le font savoir les députés nationaux à qui veut les attendre à Kalemie, est un prétexte de tout celui qui veut noyer son chien…», révèlent ces proches de ZK.   

Sans faire l’avocat du gouverneur Zoé Kabila, le correspondant de scooprdc.net à Kalemie confirme que l’homme, bien sûr est aphone à cause de sa linguistique anglo-saxonne et évite comme son grand-frère pendant 18 ans le contact avec le public, mais c’est un visionneur et bosseur. Depuis son arrivée à la tête de cette province en avril 2019, il s’est concentré non seulement à la transformation de Kalemie, chef-lieu de la province, mais aussi d’autres territoires. Il a entre ses mains le plan directeur du développement de la province lui dressé par des experts. Et en peu de temps, avec ZK,  la ville de Kalemie est en train de se transformer petit à petit pour prendre véritablement l’image d’un chef-lieu de province, notamment avec l’asphaltage des routes, l’éclairage public, la construction des édifices pour l’administration publique (gouvernorat, Salle de plénière de l’Assemblée provinciale, l’Immeuble de PICAGEL…) et le boom immobilier remarquable.

Ce n’est pas tout, la piste de l’aéroport déjà impeccable, la tour de contrôle digne de ce nom est en train d’être construite. Aussi, son ministre de l’Agriculture, Elevage, pêche, Jules Lwamba, avait déclaré au DG de scooprdc.net que son gouverneur est déterminé à faire du Tanganyika un grainier agricole pour la RDC afin de gagner le pari comme le chef de l’Etat le souhaiterait, de voir la victoire du sol sur le sous-sol dans un grand Katanga plutôt réputé minier.

«La dynamique sur le plan agricole avec la pacification et la fin de conflits, c’est tout le monde qui est rentré au champ. Au Tanganyika, avec le climat que nous avons, le gouverneur tient mordicus pour que nous puissions avoir le résultat attendu par la République au travers le Président de la République. Si nous avons la logistique qui puisse permettre à la population de capitaliser la saison A et de capitaliser la saison B, je pense que nous aurons résolu le problème pas seulement du Tanganyika, mais aussi des autres provinces et pays limitrophes», rassure Jules Lwamba qui a encore révélé que dans le territoire de Moba, qui est le grand grenier de la province, beaucoup de maïs bio-fortifiés sous l’encadrement du gouvernement provincial ont été produits à tel point que la population de ce territoire n’a pas pu consommer sa production et que son ministère a ramené à Kalemie un excédent de 10 mille tonnes et qu’une partie de cet excédent de production a nourri les Nord et Sud Kivu mais aussi le Rwanda.

Et d’ajouter : «Tout le monde calcule que le Congo est un marché pour déverser leurs productions agricoles, mais nous leur préparons une surprise: c’est eux qui seront notre marché. Mon combat maintenant ce sont les routes de desserte agricole. J’ai peur de décourager les agriculteurs qui vont produire, mais qui risquent d’être incapables d’évacuer leurs produits». 

Faudra-t-il briser ce rêve de développement pour des intérêts politiques incertains. C’est là que les habitants du Tanganyika interpellent le président de la République en tant que garant de la nation et du bon fonctionnement des institutions pour protéger leur gouverneur de la mesquinerie et de la gourmandise de la classe politique. Le moratoire sur les déchéances des gouverneurs par les députés provinciaux annoncée par le VPM Gilbert Kankonde doit demeurer d’application. Ils souhaitent que Fatshi protège ZK comme il l’a fait pour Atou Matubuana, Joseph-Stéphane  Mukumadi et tant d’autres gouverneurs de province harcelés injustement, jurisprudence oblige.  

  • Bendélé Ekweya té

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