Tentative par Kalev Mutondo de tribaliser son dossier judiciaire, un Kasaïen lui répond : «Pour des victimes kasaïennes, quoi de plus normal que les plaignants soient des Kasaïens !»

Si le document contenant tableau récapitulatif des plaintes devant la justice contre l’ancien AG de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), Kalev Mutondo, et les conclusions y relatives, lequel circule sur les réseaux sociaux et portant les signatures de ses avocats dont le bâtonnier Cyprien Mbere Moba, s’était limité à seulement démontrer les faits, il n’aurait pas suscité des réactions dont celle de Mike Nkashama, jeune frère d’une victime du terrorisme et atrocité de cet ancien patron du service d’intelligence de la RDC. Selon Mike Nkashama, politologue de son état, parce que beaucoup de victimes de Kalev étaient des Kasaïens, il est normal et logique que les plaintes n’émanent que d’elles. Quoi de plus normal, déclare-t-il en conseillant l’ancienne barbouze n° 1 de la RDC de ne pas chercher à tribaliser cette affaire des individus ayant subi des tortures sous son administration et qui ne réclament que justice.

Non sans raison, déjà l’intitulé du tableau l’énerve : «TABLEAU RECAPITULATIF ACTUEL DES MANIPULATIONS POLITICO-TRIBALO-JUDICIAIRES, OUTRANCIEREMENT MEDIATISEES, DONT EST VICTIME MR KALEV MUTONDO, ADMINISTRATEUR GENERAL HONORAIRE DE L’ANR, DE 2011 A 2019». Et la conclusion finale d’enfoncer le clou : «La quasi-totalité de plaignants ainsi identifiés, est originaire du même espace socio-culturel, c’est-à-dire l’ex-Province du Kasaï Oriental, hormis le Sankuru. Tous les éléments ci-dessus recensés tendent à établir qu’on est au cœur d’un complot ourdi contre Monsieur KALEV MUTONDO, Administrateur Général honoraire de l’ANR, complot fondé sur la haine politique et tribale, et qui inspire toutes les pensées, tous les comportements, tous les actes, tous les discours de diabolisation, d’acharnement, de mensonges, de diffamation, de dénonciation calomnieuse, de manipulations grossières et des montages grotesques, émanant des personnes impliquées et recrutées dans ce complot destiné à anéantir un adversaire politique, désormais considéré comme un ennemi à abattre par tous les moyens, y compris les plus vils et les plus malhonnêtes».

En effet, dans ce tableau, les plaintes de 12 personnes sont énumérées et présentées avec détails. Dans la première colonne figurent leurs noms, leurs territoires et leurs provinces : Joseph KAPEPULA MULUMBA, (Territoire de Kabinda, Province de Lomami, dans l’ex-Kasaï oriental), Christopher NGOYI MUTAMBA (Territoire de Kabinda, Province de Lomami, dans l’ex-Kasaï oriental), Jean-Claude MUYAMBO KYASSA (expressément ici, son territoire et sa province ne sont pas donnés mais l’on prend soin de mettre en exergue son avocat Georges KAPIAMBA KAPIAMBA, originaire du Territoire de Kabeya Kamwanga, Province du Kasaï Oriental), Cyrille Doé MUMPAPA (Territoire de Idiofa, Province du Kwilu, par les soins du Cabinet Georges KAPIAMBA KAPIAMBA, originaire du Territoire de Kabeya Kamwanga, Province du Kasaï Oriental), Gérard MULUMBA KONGOLO WA KONGOLO dit Gecoco (Territoire de Tshilenge, Province du Kasaï Oriental), Jacques MBUYI LUKASU (par les soins de Maître Francis KALOMBO NTAMBWA, originaire du Territoire de Ngandajika, Province de Lomami, dans l’ex-Kasaï Oriental), Francis KALOMBO NTAMBWA (Territoire de Ngandajika, Province de Lomami dans l’ex-Kasaï oriental), Jean-Claude KATENDE (Territoire de Tshilenge, Province du Kasai Oriental), Urbain KONGOLO NGOIE (Territoire de Kabinda, Province de Lomami, dans l’ex-Kasaï Oriental), Fortunat TSHIBANGU KASONGO (Territoire de Miabi, Province du Kasai Oriental), Vano KALEMBE KIBOKO (Territoire de Lubudi, Province du Lualaba, dans l’ex-Province du Katanga), Georges KAPIAMBA KAPIAMBA (Territoire de Kabeya Kamwanga, Province du Kasai Oriental).

De cette présentation des plaignants, note Mike Nkashama, du coup tout observateur, par l’insistance de «dans l’ex-Kasaï oriental» et «par les soins du cabinet», dégage la volonté manifeste de Kalev Mutondo et ses avocats d’orienter le dossier vers le tribalisme victimisant. Mais ce qu’ils ne disent pas, relève Mike Nkashama, est que, non seulement chacune de ses victimes de l’ancien espace kasaïen a connu son temps de calvaire à l’ANR séparément de l’autre, mais aussi que trois de douze plaignants cités sont d’autres provinces. Mais pour crédibiliser coûte que coûte  la thèse du tribalisme, on leur colle au dos les avocats du Kasaï oriental. Et curieusement, pour d’autres plaignants kasaïens dont les avocats ne sont pas Kasaïens, ces avocats ne sont pas cités.

Aussi, relève encore Mike Nkashama, même s’il est vrai que les Songye ont appartenu dans le temps dans l’ex-province du Kasaï oriental comme pour autant les Tetela, les Bakwa Mputu, les Kanyok et les Kuba, ils ne sont pas à assimilés aux Luba. Ce politologue le dit à haute voix : les Songye ne sont pas les Luba, ils n’ont pas une même langue. D’où, argumente-t-il, il n’y a pas tribalisme, en concluant : «C’est une manipulation amateuriste de l’opinion par Kalev et ses avocats. Tout se payant ici bas, s’il ne se sent pas coupable et estime avoir agi pour le compte et le bien de l’Etat, il n’a qu’à aller prouver son innocence devant le magistrat au lieu de se livrer à des jérémiades et vouloir discréditer d’avance la justice».  

De sources de l’ANR et d’autres de ses proches, Scooprdc.net apprend que Kalev Mutondo qui veut «kasaïniser» son dossier pour se victimiser, est lui-même un Kanyok, donc un Kasaïen de Mwene Ditu, mieux de Lwilu dans la province de la Lomami qui a tout simplement nié ses origines au bénéfice de celle Karund pour de raisons des avantages du boulot à l’entrée de l’AFDL et se faire adopter par Joseph Kabila comme un Katangais.  Mais il ne l’est pas du tout, confirment les sources du média en ligne qui citent feu journaliste Claude Kamanga Mutond comme son cousin.

Menaces qui n’ébranlent point la justice

Au sujet de la Justice qui reçoit des menaces et intimidations des proches et membres des tribus des politiciens ou mandataires ayant mailles avec elle, le quotidien Le Phare dans son article «Dossier Kalev : adieu la République» fait remarquer : «L’opinion enregistre, chaque fois qu’un animateur d’une institution de la République, un acteur politique, un mandataire public ou un activiste de la société civile est interpellé au niveau de la justice, pour des faits bien précis, une montée au créneau de sa mutualité tribale, de son association ethnique, des notables de son village, de la jeunesse de son secteur ou territoire, pour menacer de mettre le feu à la République, si les poursuites judiciaires n’étaient pas abandonnées contre lui, à l’étape de l’instruction préliminaire.

Tout se passe désormais comme si la République Démocratique du Congo fonctionnait avec une justice à deux vitesses, l’une pour les « intouchables », et l’autre pour les « faibles ». On a déjà entendu des discours aux relents xénophobes lors du procès de Vital Kamerhe, ancien Directeur de cabinet du Chef de l’Etat. C’était pareil lors du déguerpissement d’Emmanuel Shadary d’une maison de l’Etat qu’il s’était approprié illégalement. Cela s’est reproduit lors du procès du pasteur Daniel Ngoy Mulunda, coupable d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et d’incitation à la haine tribale et ethnique. Le tout dernier cas en cas est celui de Kalev Mutond, pour qui des organisations se réclamant du Haut-Katanga exigent le classement sans suite de son dossier judiciaire, faute de quoi ils pourraient se prendre en charge et mettre le pouvoir en place en difficulté.

L’on se demande, au vue des soutiens inconditionnels des partis ou regroupements politiques, des associations tribales ou ethniques à certains concitoyens, où va la République. Car, dans ce pays, chaque Congolaise et chaque Congolais appartient à un espace géopolitique et linguistique. Si un criminel, l’auteur d’un homicide involontaire, un détourneur des deniers publics, un violeur de femme, un corrupteur, un faussaire de documents, un tortionnaire…. ne peuvent plus être inquiétés par la justice, en raison de leurs origines tribales ou linguistiques, on devrait mettre une croix sur la République.

Ainsi, chacun pourrait rentrer vivre dans son village ou son territoire d’origine, dans la totale impunité et ne plus avoir de comptes à rendre à la communauté en cas de délit punissable par la loi. Si dans un Etat, tous les citoyens ne sont plus égaux devant la loi, adieu la République».

  • Bendélé Ekweya té

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