La journaliste de Radio Okapi/Goma, Gisèle Kaj, séjourne à Kinshasa depuis quelques jours. Elle n’est pas venue en congé ou pour une mission de service, mais elle a été contrainte de quitter le chef-lieu du Nord-Kivu à cause des menaces de mort persistantes qui pesaient sur elle. «J’avais publié sur mon compte Twitter un extrait du livre de Nicaise Kibel’Bel Oka sur le financement des ADF qui implique certains leaders de Beni et Butembo et qui travaillent avec l’ONG américaine GEC. Après ce sont des menaces de mort de la communauté Nande à mon endroit», relate Gisèle Kaj à Scooprdc.net.
Dans son journal «Les Coulisses», le cité Nicaise Kibel’Bel Oka écrit dans un article dénonciateur intitulé «GEC réussit son coup. La journaliste Gisèle Kaj exfiltrée de Goma» : «L’on comprend que Jason Steans, directeur du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et qui connaît les rouages de la MONUSCO a réussi son coup. En déversant sa haine sur la journaliste Gisèle Kaj, GEC a permis à tous les extrémistes de s’attaquer à notre consœur avec des messages d’injures, de haine et de menaces de mort. La MONUSCO, ne voulant pas revivre les cas de Serge Maheshe et Didace Namujimbo, a cru bon l’éloigner de Goma. Ce qui est une bonne chose. Mais elle a oublié que parmi ceux qui en veulent à la journaliste Kaj, il y a d’abord GEC qu’il faille dénoncer. Pourquoi garder silence ?»
Le journaliste-écrivain auteur du livre «Jihad en RDC. Exhortation, témoignages et vitalité des ADF/MTM» dénonce le fait que GEC et d’autres officines se soient partagé le monopole des enquêtes et rapports sur la RDC et qu’ils se soient faits «experts en tout» sur le Congo et n’acceptent pas qu’un Congolais, quelle que soit son expertise, ne mène des investigations sur son propre pays. «Au demeurant, ils se sont arrogé toute la vérité sur la nébuleuse ADF/MTM et sur les FARDC. Ils peuvent écrire n’importe quoi et n’acceptent pas la contradiction. Ils connaissent du bout de doigt de la main ceux qui tuent à Beni. Ils sont à la base de la confusion sur l’identité des tueurs de Beni», écrit Nicaise Kibel’Bel Oka en faisant savoir que son livre dont Gisèle Kaj a tiré quelques phrases, dégage avec preuves à l’appui, la vitalité de cette nébuleuse MTM avec des réseaux, des liens même au sein du système des Nations-unies. Ce qui rend, d’après lui, non seulement impossible sinon difficile, toute solution tendant à mettre fin aux massacres de populations, mais aussi qui pousse certains compatriotes, dans cette «colonisation» de l’esprit, de crier sur l’incapacité des FARDC à vaincre l’ennemi qui se sent revigoré dans cette guerre asymétrique avec sa version hybride : le business. Ce dont certains lobbies, d’après toujours Nicaise Kibel’Bel, se réjouissent tant ils tirent profit du désordre des êtres et des choses dans l’Est du Congo singulièrement dans le Grand Nord de la province du Nord-Kivu.
En ce qui concerne Gisèle Kaj menacée, Nicaise Kibel’Bel estime que la MONUSCO a cédé aux pressions et caprices de GEC sur cette journaliste. Or, argument-t-il, la journaliste Gisèle Kaj n’a usé que de son droit le plus imprescriptible que soutiennent les États au-dessus desquels les Nations-unies. «GEC combat la liberté d’expression au motif que les écrits du journaliste Kibel’Bel Oka portent atteinte à la réconciliation entre Congolais. Peut-on avoir réconciliation sans justice pour les victimes ? Que reproche-t-on à la courageuse journaliste Kaj ? Pourquoi tant de haine ? Pourquoi la menacer de mort et chercher même sa révocation de la Radio Okapi ? Gisèle Kaj a usé de son droit le plus légitime. Bien plus, la liberté d’expression n’aurait pas de sens si elle protégeait uniquement les déclarations qui font l’objet d’une acceptation générale (encore que sur le jihad islamiste en RDC toutes les preuves sont réunies). Le Secrétaire général des Nations-unies qui a reçu en cadeau un exemplaire de ce livre est convaincu du terrorisme islamiste des MTM tout comme les États-Unis comme l’a attesté leur ambassadeur. Les deux personnalités l’ont déclaré publiquement. Ce n’est pas à cause de Nicaise que notre consœur Gisèle Kaj est malmenée et soumise à la clandestinité. Gisèle Kaj est en clandestinité parce que certaines personnes refusent de reconnaître le terrorisme islamiste des MTM et se complaisent à ce que cette situation perdure. De la sorte, toute personne qui en parle est menacée dans son intégrité physique et morale. Il est regrettable que GEC tombe dans cette bassesse», écrit le journaliste-écrivain en appelant les organisations de la société civile, notamment Journaliste en danger (JED) et RSF/Afrique à hausser le ton contre GEC. «N’attendez pas que le pire arrive pour verser les larmes du crocodile. Cette fois-ci, le bourreau est bien connu, GEC et ses alliés», prévient-il.