Kananga : Le ‘’Capitole’’ de Luluabourg mérite réhabilitation pour devoir de mémoire !

La photo en illustration démontre un bâtiment en ruine tel un vestige de la Grèce antique. On croirait à une œuvre anthropologique alors qu’il y a près de 57 ans que ce bâtiment avait servi de cadre idéal pour les travaux de la rédaction de constitution dite de Luluabourg. Situé dans l’enceinte de l’athénée de Kamayi, entre l’Institut d’études sociales et l’Institut pédagogique de Kananga (IPKA),  son état actuel reflète l’image médiocre de ceux qui ont dirigé ce pays et donne grande matière de réflexion sur le profil de dirigeants congolais.  

Pour histoire, la première constitution du Congo-Belge fut élaborée en Belgique par le gouvernement belge à travers le ministre des colonies, assisté par six congolais. L’article 7 de cette loi fondamentale limitait à 6 le nombre de provinces : Léopoldville, Équateur, Province Orientale,  Kivu, Katanga et Kasaï. Mais avant même le 30 juin 1960, les Luba-lubilanji furent expulsés à Elisabethville (Lubumbashi) et à Luluabourg (Kananga). C’est alors qu’ils réclameront la modification de l’article 7 de la loi fondamentale pour leur permettre de revendiquer une province à eux.

Dans moins de trois mois seulement après l’accession du pays à l’indépendance, nombreux actes anti-constitutionnels s’étaient déroulés : les sécessions du Sud-Kasaï et du Katanga, les révocations réciproques de Lumumba et de Kasa-Vubu, la neutralisation des institutions politiques par le colonel Mobutu qui nomma un collège des commissaires généraux,…

Le principal problème à résoudre fut la division administrative du pays. D’où l’impératif d’une révision constitutionnelle s’imposait. Par l’ordonnance n° 28 du 2 novembre 1963, une commission constitutionnelle fut créée dans le but d’élaborer une nouvelle constitution. Comprenant 127 délégués, cette commission présidée par Joseph Ileo et Marcel Lihau siégea à Luluabourg dans ce que l’on pourrait appeler  »le Capitole de Luluabourg ». Le 11 avril 1964, elle adopta le texte de 204 articles qui devient le projet de constitution à soumettre au référendum populaire. Adoptée, la constitution de Luluabourg fut promulguée le 1er août 1964 par le chef de l’État Joseph Kasa-Vubu.

La honte

Le bâtiment ayant abrité les assises de l’élaboration par les Congolais eux-mêmes de leur toute première constitution, a vite était oublié par la suite. Il ne subira ni modification ni entretien malgré la valeur historique qu’il revêtait désormais. Après avoir servi noblement, il sera ensuite utilisé comme temple par l’Eglise évangélique des sacrificateurs avant d’être abandonné à son triste sort et de servir de refuge aux nuiteux et autres malfaiteurs.

Aujourd’hui, ce qui en reste peut agiter Joseph Ileo et Marcel Lihau dans leurs tombes. La question qui nous importe de poser est de savoir si c’est par irresponsabilité ou manque de culture de préservation des lieux historiques que le politique congolais  a agi depuis 1964 ? Toujours est-il que le même esprit conduit lentement mais sûrement à la disparition des châteaux présidentiels  de Kawele et de Bagdolite, du bateau Kamanyola, … C’est sans parler de la dent de Lumumba -unique relique du héros national-que  seule sa famille biologique est la seule à réclamer auprès de la Belgique.

Le souhait de plusieurs est que le président de la République Félix Tshisekedi qui a réhabilité la cité de la N’sele construite par le Maréchal Mobutu et où il habite maintenant quelques fois, est qui est en train de le faire également pour Mont-Ngaliema, puisse aussi penser au «Capitole de Luluabourg». L’histoire ne méritant pas la condamnation à mort, ce bâtiment réhabilité, pourra devenir un site touristique.   

  • Bendélé Ekweya té

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