Partant des députés nationaux Lambert Mende et André Tambwe, en passant par le philosophe François Ndjeka et bien d’autres notables et associations des jeunes sankurois au pays tout comme dans la diaspora, personne n’acclame la décision du ministre d’Etat sortant de l’EPST, Willy Bakonga, d’instituer le Lingala comme langue de formation au niveau de l’enseignement de base. Tous sont fâchés contre lui et le mettent en garde.
Si Lambert Mende parle de l’agression culturelle,rageux, André Tambwe pour sa part a vite lancé la campagne « Ne touche pas à notre identité, ne touche pas à notre langue» pour contrer cette décision de Willy Bakonga. Tandis que Dr Lambert Opula à Montréal au Québec (Canada) qualifie ce projet de Willy Bakonga d’anachronique.
«L’Otetela n’est pas un dialecte mais bien une langue. Une langue qui a fait l’objet de plusieurs études linguistiques depuis l’époque coloniale. De nombreux linguistes européens et africains ont étudié cette langue et plusieurs publications scientifiques sont disponibles. L’Otetela a été une langue d’enseignement dans le Sankuru dans les territoires où elle était la langue parlée principale. Dans le territoire de Lusambo par exemple le Tshiluba était la langue d’enseignement. Tandis que dans les territoires de Lubefu, de Katako-kombe, de Lodja, de Kole et de Lomela, c’est bien L’Otetela qui fut utilisée comme langue d’enseignement à l’époque et des ouvrages ont été imprimés dans cette langue. S’il est prouvé et démontré que l’enseignement de base doit se faire dans la langue maternelle, il est plus que normal que L’Otetela serve de véhicule de cet enseignement. Et moi qui écrit ici je suis le produit de cette expérience de l’utilisation de la langue maternelle comme langue d’enseignement», fait savoir le philosophe François Ndjeka à Willy Bakonga en estimant que son projet d’instituer le Lingala comme langue d’enseignement de base est comme un «suicide culturel».
François Ndjeka se dit prêt prêts à engager un débat scientifique avec quiconque trouve que qu’il n’a pas raison. Car, pour lui, il s’agit d’un problème existentiel qui touche aux racines même de l’existence du peuple Atetala en tant que groupement humain spécifique !
Recourant à l’histoire dont Willy Bakonga est spécialiste, François Ndjeka lui rappelle aussi que «confrontée au problème du pluralisme linguistique en ce qui concerne la langue d’enseignement à imposer dans la colonie, la colonisation belge avait pris l’option de prendre la langue locale comme langue d’enseignement au niveau fondamental. C’est ainsi que L’Otetela tout comme le Ngbandi, le Lomongo, le Kiyombe, etc ont été utilisées comme langue d’enseignement dans chaque contrée où ces langues étaient parlées. Des livres scolaires ont été imprimés dans ces langues et des enseignements véhiculés dans ces langues locales».
Et d’ajouter : «La langue est un mode d’expression par excellence d’une culture et la culture représente l’âme d’un peuple. Attenter à une langue, c’est attenter à l’âme du peuple locuteur de cette langue. Au Sénégal par exemple, l’expérience a montré les succès récoltés par l’enseignement en langue Wolof ou en Sérère-sine au niveau primaire. Et le Wolof n’est utilisé comme langue d’enseignement que dans l’aire géographique où le Wolof est parlé».
Somme toute, les Atetela demande à Willy Bakonga de s’imprégner de la politique linguistique de la République Démocratique du Congo portant sur le plurilinguisme propre à la RDC et la politique linguistique appliquée depuis l’époque coloniale à ce jour.