L’ancien président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Daniel Ngoy Mulunda, a été arrêté, ce lundi 18 janvier en sa résidence à Lubumbashi et acheminé à l’Agence Nationale de Renseignements (ANR). Les faits qui lui sont gravement reprochés sont liés à sa prédication du 16 janvier lors d’un culte dans son église, à l’occasion de la célébration du 20ème anniversaire de l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila, auquel Emmanuel Shadary et autres dignitaires de l’ancien régime ont pris part.
Dans cette prédication, le pasteur méthodiste Ngoy Mulunda a dit exactement ceci : «Maintenant, voici les choses que je demande aux autres là, s’ils ne veulent pas que le Katanga se coupe : la première chose, ils doivent respecter nos dirigeants et plus particulièrement notre leader Katangais, le président honoraire, le sénateur à vie Joseph Kabila Kabange (NDLR : applaudissements frénétiques de l’assistance). Vous devez arrêter avec les humiliations, vous bloquez ses effets et ce qui est grave, vous ouvrez les valises d’un ancien chef de l’Etat à l’aéroport et vous publiez ses biens sur les réseaux sociaux et vous pensez que nous, nous sommes contents, nous allons vous applaudir. Jamais ! Deuxième chose, de réglementer les chauffeurs des moto-taxis pour qu’ils respectent la loi et fassent leur travail de transport public. Si vous permettez tout, ce qui se passe avec les motards c’est incroyable ! Ils peuvent le faire à Canaan, ils peuvent le faire chez les phéniciens mais pas dans la terre de Tchombe (NDLR : rires moqueurs de l’assistance)».
Incarnant visiblement le séparatisme, le sécessionnisme, le tribalisme et la haine, «l’homme de Dieu» Daniel Ngoy Mulunda poursuit en faisant des remontrances à ses frères Katangais : «…Il n’y a pas longtemps, nous sous sommes combattus et divisés. Nous-mêmes nous avons été auteurs, nous Katangais de fragiliser le pouvoir que nous avions, nous nous sommes divisés et le pouvoir est parti, le pouvoir est parti. Nous avons été orgueilleux, imbus de nous-mêmes. Chers Katangais, si nous ne prenons pas conscience de qui nous sommes, de quoi nous possédons, nous ne valons jamais garder ces terres».
Et Daniel Mulunda de menacer les autres tribus, mais particulièrement les Kasaïens alors qu’ils sont aussi nombreux dans son église partout en RDC : « Je donne le message à tous les autres et aux dirigeants de ce pays, si vous voulez que le Katanga continue à être dans la RDC pour toujours et que nous puissions tous partager ce que vous manquez chez vous, le lait et le miel, je veux du haut de cette chair, devant mon Dieu vous dire, les choses qui vous fâchent et qui vont nous, Katangais, pousser à couper (NDLR : Katanga) que vous le vouliez ou pas ».
Quand on connaît le passé sulfureux et poussiéreux du pasteur dissident méthodiste qui a été à un moment ramasseur et collecteur des armes auprès des groupes armés et que beaucoup l’accusent d’avoir des accointances avec les miliciens séparatistes «Bakata Katanga», il y a de quoi s’inquiéter énormément. Ce qui fait que même les membres du FCC qui ont annoncé son arrestation, n’ont pas assez critiqué l’action des forces de sécurité.
Le très kabiliste «matoliste» Papy Tamba qui a la grande gueule, n’a appelé tout simplement qu’à la sagesse des autorités. «L’arrestation du Pasteur Ngoyi MULUNDA ; non seulement elle porte gravement atteinte à la liberté d’expression et aux droits de l’homme, mais elle démontre aussi une erreur d’appréciation de la situation que traverse notre pays. Je conseille la voie de la sagesse». Tacitement, Papy Tamba admet que le discours du kabiliste Daniel Mulunda était séparatiste, sécessionniste, tribaliste et haineux.
Devenu célèbre avec l’opération «armée contre vélo ou 100 USD» menée par son ONG «Programme œcuménique pour la paix» (PAREC), Daniel Ngoy Mulunda est fait président de la CENI par la volonté de Joseph Kabila en remplacement de l’abbé Apollinaire Malumalu qui venait de diriger la CEI. Décrié à cause des résultats des élections de 2011, il cède la place à son prédécesseur Apollinaire Malumalu. Avec Germain Kambinga et Joseph Bangakya, il crée Le Centre qui, au départ a été annoncé centriste, mais peu de temps seulement, a basculé au Front Commun pour le Congo de Joseph Kabila. Un aventurisme politique qui n’a duré que l’espace d’un matin d’autant plus que tous les membres du trio étaient politiquement sulfureux.
Détenteur de deux masters en théologie de l’université de Washington aux Etats-Unis, dont le 2ème en étude de paix et résolution des conflits, Ngoy Mulunda est âgé de 62 ans. Membre fondateur du PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie), il est originaire de la province du Katanga et proche de la famille Kabila, sociologiquement et idéologiquement.