S’il y a deux choses que le président de la République honoraire, Joseph Kabila, regrette dans sa vie, c’est d’avoir échoué de transformer en bien l’homme congolais, mais aussi d’avoir manqué 15 bons collaborateurs pour accomplir sa vision. En tout cas, c’est lui-même qui l’avait déclaré. Est-ce un aveu d’échec de sa gouvernance ? C’est une évidence !
Son successeur lui, déclare une guerre aux antivaleurs. Dans son dernier discours à la nation du 6 décembre dernier à l’issue des consultations avec toutes les couches de la société congolaise par lui initiées, Félix Tshisekedi a énuméré tous les maux qui rongent le pays et freinent son développement. Ainsi à l’occasion, il a décliné la responsabilité qui est sienne de relever le défi.
«Ce moment nous confère un devoir collectif ; celui du sursaut ! Un vrai sursaut démocratique, que nous devons porter partout sur notre territoire, pour anéantir les desseins des cyniques, pour réveiller les somnambules, et pour barrer le passage à celles et ceux qui portent la haine et la honte dans notre pays», a déclaré le président de la République avant d’exhorter : «Vous avez un rôle immense pour aider à corriger les excès du passé, et veiller à ce que nous ayons un Congo plus efficace, plus démocratique. Nous y œuvrerons ensemble. Aussi devons-nous cultiver chaque jour et à chaque instant le vivre ensemble sur des valeurs d’égalité de traitement entre les citoyens, d’équité et de solidarité dans le partage des richesses nationales, ainsi que de justice pour tous».
Pour Fatshi, ceci n’est pas seulement un discours, c’est un appel à la mobilisation générale face à la dégradation de la situation du pays, voulue et orchestrée par les fossoyeurs de la République, selon ses propres termes.
Bien que la tâche ne semble visiblement pas facile pour le président de la République animé de toute la bonne volonté de combattre les antivaleurs dans le chef du Congolais, étant donné que ce dernier devra complètement être formaté comme un disque dur d’un ordinateur pour une bonne reprogrammation, sa détermination peut noyer tout scepticisme chez ses pourfendeurs. Voilà pourquoi Félix Tshisekedi dans son allocation engage tous les congolais en utilisant le «nous», au lieu de «je». Le changement auquel fait allusion le chef de l’Etat congolais se veut collectif et porté par toute la communauté nationale.
Non sans raison, sa première action sur la justice pour un Etat de droit et la valorisation de l’Inspection Générale des Finances (IGF) comme son bras séculier de lutte contre la corruption et le détournement de fonds, donne des signaux positifs. Les mandataires publics qui étaient des vaches à lait de certains dignitaires de l’ancien régime et qui puisaient les yeux fermés dans les caisses des entreprises étatiques, ont tous mis les freins dans leurs bottes, craignant d’être jetés en prison. Les directeurs généraux de l’Office des Voiries et Drainages (OVD), du Fonds National d’Entretien Routier (FONER), de la Société Congolaise de Postes et Télécommunications (SCPT), l’ancien DG de la Société Commerciale de Transports et Ports (SCTP) méditent leur sort à Makala et ça fait peur aux autres.
Même si cette crainte conduit à la fermeture des robinets de coulage de recettes de l’Etat, pour les maximiser, reste à Fatshi de numériser tous les systèmes de perception des redevances, taxes et impôts dus à l’Etat effectuée par toutes les régies financières et administrations, en vue de la traçabilité facile de ce qui entre dans le Trésor public. Parce que comme le professeur Emmanuel Luzolo Bambi, ancien ministre de la justice et ancien conseiller spécial du président de la République honoraire Joseph Kabila l’avait claironné sans être écouté que la RDC perdait chaque année au moins 15 milliards USD à cause de coulage des recettes, le président Tshisekedi lui-même l’avait aussi reconnu dans son discours d’investiture en janvier 2019. D’où faudra-t-il pour lui d’agir vite pour booster le budget national qui fait cruellement défaut et empêche d’améliorer le social du Congolais, selon son credo : le peuple d’abord.
Ainsi, la justice devait aller jusqu’au bout de sa logique lorsqu’elle condamne quelqu’un pour détournement. Car il est inacceptable que les biens acquis par un condamné sur fond de détournement, devraient en toute logique être saisis ou mis sous séquestre pour réparation.
D’ailleurs, la déconfiture du Front Commun pour le Congo FCC) à l’Assemblée nationale, son allié qu’il accusait souvent de lui mettre des bâtons dans les roues et la défection de ses sociétaires pour l’Union sacrée de la nation, présage déjà un atout pour Fatshi de concrétiser sa vision.