Le vendredi 4 décembre dernier dans une publication sur sa page Facebook officielle, la filiale congolaise de la marque française Canal+ a publiquement soutenu la dépravation des mœurs en République Démocratique du Congo, en empruntant malencontreusement pour des raisons publicitaires le BUZZ sur les réseaux sociaux autour du phénomène « Sugar Daddy ».
Pour ceux qui ne le savent pas, le phénomène « Sugar Daddy » qui a fait rage sur les réseaux sociaux de Kinshasa la première semaine de décembre 2020, consiste à faire la présentation des couples composés d’un senior avec une jeune fille. Ces relations basées principalement par les échanges réguliers de sexe contre de l’argent, polluent la société congolaise en général et kinoise en particulier, dénonce Deo Vuadi, Expert en Communication stratégique et publique.
Pour lui, il est certes de coutume dans la pratique de la communication de s’accrocher au buzz comme canal pour faire passer un message de la marque avec une adaptation propice. Seulement, il faut savoir tenir compte de la «sensibilité» du buzz, d’où le côté stratégique de la communication institutionnelle ou les relations publiques que devrait normalement avoir toute entreprise de la taille de CANAL+ en RDC. Cette partie de la communication réfléchit sur les conséquences des actions de l’entreprise et propose des solutions adéquates en cas de mauvaise décision déployée.
«Pourquoi CANAL+ n’a pas fait une publication pareille sur les autres buzz du moment plus puissants que «Sugar Daddy» tel que «mbuma» ou encore «ingratitude» ? Pourquoi ne pas avoir rédigé un texte publicitaire avec, par exemple, l’expression : «EXPRIMEZ VOTRE GRATITUDE POUR CANAL PLUS ?» ou « CANAL+ AKOLIESA YO MBUMA ? ». C’est certainement parce qu’elle a tenu compte de la sensibilité politique de ces sujets. Ne devrait-elle pas faire montre de la même considération pour des thématiques sensibles pour la société ?
Pourquoi, selon Deo Vuadi, cette publication est indigne d’une enseigne internationale telle que Canal+ ?
1/ Au niveau moral : ça met implicitement les jeunes filles sur le fait de savoir que si le petit ami de ma génération n’est pas capable de m’offrir quelque chose que je dois me référer à un «Sugar Daddy». « La moralité est la justice en action » nous a légué Étienne Pivert de Senancour. Pourquoi un manque de moralité aussi flagrant de la part de Canal+ ? N’a-t-elle pas une charte sur la moralité ? L’entreprise est-t-elle influencée par le contenu de certaines chaînes qu’elle diffuse ?
2/ Au niveau conceptuel : L’intellectuel ghanéen James Emman Aggrey disait au début du 20ème siècle : «Éduquer un homme, c’est éduquer un individu. Éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation». Quand Canal+ pousse les jeunes filles congolaises à la prostitution, c’est détruire toute la nation congolaise. En plus, qu’une entreprise dirigée par une femme puisse vendre une image selon laquelle la femme doit impérativement dépendre de l’homme au point d’en combiner plusieurs s’il le faut. Pourquoi une pareille insulte aux femmes qui se battent pour gagner leurs vies honnêtement ?
3/ Au niveau communicationnel : Dominique Wolton dit « Dans la communication, le plus compliqué n’est ni le message, ni la technique, mais le récepteur ». .La communication stratégique doit toujours tenir compte de la pensée collective et des valeurs de la communauté dans laquelle elle est exécutée. Relier une marque telle que CANAL+ est une aberration dans le sens où le produit est lié à l’image de la prostitution et des antivaleurs. Stéphane Guibourgé dit « une société n’est vertébrée que par sa coutume » et, donc, il est important de parler à un peuple en fonction de sa coutume. Est-ce que Canal+ a écouté le peuple congolais dans sa communauté comme le propose Jean Abraham lorsqu’il dit « La communication consiste à comprendre celui qui écoute. »?
«Pourquoi une telle légèreté dans la communication institutionnelle de la marque Canal+ ? Comment peut-on se livrer autant à un spectacle de prostitution dans le marketing ? Pourquoi vouloir méthodiquement soutenir la prostitution en RDC en encourageant le phénomène « Sugar Daddy » ? N’ont-ils pas remarqué les potentielles conséquences de cette publication hasardeuse sur la population ?», autant de questions que se pose cet expert en communication stratégique et publique.
«Des influenceurs à la merci de la multinationale déployés comme des mouches sans espoir du lendemain et certains zélés ont voulu nous faire croire que s’opposer à cela n’était rien d’autre que de la dramatisation d’un fait social normal. Sérieusement ! Faire la promotion de la prostitution par une marque internationale est un fait social normal. Voilà en fait, le message que CANAL+ veut diffuser en République Démocratique du Congo», s’inquiète Deo Vuadi.
Face au refus de la marque Canal+ de retirer cette publication impropre à la consommation qui est en ligne, Deo Vuadi en appelle au Ministre de la Jeunesse et de la Nouvelle Citoyenneté, au Ministre de Genre et Famille, au Ministre de l’éducation et au CSAC afin d’intimer l’ordre à la multinationale jusqu’ici, estime-t-il, inconsciente de son geste de revenir au bon sentiment et de tenir compte de l’image que cela pourrait avoir la jeunesse congolaise.