La conférence-débat sur les violences conjugales, de l’amour au féminicide, a vécu samedi 28 novembre 2020 à Kinshasa à l’Hôtel Sultani. Organisée par l’ONG Mille Et Un Espoir, sous l’impulsion de la conseillère spéciale du chef de l’État en charge de la jeunesse et lutte contre les violences faites aux femmes, cette activité a servi de cadre pour sensibiliser les femmes et les jeunes filles sur les différentes formes des violences qu’elles subissent afin de stopper les féminicides. Elle coïncide avec la célébration des 16 jours d’activisme initiés par l’ONU en marge de la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, au cours desquels, les femmes de tous les pays organisent des activités de sensibilisation.
Au cours de ces assises, il était également question de fixer l’opinion et sensibiliser l’assemblée sur ce sujet sensible que certains considèrent comme tabou et que d’autres ont normalisé en laissant faire certains abus. A l’issu de ces pourparlers, les participants sont sortis avec une vision claire du féminicide.
Dans son mot de circonstance, là Présidente de MIES, Norah PINDI Caroline n’a pas caché sa colère face aux violences que subissent certaines femmes dans leurs foyers. «Je suis très en colère parce que mes sœurs se font battre, parfois jusqu’à ce que mort s’en suive, et cela par leurs conjoints. Ces femmes, maltraitées sans avoir droit à une aide à la hauteur des dommages qu’elles subissent. Ma colère, c’est pour crier avec toute mon énergie, que halte! Toutes ces choses doivent s’arrêter, toutes ces humiliations à l’égard de la femme doivent cesser immédiatement », a laissé entendre le numéro 1 de MIES. Il est donc inadmissible, soutient-elle, de laisser nos filles se faire tabasser, défigurer, mutilées jusqu’à se faire ôter la vie comme des vulgaires animaux. «La vie de nos filles, de nos mères, bref, de nos proches est précieuse ».
Pour Norah Pindi, le féminicide est un meurtre. Il doit être reconnu par loi comme une infraction en punissant les bourreaux, car, dit-elle, aucun être humain n’a le droit d’ôter la vie à son semblable. Selon l’office des Nations Unies, 50 000 femmes soit 58% ont été tuées par leur partenaire ou par un membre de la famille dont 30 000, soit 35% par leur précédent ou actuel partenaire sexuel. «C’est absolument intolérable », a-t-elle lâché, ne cachant pas son indignation. « nous ne pouvons plus jouer le rôle d’observateurs, chacun à son niveau doit s’engager, s’investir pour faire bouger les choses et redorer l’image souillée de la femme congolaise», a-t-elle laissé entendre.
Les Panels
Dans son exposé, Dr Jean Lumbala wa Lumbala, médecin-psychologue a parlé de l’impact psychologique des violences conjugales sur les victimes. Selon lui, il existe plusieurs formes des violences conjugales, notamment, les violences physiques, les violences verbales, les violences psychologiques, sexuelles et économiques. Il soutient que les violences conjugales restent longtemps du domaine de l’intime, cachés des regards extérieurs et les dépôts de pliantes sont peu fréquents. Ces violences répétées auront un impact de plus en plus important sur le psychisme de la victime, sur sa santé physique, mais également sur son environnement social et affectif. D’où, une prise en charge psychologique des victimes de violences conjugales est important.
A son tour, Bob Moussa, activiste féministe, cinéaste et écrivain sur les droits des femmes a axé son intervention sur comment se reconstruire après une relation toxique. «Par relation toxique, on entend par la toute relation qui vous freine . mieux vaut être seul que mal accompagné», affirme-t-il. Pour lui, la première chose à faire c’est d’abord accepter que l’on vit dans une relation toxique, accepter qu’on est une victime et savoir couper le lien avec les gens toxiques. Il faut aussi apprendre à s’aimer c’est-à-dire, apprendre à aimer la solitude et y trouver son bonheur. Il faut avoir une idée claire de ce qu’on veut dans la vie , de ce qu’on mérite et savoir ce qu’on apporte dans une relation.
Que dit la loi sur les violences conjugales ?
Mathy Yav, avocate et consultante en droit international de l’environnement, militante pour les droits de la femme, le développement durable, la promotion et la conservation de la biodiversité congolaise, s’est appesantie sur la législation pénale en rapport avec les violences conjugales. «Que dit la loi sur les feminicides ?».
Elle a souligné que plusieurs femmes continuent de subir de violences conjugales en Afrique et particulièrement en RDC. Dans notre pays , jusque-là aucune législation spécifique ne réprimande précisément les violences conjugales. La loi congolaise n’a pas encore définie spécifiquement les violences conjugales. C’est ainsi que l’on recours à la loi sur les violences sexuelles pour qualifier les faits dits violences conjugales. Elle cite, entre autres, la convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes formes de violences à l’égard des femmes (CEDEF) et le protocole de la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples sur les droits des femmes en Afrique.
C’est pourquoi, propose-t-elle, il faut activer les mécanismes en menant un plaidoyer fort et pousser le Parlement congolais à proposer une loi qui punit spécifiquement tout acte de violences conjugales.
Par ailleurs, pour mettre fin à toutes ces atrocités, Mille Et Un Espoir dans sa vision d’avoir un monde où toutes les femmes africaines en général et congolaises en particulier vivent en paix dans la dignité et où règne la justice sociale ainsi que le respect des droits des femmes, a mis en place un projet de «REFUGE DE L’ESPOIR». Elle lance ainsi un appel au soutien financier pour redonner le sourire et raviver la flamme de l’espoir chez la femme congolaise, victime des atrocités.