C’est un journaliste professionnel, disons mieux très professionnel qui l’a vu venir à Kinshasa dans les bagages du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD/Goma) dirigé par Azarias Ruberwa. Seulement, Moïse Musangana ne comprend pas le virement de son jeune frère Barnabé Wimania qu’il qualifie de quelqu’un d’équilibré, avec un discours objectif sur fond de rationalité, et soucieux de voir les choses changer absolument dans ce pays. Qu’est-ce qu’il est arrivé ? Probablement des ennuis financiers qui l’ont fait craqué. Ci-dessous son témoignage sur l’ancien chargé de communication de l’Agence Congolaise de Grands Travaux (ACGT) :
Barnabé m’a étonné. Je ne l’ai plus reconnu ces derniers temps avec un discours enflammé, soutenant mordicus Joseph Kabila et vouant aux gémonies Tshisekedi. C’est son droit de prendre position, bien entendu dans le respect des règles de bienséance. Sans fausse modestie, je peux me prévaloir d’avoir été l’un des professionnels des médias à lui avoir donné un espace médiatique à Kinshasa et contribué à son éclosion dans les médias de la capitale quand je dirigeais CKTV. Par moi, CCTV l’a aussi adopté. Ces deux médias de Bemba lui ont donné une visibilité à telle enseigne que beaucoup d’autres médias ont commencé à le solliciter. Et il est devenu presqu’une star. Il m’appelait vieux et n’a jamais cessé de me remercier. Il me consultait et moi aussi je le consultais.
Vous conviendrez avec moi que je ne pouvais passer sur une télévision de Bemba quelqu’un aux antipodes de la ligne éditoriale. C’était donc quelqu’un d’équilibré, avec un discours objectif sur fond de rationalité, et soucieux de voir les choses changer absolument dans ce pays. Quelque chose lui est arrivé certainement. Quoi exactement ? Difficile à dire. Mais est-il que Barnabé avait des problèmes financiers depuis un certain temps. Ils se sont empirés après les dernières élections ; son Bureau de lobbying et de communication ayant fait faillite. Pour raison de survie, il s’est allié à Samy Badibanga pour plus de punch à son regroupement politique, mais celui-ci n’a pu le prendre dans son cabinet au Sénat. Et sa situation financière, comme celle de nous tous, a été éprouvée davantage par le Covid-19. Un homme aussi vulnérable ne pouvait, sans dépassement de soi, qu’être à la merci de certaines forces obscures. Vous vous en doutez peut-être.
Comment ai-je fait la connaissance de Barnabe ? Nous nous sommes trouvés comme par hasard sur le plateau de la RTGA à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance de notre pays et j’aurais volé haut dans cette émission-là. Et Barnabé était plein d’admiration pour moi. Il m’a approché à la fin pour me dire que ma prestation confirme l’image qu’ils avaient de moi au RCD depuis Goma. Et qu’ils s’étaient dit à l’époque avec les Ruberwa que si jamais ils sont à Kinshasa, il fallait approcher les journalistes de mon acabit. Et effectivement, vice-président de la République, Ruberwa avait voulu, avant que je ne sois conseiller chez Bemba, me nommer conseiller principal en charge de communication dans son cabinet. Lui et moi savons pourquoi cela ne s’est pas réalisé. Il me l’a dit dans un avion quand l’on revenait d’une mission dans le Kivu où j’étais associé en tant que conseiller au ministère de la Solidarité et affaires humanitaires. C’est une parenthèse que je referme.
Au sortir donc de la RTGA, Barnabé m’avait demandé de l’aider à planter ses pénates dans les médias. Ce que j’ai fait avec plaisir parce que je le trouvais sympa, rationnel, intelligent et maîtrisant, dans une certaine proportion, la situation à l’Est. Comment ne pouvais-je pas le faire pour quelqu’un qui avait de l’estime pour moi et m’avait jeté autant de fleurs?
Sa radicalisation m’étonne. Mais entre-temps, beaucoup d’eau a coulé sous le pont et je ne sais à quelles sources il s’abreuvait où à quelle loge il a été « idéologisé ». C’est avec peine que j’ai appris son arrestation. Je pense qu’un esprit maléfique a agi en lui. Ce n’est pas lui que j’ai vu prester ces derniers jours. Juste le temps d’introspection, il faut revenir à toi.