« Mbongo oyo Eketebi aleyi, ekopesa moto mayi na miso », entendez : « l’argent que Eketebi a bouffé, peut faire pleurer quelqu’un », s’était écrié feu Maréchal Mobutu lorsque son ami d’enfance Eketebi, PDG de Air Zaïre, avait détourné l’argent destiné à l’achat d’un Boeing 747 neuf. Et comme sanction, Eketebi avait été relégué au village avec interdiction formelle de venir à Kinshasa. Jusqu’à sa mort, aucune fonction publique ne lui avait jamais été donnée par son ami d’enfance.
L’étonnement de feu Maréchal Mobutu est encore d’actualité aujourd’hui avec les prédateurs : « mbongo ya mboka Kabila aleyi na bato naye, ezopesa ba congolais mayi na miso », « l’argent du pays que Kabila et les siens ont bouffé, fait couler les larmes aux Congolais ».
Non sans raison, le récent rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) sur le Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo et sur la gestion de taxe de Go pass, le témoigne. En effet, pour Bukanga Lonzo, le Trésor public a sorti 285 millions USD. Seulement 80 millions ont été investis dans ce projet d’ailleurs qui a échoué et 205 millions sont allés dans les poches des individus.
Quant aux recettes de Go pass perçues par la Régie des Voies Aériennes (RVA) de 2015 à fin 2019, elles sont de 124 millions USD. De ce montant, 118 millions ont été comptabilisés, tandis que 6 millions n’ont pas été retracés.
Les révélations de l’IGF sur Bukanga Lonzo et sur le Go pass ne sont qu’un échantillon de plusieurs prédations que la RDC a connues sous le régime de Joseph Kabila et que les Congolais devront s’attendre à d’autres révélations plus graves. Curieusement, Joseph Kabila, surnommé depuis un certain temps « Roi Léopold II » à cause de son obstination manifeste d’avoir toujours une mainmise sur la RDC à l’instar de l’ancien monarque belge alors qu’il n’est plus au pouvoir, est étonnement vanté et adulé par ses partisans qui estiment qu’il a sacrifié sa jeunesse pour le Congo, pour le bien-être des Congolais qui lui doivent beaucoup ».
Seulement, avec les prédations dont il est épinglé comme champion et qui se résument en crimes économiques avérés, le Raïs est semblable à un restaurateur qui a préparé du riz mais y a ajouté du sable avant de le servir à ses sujets. Puisqu’ils ont eu grandement faim et ont mangé ce riz ensablé, doivent-ils le remercier ?