Tiré de Forum des As/José Nawej.
Réponse du berger à la bergère ? Ça en a tout l’air. En tout cas, cela y ressemble fortement. 24 heures après l’hymne au respect des textes entonné en chœur par le duo Mabunda-Thambwe à la cité de l’UA, c’était le tour des hauts magistrats de réciter leur credo. En chœur et par cœur aussi. Dans les mêmes circonstances de lieu.
Les ordonnances portant nomination au sein de la magistrature sont tout à fait régulières. Pas l’ombre d’illégalité, tranchent les hôtes du Président. 1 but partout entre les pouvoirs législatif et judiciaire. Une « égalisation » qui n’est pas pour déplaire au magistrat suprême. Lui qui n’a pu empêcher les Présidents de deux chambres d’ouvrir la marque dès la première journée. Le but des hauts magistrats survient à pic. A la veille de la rentrée judiciaire. Une rentrée sur laquelle va planer l’ombre des ordonnances présidentielles querellées.
Cette énième polémique aurait pu être jetée dans l’immense corbeille à bisbilles n’eut été son incidence sur la nécessaire collaboration entre institutions de la République. Le pays court, en effet, le risque d’un blocage institutionnel. Comment ignorer ou contourner le Parlement dans l’entrée en fonction des hauts magistrats ?
Bien plus, en régime semi-parlementaire, le Parlement est l’organe pivot par excellence du fonctionnement des institutions. Outre le Gouvernement dont la tutelle parlementaire est évidente, d’autres institutions ont besoin d’une manière ou d’une autre de la caution ou de l’implication -c’est selon- du Parlement pour carburer.
Imagine-t-on une prestation de serment des juges constitutionnels sans le Congrès ? Peut-on rêver d’un nouveau bureau de la CENI sans l’imprimatur de l’Assemblée nationale ? Peut-on espérer les réformes constitutionnelles sans l’engagement du pouvoir législatif ? Pas besoin d’avoir lu Maurice Duverger pour répondre à ces questions.
Après, on pourra dire tout le mal ou tout le bien que l’on pense de la majorité parlementaire d’avant-hier, d’hier et d’aujourd’hui. En somme, les mêmes philippiques, les mêmes critiques, en un mot le même procès depuis la législature 2006.
N’empêche, il n’y a pas un autre parlement. Shakespeare conseille d’embrasser ce que l’on ne peut éviter. En l’espèce, la logique de coalition impose que l’on tienne compte du principe de réalité. La RDC post-élections 2018 a le sien.