Depuis l’installation contestée du bourgmestre de Minembwe, entité érigée en commune rural par décret du premier ministre Matata Ponyo depuis 2013, l’affaire ne cesse de défrayer la chronique. Et si l’acte du ministre d’État à la décentralisation, Azarias Ruberwa a divisé la classe politique congolaise, il y a encore à redire. Ainsi, pour le député national Claudel Lubaya, après la tempête, les gens doivent rendre des comptes.
«Passé le temps de l’émotion, de la révolte et de la dénonciation, c’est maintenant le temps de la raison et de questionnement en toute sérénité. A première vue, le feuilleton Minembwe a le mérite d’être révélateur de la confusion délibérément entretenue par les forces coalisées (FCC-CACH) dans la conduite des affaires de l’État », a-t-il déclaré.
Selon cet ancien gouverneur de la province du Kasaï-Occidental, “nul ne peut imposer son agenda caché à l’Etat”. Dans une tribune publiée ce vendredi 9 octobre 2020, Claudel Lubaya a mis chacun des membres du Gouvernement face à ses responsabilités concernant ce feuilleton Minembwe et condamne leur silence coupable.
«Le premier ministre, signataire de l’ordre des missions qui a envoyé le Ministère et des hauts gradés des services à Minembwe, est resté complètement muet», mentionne-t-il.
Aussi, poursuit-il, le ministre de la décentralisation a affirmé à Minembwe, avoir agi au nom du Gouvernement et du Président de la République. L’installation des autorités de Minembwe s’est faite en présence du chef d’état-major général des FARDC, du commissaire général de la police et des hauts responsables des renseignements, contrairement aux usages en la matière dans la territoriale. Dans la même ligne droite, le ministre de l’intérieur, ajoute cet ancien gouverneur de la province du Kasaï-Occidental, n’a pas contesté la démarche de son collègue de la décentralisation. Il n’a dit mot.
«Au nom du gouvernement et dans des termes clairs, le porte-parole a défendu bec et ongles la régularité de l’installation d’une administration à Minembwe au point que ses explications, manifestement tirées des délibérations du conseil des ministres, ont amené certains compatriotes à soutenir, a justifier et relayer sans gêne l’imposture de Minembwe, en lui trouvant même une cohérence malgré tout contestable », s’indigne Claudel Lubaya.
Quand au Président de la République, l’élu national s’est réjouit du fait qu’il ait écouté la voix de la raison en désapprouvant l’acte posé par le ministre de la décentralisation, de même qu’il a réfuté la thèse défendue sur les médias par le porte-parole du Gouvernement. Il a également désavoué tout ceux qui, par déni de la réalité, ont soutenu publiquement ce grossier mensonge.
«En conséquence, le gouvernement a un devoir pressant de clarification pour fixer l’opinion sur les contours de ce qu’il convient d’appeler » feuilleton de Minembwe et pour lequel les gens doivent rendre des comptes », a-t-il recommandé. Et de renchérir : «l’opinion attend d’être informée de la mise en place effective de la commission scientifique annoncé par le Président de la République».