Dans une déclaration rendue publique, Mgr Sébastien-Joseph Muyengo Mulombe, Évêque du Diocèse d’Uvira dans la province du Sud-Kivu regrette la mutation officielle du village de Minembwe en commune ainsi que l’installation de ses animateurs. Pour lui, cet acte n’est pas de nature à faciliter la véritable paix dans les hauts Plateaux mais suscite au contraire beaucoup d’animosités sur l’étendue du diocèse et de la région et même de la province et du pays. Il en appelle ainsi à ses populations de base au calme et à renoncer à toute voie de la violence pour privilégier le dialogue.
«Alors que la plupart des communes rurales sont érigées au sein d’un Territoire, la nouvelle commune de Minembwe s’étend sur les trois territoires administratifs et zones pastorales, en intégrant une bonne partie de la Réserve naturelle d’Itombwe, à cheval sur Fizi et Mwenga et une bonne partie de la chefferie de Bavira, vers Bijombo, Kagogo, Kishembwe, etc. Sans oublier de signaler que la République compte 250 communes rurales, parmi lesquelles, à notre connaissance, seule celle de Minembwe pose problème, Dieu seul sait pourquoi!», a affirmé l’évêque du diocèse d’Uvira.
A en croire Mgr Sebastien-Joseph Muyengo, la commune de Minembwe est le dernier coup du maître après l’échec du pouvoir du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), d’obédience rwandaise à l’époque, de créer tout un territoire dans la province pour les Banyamulenge, identifiés comme de congolais d’origine rwandaise et d’ethnie Tutsi.
Dans cette déclaration, l’Evêque d’Uvira s’est questionné sur la responsabilité du chef de l’Etat face à cette affaire qui a créé l’indignation au sein de l’opinion publique ! «Que dit le Président de la République, monsieur Félix Antoine Tshisekedi, à ce sujet ? Va-t-il continuer à affirmer qu’il n’y en est pour rien dans cette situation parcequ’elle date d’avant son arrivée au pouvoir ? Plus que le programme de 100 jours, le problème de Minembwe constitue un test pour le chef de l’Etat : pour qui roule-t-il finalement ? Pour le Peuple d’abord, comme le jurait son père, ou pour ceux qui, comme on l’entend, l’ont placé au trône afin de se servir de lui pour en arriver là?», s’est-il interrogé.
Et d’ajouter : «lorsqu’on devient Président de la République, on prend en charge le destin du pays avec aussi bien son passé, son présent et son futur». l’Evêque d’Uvira craint que si le chef de l’Etat laisse faire le cas de Minembwe, le processus du démembrement du pays ou de la balkanisation soit amorcé avec sa complicité. Ce qui constituerait en droit constitutionnel une haute trahison.
S’adressant aux députés et sénateurs des territoires concernés, Mgr. Sebastien-Joseph s’est posé la question de savoir où étaient-ils lorsque les décisions étaient prises au Parlement, si jamais elles y étaient prises. Pour lui, les réseaux sociaux ne sont pas les voies par lesquelles ils doivent rebattre ces genres des questions qui ne relèvent pas de simples opinions personnelles mais il faut plutôt de véritables débats parlementaires qui peuvent aboutir à des votes de décisions.
«En tout cas, dans la persistance de la situation, seule leur démission prouvera qu’ils ne sont pas complices dans cette vaste trahison de notre pays et de son peuple. Mais que disent aussi les autres députés et sénateurs ? Ont-ils choisi de sacrifier l’intégrité du territoire en vue de sauvegarder leur pouvoir en montant dans le train des vainqueurs ?».
Dans une question adressée à l’ONU et son Conseil de sécurité, l’Evêque d’Uvira s’est interrogé en ces mots : «que pouvons-nous encore attendre espérer concernant la question de la paix véritable dans les hauts-plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira ? A moins de ne pas connaître les populations habitants ici, sont-ils convaincus que c’est cela la voie juste pour parvenir à une veritable paix dans cette partie du monde ?»
A la communauté Banyamulenge, l’Evêque d’Uvira n’a pas caché ses inquiétudes quant à la cohabitation avec les autres ethnies. «Comment allons-nous vivre désormais en nous regardant les yeux dans les yeux dans cet espace où déjà les conditions de paix et de convivialité n’étaient pas assurées?».
Eu égard à cette situation, il en appelle ainsi à la responsabilité des uns et des autres quant à ce qui peut surgir comme troubles, violences, voire guerres dans la région. A ses populations de base particulièrement, il lance un appel au calme et les invite à renoncer à toute voie de la violence afin de privilégier davantage celle du dialogue qui reste, selon lui, un processus toujours lent et difficile, mais dont les fruits sont la paix, le pardon et la réconciliation.