10 ans déjà depuis la publication du rapport Mapping qui a mis à nu des graves exactions commises en RDC de 1993 à 2003 où l’AFDL de Laurent Désiré Kabila aidée par les armées Ougandaises, Rwandaises et Burundaises attaquaient l’Est de l’ex.Zaïre, massacrant au passage des centaines de milliers de réfugiés hutu dans leurs camps. Dans cette folie meurtrière, Tingi Tingi dans le Maniema et la Ville de Kisangani en ont payé un lourd tribut.
Invité du journal sur Radio France Internationale (RFI), le Docteur Denis Mukwege malgré les menaces qui pèsent sur lui, n’est pas timoré. Ce dernier loue les efforts de l’actuel chef de l’État et se dit satisfait d’avoir à la tête de la RDC au moins un chef d’État qui a les mains propres par rapport à toutes les exactions commises au Congo. Il demande par ailleurs à la population d’encourager Félix Tshisekedi à ne pas fléchir devant la distribution de la justice.
Pour le prix Nobel de la paix 2018, il est hors de question pour lui de jouir de ce titre honorifique, dès lors que l’Est de la RDC demeure dans l’insécurité et qu’une justice transitionnelle pour tous les crimes commis au Congo resteront impunis. « Je dois être capable d’œuvrer pour la paix, sinon mon prix Nobel n’a aucun sens ».
Quant à ceux qui croient avoir un chèque en blanc sur les propos de Félix Tshisekedi de ne pas fouiner dans le passé, Denis Mukwege se félicite de l’attitude de la population Congolaise et de la communauté internationale qui se sont mis debout pour réclamer justice pour les crimes commis en RDC. Le médecin directeur de l’hôpital de Panzi affirme au micro de RFI qu’il faut commencer quelque part, malgré les obstacles et il faut l’engagement de la population quant à ce.
« Je pense que la création de chambres mixtes ne sont pas suffisantes. Il faut absolument la justice. Vous savez dans notre pays, c’est comme si pour accéder ou passer des échelons dans l’armée, il faut montrer qu’on est capable de tuer ces compatriotes. Ça, ça ne peut pas marcher! On ne devient pas général de l’armée puis qu’on a été en brousse, puisqu’on a tué, puisqu’on a violé ? Vous savez, nous n’allons pas inventer la roue en RDC. On sait très bien à quel point la justice transitionnelle a pu changer les choses dans plusieurs pays. 25 ans c’est trop. On a essayé de mettre tous les rapports dans les tiroirs en espérant que le temps va arranger les choses, le résultat est là, rien n’est arrangé, au contraire la situation est explosive à l’Est du Congo, et nous devons agir vite », conclut le prix Nobel congolais.
Il y a là matière à se gratter la tête pour tous ceux qui ont trempé dans divers crimes commis en RDC. Et en écoutant attentivement Denis Mukwege, l’on présume sans crainte d’être contredit que certains acteurs ou co-auteurs de ces exactions se trouveraient de deux côtés de frontières Rwando-congolaises, d’où le silence qui a entouré ce rapport Mapping depuis 10 ans.