Par Nzakomba
Comme si les glas sonnaient pour TRANSCO et tous ceux qui lui tournaient autour, le rapport de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) sur la gestion de cette société parvenu à scooprdc.net ce samedi 18 septembre vient éclabousser tous ceux qui ont de près ou de loin trempé dans ce que l’observatoire qualifie d’escroquerie d’État.
En effet, dans ces précédentes publications, scooprdc.net a eu à dénoncer la gestion très opaque de cette société, créée pour résorber la problématique de transport de masse dans cette grande agglomération qu’est Kinshasa. Lire les articles : «La saga Transco : un établissement public qui disparaît dans l’indifférence générale de l’Etat»; «TRANSCO : un canard boiteux aux salaires faramineux pour le Conseil d’administration !»; «L’affaire Prado de Transco : la réaction de la Direction Générale peu rassurante !»; «Transco prise en otage par Andrew-John Bongi Blackson et Rémy Kachoko : José Makila à la base»; «Kinshasa : un véhicule de TRANSCO détourné, le PCA indexé !».
Avec la publication du rapport de l’ODEP, il est plus que temps que le Gouvernement prenne ses responsabilités, car si les 18 ans passés de Joseph Kabila ont été caractérisés par l’impunité, le changement de régime incarné par Félix Tshisekedi doit se manifester par une gestion autre de la res publica, affirme le rapport. Car l’ODEP s’est intéressé dans son étude, essentiellement à la gestion des recettes, des subventions de l’État en carburant et lubrifiant tout comme celles liées à la rémunération des agents. Aussi l’utilisation des ressources.
D’entrée de jeu, le rapport indexe l’ancien premier ministre Matata Ponyo pour avoir approuvé dans la confusion totale, le marché d’acquisition des 500 bus Transco et d’avoir recruté la Régie Autonome de Transport Parisien (RTP) pour en assurer l’assistance. Deux marchés n’ayant pas respecté la procédure requise de la commande publique. Ensuite interviennent les deux ministres des transports qui se sont succédé entre 2013 et 2019. Justin Kalumba est chargé pour avoir acheté de bus en violation de la procédure des marchés publics et José Makila pour avoir ordonné un emprunt en décembre 2018 de l’ordre de 910.000$ auprès de la Rawbank, utilisés pour la campagne électorale en lieu et place de la relance de Transco.
De la subvention.
Quant aux différents comités de gestion, les uns comme les autres ont brillé par leur médiocrité, caractérisée par des procédures des marchés publics opaques, le clientélisme et le conflit d’intérêt. Avec 432 bus en 2016, il n’était plus que 415 en 2017. Malgré la diminution du nombre de bus, Transco a toujours bénéficié de 960.000 litres de carburant par an jusqu’à ce jour. En 2013 par exemple, le gouvernement a alloué mensuellement à Cobil 900.000 $, alors que la consommation de Transco n’était que de 300.000$. Entre novembre 2018 et février 2019, 617.136$ ont été décaissés à titres des arriérés de salaire, ce fonds n’est jamais arrivé à destination, affirme l’ODEP. Curieusement, moins il a d’engins, plus la consommation et du gasoil et de l’essence a augmenté.
Des recettes.
A en croire les différents rapports et déclarations de certains agents, Transco réalisait une moyenne de 24 millions $ par an pour 400 bus. Le rapport conclut que les chiffres déclarés par Transco ne sont ni crédibles, ni réalistes. Soit 940.008 $ pour l’année 2017. Dans cette magouille organisée,,mentionne le rapport, il y a le directeur administratif et financier, secondé par le trésorier et le chef comptable d’après les témoignages des agents et cadres. C’est ainsi que par exemple, en violation de toute procédure, le directeur administratif et financier y compris d’autres directeurs se sont dotés de coffre-fort pour gérer des fonds relatifs aux dépenses courantes qui varient entre 500.000 FC et 3.000.000FC.
Le rapport de l’ODEP revient sur d’autres cas de détournement dont scooprdc.net avait déjà fait écho et dénoncé en son temps. Cas de la transaction opérée le 13 août 2019 à agence Equity de huilerie où 35.000$ ont quitté le compte de Transco pour aller loger au coffre-fort de ce directeur administratif et financier. Des chèques signés en violation du manuel de procédure. Le tripatouillage des comptes de la société est devenu la règle au point que des mouvements des fonds de la société s’opèrent hors circuit bancaire. Tenez, le contrat avec l’agence de publicité CMCT TCG du reste sans respect de procédure de marché public rapporte 20.000$ par mois à TRANSCO, payable par voie bancaire selon le mémorandum d’entente entre les deux parties. Et pourtant, le directeur administratif et financier retire ce fonds directement auprès de l’agence de publicité chaque mois en espèce.
Des marchés publics et Créances
Le rapport de l’ODEP met à nu les violations flagrantes et intentionnelles du manuel de procédure de la société et de la loi sur la passation de marchés publics. Pire, les gestionnaires mettent à charge de Transco, des crédits imaginaires dans le but de saigner l’entreprise. En outre les 910.000$, il y a eu détournement de l’impôt sur le revenu professionnel et des cotisations sociales dues à la CNSS des mois d’août et novembre 2018 (environ 8,395 millions USD), en plus de décomptes finaux des agents qui sont partis de l’entreprise.
Ainsi donc, l’Observatoire recommande à la Cour des comptes de lancer un audit sérieux au sein de cette société pour déceler tous les cas de violation de loi concernant la gestion et passation des marchés publics intervenus avant l’arrivée des 450 nouveaux bus commandés par le gouvernement. Et que le parquet se saisisse de ce dossier pour l’ouverture d’une information judiciaire, où la gestion de cette entité devra faire l’objet. L’Etat de droit en a besoin!