(Tribune de Moïse Musangana, Journaliste et analyste politique)
On n’attend pas qu’on décrète une relève. On s’assume. Surtout quand l’on se sent de plus en plus outillé et responsable vis-à-vis de la société face une génération qui perd la pédale et dont le fonds de commerce se réduit à l’ancienneté dans une profession. Face donc à une crise infâme qui n’a aucun fondement professionnel et qui mine la corporation journalistique au travers du Comité directeur de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC), le Rassemblement des Journalistes pour l’émergence du Congo (RAJEC) est une conscience de la relève. Il se doit de descendre dans l’arène pour non seulement récriminer contre des dérives évidentes, mais aussi pour être acteur et participer activement à la rédaction de la nouvelle page de la presse congolaise. Ce ne sont pas des journalistes au rabais.
L’annonce de la tenue du 10ième Congrès de l’UNPC prévue à Muanda, dans le Kongo Central, a fait éclater au grand jour la guerre des tranchées que se mènent sans merci les membres du Comité directeur de l’UNION. Depuis deux à trois, une partie de ce Comité tombée en dissidence contre le Président Joseph-Boucar Kasonga Tshilunde, ne jure que par sa tête. Des reproches aussi sensés que fantaisistes sont formulés à son endroit au point que, complaisamment, la Commission de discipline en est arrivée à sa radiation sans qu’il lui soit donné l’occasion propice de s’exprimer ou de donner un son de cloche à lui afin d’éclairer la religion de tous. Des plaintes au parquet, le recours à la médiation des anciens responsables de la corporation, l’arbitrage des ministres ayant en charge la Communication et les médias,….se sont terminés en eau de boudin. Comme pour dire que quand la forme est biaisée, le fond est corrompu.
Devant ce statu quo qui donne lieu au glissement du mandat de Joseph-Boucar Kasonga Tshilunde arrivé à échéance en 2018, le Congrès de Muanda s’avérait être un cadre élargi et indiqué, loin des brouhahas de la capitale, pour passer au peigne fin la vie de l’UNION, formuler des critiques objectives et prescrire la thérapeutique de choc afin non seulement de l’inscrire dans l’air du temps, mais aussi de lui doter des ressources nécessaires et d’autres atouts pour s’amarrer au train de l’évolution qui part à grande vitesse pour mettre ses membres au diapason du nouveau monde informationnel qui a brisé toutes les frontières et dans lequel la concurrence est farouche et impitoyable. Mais, c’était sans compter avec les pêcheurs en eaux troubles qui, par le biais de leur griot en la personne du Prof Malembe, n’ont ménagé aucun effort pour jeter le discrédit sur la corporation et embarrasser la Distinguée Première Dame Denise Nyakeru qui a fait montre de la sollicitude et de la bienveillance pour permettre la tenue dudit Congrès.
En effet, cela fait deux ans que le mandat du Comité Kasonga Tshilunde est arrivé à échéance sans que l’UNION soit en mesure, faute de moyens, de convoquer un congrès pour le renouvellement de son staff dirigeant. La grandeur d’âme de la Distinguée Première Dame était donc une aubaine pour une corporation dont les membres ne se soucient pour le moins du monde à générer des ressources pour son fonctionnement. C’est toutefois absurde de se liguer pour empêcher la tenue du Congrès alors qu’il n’y a pas une autre voie pour se débarrasser de l’actuel Président soutenu inconditionnellement lors du Congrès de 2014 par ses détracteurs d’aujourd’hui qui s’étaient investis de toutes leurs forces pour verrouiller le jeu électoral. Et tant qu’ils vont se prêter à ce jeu, Kasonga Tshilunde, qui a droit de se représenter aux prochaines joutes électorales, va bénéficier du glissement de son ancien mandat.
Le RAJEC veut rompre avec le cercle vicieux
Devant cette impasse, un sentiment de révolte a traversé l’esprit de la génération montante réunie au sein du RAJEC. Composée des jeunes gens dynamiques qui se veulent responsables et qui entendent prendre leur destinée en mains, cette génération n’entend point se laisser intimider et faire la part belle à une gérontocratie incarnée par un patriarche déboussolé et dont le zèle a enterré la légende. Ce ne sont pas des «Angwalima», qualificatif dont le Prof Malembe les a affublés, faisant allusion ainsi à un voleur téméraire qui a marqué une certaine époque le Congo. Ils n’ont pas volé leur qualité de journaliste. Ils sont diplômés des écoles de journalisme et des universités. Certains ont eu comme enseignants, notamment le Prof Malembe. Ils envahissent tous les médias : écrits, audiovisuels et numériques, et la prestation de la plupart d’entre eux est admirable.
Bien qu’on est jamais arrivé, les membres du RAJEC sont à encourager. Ils doivent réaliser davantage la place des médias dans le devenir de la RDC. Vecteurs possibles de la vérité et de la transparence, les médias sont un des matériaux indispensables à la construction d’un Etat de droit et démocratique. Leur responsabilité est lourde en ce que s’ils reflètent avec vérité et transparence les processus politiques, les acteurs politiques ne pourront pas facilement tromper le peuple et un climat de confiance peut se créer. Par contre, s’ils occultent, trompent, diffament, les politiques pourront faire pareil et jamais la confiance en un Etat de droit ne sera instaurée. Troisième Président américain Thomas Jefferson écrivit en 1787 : «S’il me revenait d’avoir à choisir entre un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n’hésiterais pas un instant à opter pour la seconde solution». Dans cette optique, le Président Félix Antoine Tshisekedi a inscrit la promotion de la presse et son érection en véritable quatrième pouvoir parmi les propriétés de son programme politique.
Le pays attend donc beaucoup de la presse et non des querelles byzantines en son sein. D’ailleurs, ce sont des problèmes d’humeur et d’intérêts mesquins de certains individus, à la limite «ménopausés», qui n’apportent rien à la profession qui sont à la base de cette crise infâme qui frappe la corporation et la présente sous une image hideuse à l’opinion. Pourtant, à l’instar du Président américain Kennedy, notre profession de foi aurait été : «Nous de la presse, ne nous demandons pas ce que l’UNPC peut faire pour nous, mais demandons-nous ce que nous pouvons faire pour notre Association». Combien cotisent à l’UNION ? Les frondeurs sont-ils en ordre ? Combien créent des activités qui puissent générer des ressources pour l’UNION ? Toute honte bue, le patriarche Malembe ne se gêne pas pour clamer qu’il se trouve un membre du Comité Directeur incapable de payer son loyer depuis 6 mois ! Et il qualifie d’«Angwalima» et de tribalistes ceux qui voient les choses sous d’autres prismes.
A toute chose malheur est bon, le Prof Malembe est tombé de son piédestal. Il a effacé sa légende. Maintenant, il est connu que l’ISTI, dont il se prévaut paradoxalement «fondateur» n’est même pas son initiative. Il y avait à l’origine le patenté chantre et mobilisateur du MPR Dominique Sakombi Inongo qui a joué pour que l’Ecole de journalisme attachée autrefois à l’Université de Lubumbashi soit transférée à Kinshasa. Mais cela ne veut pas dire que l’on méconnaît le savoir du Prof Malembe. Il a enseigné depuis des années la presse, mais il n’en est pas pionnier. C’est en 1966 qu’il fait son incursion remarquable avec l’avènement de la télévision au Congo. Il en fut le premier rédacteur en chef. C’est lui qui présenta le premier journal télévisé, même si certains de ses contemporains soutiennent le contraire.
Allons au Congrès pour dissiper le nuage noir qui obscurcit notre corporation. Et le RAJEC doit en être le fer de lance. Il ne doit pas être spectateur, mais plutôt acteur. Il doit manifester ses ambitions à tous les niveaux. Les frondeurs, dont l’éclat sur le plan professionnel est plus que pâli, doivent être aussi là.