RDC : Périodicité et élasticité des phases électorales !

(Tribune de Jean Chrysostome Vahamwiti Mukesyayira. Député Honoraire et Master en Planification Électorale et Économiste de développement).

La RDC est en train de boucler son troisième cycle électoral depuis la fin du dialogue intercongolais de Sun City de 2002. L’opportunité est fort grande pour en comprendre certains méandres et en tirer quelques leçons pour les prochains cycles électoraux.

Parmi les aspects qui ont attiré notre curiosité, les phases électorales des trois cycles électoraux allant de 2003 à 2020 dans leur périodicité et élasticité. En effet, il est indispensable, sur base de cette expérience de repérer parmi les huit phases du cycle Électoral laquelle peut être cause du retard ou du blocage des élections au vu de son coût opérationnel ou de sa durée.

Dans la présente réflexion, c’est la phase de l’enregistrement des électeurs qui nous intéresse vu qu’elle est très déterminante pour ouvrir la voix aux scrutins. Mise en parallèle dans les trois cycles électoraux, la phase d’enregistrement des électeurs se présente comme suit :

1) cycle électoral de 2003- 2007:

– durée: 226 jours soit 7,5 mois , du 20/6/2005 au 22/2/2096

–  électeurs inscrits : 25 712 552

2) cycle électoral  2007- 2013 :

– durée : 420 jours soit 14 mois , du 19/5/2010 au 15/7/2011 ;

– électeurs inscrits : 32 024 640;

3) cycle électoral 2013- 2020:

– durée : 549 jours soit 18 mois , du 31/7/2016 au 31/1/2018 ;

– électeurs inscrits : 40 024 897;

La période d’enregistrement des électeurs est passée successivement de 7,5 mois , 14 mois et 18 mois dans les trois derniers cycles électoraux .

Pour le cycle qui commence et qui culminera aux élections de 2023 , combien de temps prendra l’enregistrement des électeurs ? La durée de 18 mois, celle du cycle Électoral qui s’achève, peut servir de référence.

Cependant, à ces 18 mois qui représentent exactement la période opérationnelle sur terrain, il faut ajouter le temps de la planification de l’enregistrement des électeurs, de la mobilisation des moyens , du déploiement de la logistique et du traitement des données collectées.

Ces activités auxiliaires en amont et en aval à l’enregistrement des électeurs peuvent consommer six mois, 4 mois avant et deux mois après.

A ce temps de crise financière post-convid 19, la mobilisation des moyens financiers peut prendre plus de temps que dans le passé. Ce qui ramène l’enregistrement des électeurs à 24 mois équivalant à 2 ans, soit 2021 et 2022 si l’on veut tenir l’obligation légale d’organiser les élections en 2023.

Pour éviter toute confusion dans le fichier électoral pour les élections de 2023 , il faut organiser une transition de passage du fichier électoral CENI à un fichier électoral extrait du registre de l’état civil qui est plus global . Si cela est fait dans la précipitation ou dans un combat des marchés publics entre différentes institutions publiques, il y a un grand risque d’ une cacophonie.

En cas de pareille cacophonie, qui serait responsable d’un fichier électoral corrompu que la CENI aurait reçu d’une autre institution ? La prudence conseillerait que le premier registre de l’état civil, expérimental, ne serve pas de base pour le fichier électoral de 2023. Cette transition irait jusqu’aux élections de 2028, le temps que l’institution chargée de l’identification des citoyens s’installe et traverse sa phase d’essais erreurs.

Si tel est l’entendement des parties prenantes au processus électoral, l’ONIP (Office National d’Identification de la Population) lancerait le travail d’identification de la population suivant un rythme normal sans pression liée aux élections de 2023.

Cette option présente aussi un avantage politique colossal, celui d’éloigner les appréhensions populaires que l’identification de la population vise à retarder les élections. On a frais dans nos mémoires le soulèvement populaire que cela a causé en 2015 et 2016.

Enfin, le Parlement qui sera en session budgétaire dès ce 15 septembre 2020, devra voter un budget pour la révision ou l’établissement du fichier électoral pour rassurer le peuple congolais que son droit de renouveler ses dirigeants tous les cinq ans sera respecté.

Faut-il le souligner, le quatrième cycle électoral depuis la reprise de la pratique électorale en RDC est considéré comme le cycle de consolidation de la démocratie.

En conclusion, dans ces temps d’après Covid-19, l’élasticité de la phase d’enrôlement des électeurs pourrait s’allonger davantage suite à une faible mise à disposition des ressources financières à la CENI.  Ce qui appelle à la Planification en temps nécessaire des activités électorales du cycle électoral qui commence. Le Parlement est appelé à en tenir compte dans le vote du budget 2021.

  • Bendélé Ekweya té

À ne pas rater

À la une