Reprise de cultes en RDC : voici la lettre pastorale du Président National de l’ECC

A l’occasion de la reprise des cultes à la suite de la levée de l’état d’urgence due à la pandémie de Covid-19, le révérend André Bokundoa écrit :

«Bien-aimés dans le Seigneur,

Que la grâce et la paix vous soient multipliées du trône de grâce de Dieu le Père et de Jésus-Christ notre Seigneur.

Lorsque nous terminions le culte du 15 mars 2020, nous nous sommes séparés avec les frères et sœurs en espérance de se revoir une semaine après. Personne alors ne pouvait s’imaginer que le prochain culte allait avoir lieu cinq mois après. Et la raison, c’est la pandémie de la Covid-19 qui a sérieusement secoué l’humanité, qui d’ailleurs continue d’en payer un très lourd tribut.

Cinq mois après, nous voici de nouveau autorisés à reprendre les activités et nous ne pouvons que rendre des multiples actions de grâce à notre Créateur pour :

  1. Avoir épargné notre pays de l’hécatombe prédite vu la vétusté de notre système sanitaire. Certes, il y a eu des morts, mais contrairement aux prévisions, nous avons toutes les raisons du monde de crier haut et fort :« Oui, le Seigneur nous a secourus. Il a été pour nous un refuge, une haute retraite. Que son nom soit à jamais glorifié ».
  2. Avoir renforcé notre dépendance à son égard depuis l’apparition de cette pandémie. Je suis témoin de la manière dont vous vous êtes tournés vers le Seigneur au travers de culte personnel, de culte en famille et surtout l’intercession en faveur du pays et de la Planète selon le programme de la prière de midi qui passe sur notre Radio ECC depuis le 1er Avril dernier.

Je suis fier de voir comment vous avez répondu à notre appel à ce programme d’intercession chaque jour de 12h à 13h.

Et c’est ici pour moi l’occasion de remercier vivement tous ceux et toutes celles qui se sont donnés corps et âmes pour que cette action réussisse. Daigne le Seigneur se souvenir favorablement de vous.

  1. Avoir décidé dans sa souveraineté la mort des milliers des membres de nos familles, nos frères et sœurs dans la foi, nos amis et connaissances car en toutes circonstances, Il veut que nous lui rendions des actions de grâce. Et en mémoire des disparus, je nous demande de garder un moment de silence (…). Merci.
  2. Avoir rendu possible la reprise des activités cultuelles nous permettant ainsi de redire : « Comme il est doux et agréable pour des frères et des sœurs de demeurer ensemble» (Psaume 133,1) ou « Je suis dans la joie quand on me dit : allons à la maison du Seigneur » (Psaume 122,1).

Bien-aimés dans le Seigneur,

S’il est vrai que nous pouvons de nouveau vaquer à nos occupations y compris les cultes, il est aussi vrai que la pandémie n’est pas finie et nous devons apprendre à vivre avec.

C’est pourquoi, je lance un vibrant appel à plus de responsabilité dans notre vivre ensemble afin de barrer la route à la propagation de cette maladie.

Protégeons-nous et protégeons les autres car Dieu, l’auteur de la vie nous interdit de nous suicider et d’ôter la vie de nos semblables. Mobilisons-nous pour barrer la route à cette pandémie.

Les efforts à fournir contre la Covid-19 (le port de masque, la distanciation physique, le contrôle de la température, etc) ne sont pas inhumains. Bien au contraire, ils sont salutaires et à la portée de tout le monde : enfants, jeunes, adultes et vieux.

Ne tentons pas Dieu en passant outre ces gestes barrières qui d’ailleurs ne contredisent aucunement sa volonté.

Bien-aimés dans le Seigneur,

L’intrusion brusque et dévastatrice de la Covid-19 a mis chacun de nous, nos familles, notre pays et l’Eglise dans une situation de crise multisectorielle et multidimensionnelle comparable à ce que Hanani a qualifié de « comble de malheur et de l’opprobre » (Néhémie 1, 3).

Devons-nous rester dans cette désolation et pleurer sur notre sort? N’est-ce pas que le génie d’un peuple réside dans sa capacité de trouver des solutions aux problèmes auxquels il est confronté que de s’apitoyer sur son sort ou chercher à trouver un bouc émissaire ? Le Prophète Jérémie dit : « Est-ce que l’on tombe sans se relever? Ou se détourne-t-on sans revenir»? (Jérémie 8,4).

Peuple de Dieu,

En ma qualité de Prophète de cette Nation, je déclare que l’heure est arrivée où tous et toutes devons dire à la suite des habitants de Jérusalem qui vivaient dans l’opprobre : «Levons-nous et bâtissons» (Néhémie 2,18).

L’heure est au bilan de nos vies, de nos familles, de notre pays et de l’Eglise du Seigneur. L’heure est à l’inventivité d’un nouveau mode de vie à tous les niveaux.

Chacun et chacune de nous doit tirer les conséquences de ces cinq mois d’inactivités. Tous nous devons trouver des solutions aux problèmes existentiels de la vie humaine.

La Covid-19 nous a appris que nous ne sommes pas maîtres ni de nos vies, moins encore du cours de l’histoire de l’humanité. Nous retenons que tout ce qui fondait notre raison d’existence et auquel nous nous attachions et attachions beaucoup d’importance (travail, voyage, biens matériels, etc) est éphémère.

Par contre, la Covid-19 nous a imposé la valeur de la première institution divine qu’est la famille.

Alors que chacun pouvait justifier son manque de temps envers les siens (mari envers sa femme et vice-versa, les parents envers les enfants et vice-versa, les enfants entre eux), bon gré mal gré, nous venons de passer cinq mois en famille. J’espère que nous en sortons très unis et que nous allons faire perdurer cette unité. La Covid-19 doit être considérée par nous tous comme un signal déclencheur de notre retour et de notre recours à l’Eternel, notre Créateur, devant qui nous rendrons compte de ce que nous aurons fait de la vie qu’Il nous a donnée lors de notre pèlerinage sur terre.

Par le prophète Amos nous apprenons que les calamités du genre famine, sécheresse, guerre, maladie sont des voies utilisées par Dieu pour nous ramener à Lui (Amos 4,6-12).

Si vous vous étiez rapprochés de Dieu pour une quelconque raison pendant cette dure période, je vous supplie de ne pas vous dédire maintenant que les activités ont repris. Au contraire, la grâce que le Seigneur nous a faite d’être comptés parmi les vivants doit nous pousser à lui demeurer fidèles.

Bien-aimés dans le Seigneur,

Le relèvement de la ruine causée par la Covid-19 traduit par ce mot d’ordre « Levons-nous et bâtissons » exige :

  1. L’amour : Celui de Dieu, de soi-même, du prochain et de la Patrie. La Bible déclare : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée…Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22, 37 et 39).

« Que chacun de vous, au lieu de considérer ses intérêts, considère aussi ceux des autres» (Philippiens 2,4).

Cet amour doit nous pousser à éviter l’égoïsme, la recherche de nos propres intérêts au détriment des autres, mais ceux de tout le monde.

L’amour nous amène à la solidarité des uns et des autres.

C’est cet amour sans hypocrisie qui doit conduire chacun et chacune à rechercher son propre bonheur, celui de nos familles, nos paroisses et de notre pays afin d’en faire le principal sujet de notre joie.

  1. L’unité : Pour nous reconstruire, nous sommes appelés à parler un même langage, regarder dans la même direction, marcher d’un même pas, fédérer nos efforts en comptant les uns sur les autres. C’est ici pour moi l’occasion de condamner avec la dernière énergie l’esprit de haine, de division, de tribalisme, d’exclusion, de dénigrement des uns par les autres et ce, à tous les niveaux. Si nous nous levons comme un seul homme, rien alors ne pourra nous résister, Covid-19 soit-elle.
  2. Le sacrifice : A l’instar de Jésus-Christ qui a donné sa vie pour nous, à l’instar du corps médical qui, au péril de sa vie, combat la Covid-19, à l’instar de nos vaillants militaires des FARDC qui donnent leurs vies pour la défense de notre territoire national, à   l’instar des policiers qui veillent sur notre sécurité et celle de nos biens ; nous aussi continuons à nous sacrifier, comme déjà nous le faisons, pour les autres (famille, Eglise, pays).

Nous sommes ainsi appelés à nous oublier, à nous passer de nos aises pour voler au secours des autres.

Le sacrifice doit nous conduire au martyre par amour pour notre Seigneur, nous-mêmes, notre famille et notre pays. Retenons que la reconstruction tous azimuts dans laquelle nous nous engageons, ne nous attirera pas toujours des applaudissements. Dans notre quête de la reconstruction de notre vivre ensemble, nous serons combattus comme Néhémie par des Sanballat, Tobija et Guerschom au prix de nos vies.

Jésus-Christ nous a avertis par sa déclaration : « Vous aurez des tribulations dans le monde» (Jean 16,33) et Paul d’ajouter : « …c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu» (Actes 14,22).

Ne baissons donc pas la garde, moins encore ne nous décourageons point. Rappelons-nous de ce cantique : « Si l’ennemi fait rage, soyez fermes et forts, redoublez de courage s’il redouble d’effort », mais aussi de l’adage qui dit : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».

Bien-aimés dans le Seigneur,

Avec la reprise des activités cultuelles, qu’il me soit permis de rafraichir notre mémoire collective, afin d’une mise en pratique responsable, de la quadruple mission poursuivie par l’Eglise du Christ au Congo à savoir :

  1. La Mission évangélisatrice qui consiste à répondre à l’ordre donné par le Seigneur Jésus-Christ lui-même et d’y obéir : « Allez, faites de toutes les nations mes disciples, les baptisant au nom du Père, Fils et Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 19-20).
  2. La Mission éducationnelle assure l’éducation du peuple de Dieu par une éducation chrétienne et la croissance de l’Eglise par le témoignage de notre foi et de notre unité au Congo et dans le monde.

L’Eglise assure la formation des cadres à tous les niveaux. L’Eglise professe l’amour de Dieu, du prochain, de soi, du pays et de la nature.

  1. La Mission diaconale qui recherche le bien-être matériel de l’homme par la réalisation des œuvres religieuses et philanthropiques (œuvres médicales, sociales, environnementales) et le développement intégral de l’homme.
  2. La Mission prophétique qui oblige l’Eglise à dénoncer ce qui dégrade et avilit la personne humaine créée à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Elle encourage les actions positives dans la société tout en condamnant également les injustices. Elle est aussi une incitation positive, une inspiration et une invitation à l’innovation.

Comme vous le voyez, pour bien remplir sa mission prophétique, l’Eglise du Christ au Congo ne peut pas être au milieu du village selon la volonté des hommes. Elle est et se forcera toujours d’être du côté de la vérité contre le mensonge, du côté de l’opprimé contre l’oppresseur, du côté de la justice contre l’injustice afin que nous menions une existence paisible.

Nous sommes conscients que depuis les temps bibliques, aucune mission réellement prophétique ne s’accomplit sans ennuis, sans incompréhensions et sans tribulations. Mais Jésus-Christ ne nous a-t-il pas averti quand il dit : « Vous aurez des tribulations mais prenez courage car j’ai vaincu le monde »? (Jean 16 :33).

Peuple du Seigneur,

Levons-nous avec courage pour affronter la vie en comptant sur Dieu. Faisons de Lui les délices de nos vies afin qu’Il nous accorde ce que nos cœurs désirent.

Ma prière est que l’Eternel, non seulement restitue à chacun et chacune, à nos familles, à nos églises, à notre pays tout ce qui a été dévoré par la Covid-19, mais qu’il le multiplie au centuple.

Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo,

Que l’Eternel bénisse l’Eglise du Christ au Congo,

Que le Seigneur nous soit favorable et nous bénisse tous.

Je vous remercie.

Rév. Dr André BOKUNDOA-bo-Likabe

Président National.

  • Bendélé Ekweya té

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