Dérapage judiciaire : Dans une lettre ouverte à Fatshi, Mme Lokadi démasque et déplume les «mafieux» et «intrigants» Francis Lusakweno, Garry Mabongo Katembo et Boyau  !

Par Agnelo Agnade.

C’est une épouse très révoltée après l’interpellation de son mari et sa mise en détention pendant deux jours dans le cachot de l’Inspection de la Police des Parquets, qui écrit au président de la République Félix Tshisekedi en 11 pages de lettre ouverte pour, dit-elle, dénoncer une vaste mafia de corruption sur fond de banditisme et d’escroquerie de son cabinet  ainsi que des membres de sa structure de lutte contre la corruption.

«Mon époux a été arrêté par ce groupe qui opère entre votre cabinet et le Palais de justice. Ces gens se terrent dans un local derrière le Palais de Justice, sous les marches de son esplanade. Ils sont identifiés au Parquet de la Gombe, comme étant ‘’la bande de Luzolo Bambi’’ ou encore ‘’les supers inspecteurs’’. Ils utiliseraient des éléments de la police jadis commis à la sécurité du Conseiller Luzolo Bambi pour procéder à des arrestations musclées, arbitraires et illégales. Tout le monde le sait et personne n’agit», dénonce Mme Lokadi dont l’époux a été interpellé le 3 août dernier, détenu puis relâché le 5 août et à qui la Police des parquets exigeait la traçabilité de 100 millions USD de Mutanda Mining payés comme avance sur impôt en 2015 (lire l’article de scooprdc.net : «Dossier 100 millions USD de Mutanda Mining : la justice tâtonne !»).

La dame ne va pas par quatre chemins pour citer des noms qu’elle qualifie des bourreaux de son mari : Francis Lusakweno, Mambongo Katembo Garry et Boyau sous l’instigation de Marcellin Bilomba, conseiller financier de Félix Tshisekedi. Leur mode opératoire habituel, décrit Mme Lokadi, consiste à monter des faux dossiers, d’arrêter les personnalités ciblées, de publier des fausses informations dans les médias en mettant en exergue des montants exorbitants supposés détournés pour manipuler l’opinion publique, ensuite neutraliser les autorités judiciaires en prétendant que c’est un dossier du Président de la République lui-même, pour finalement réclamer à leurs victimes le paiement d’une somme d’argent pour être relâchées.

«Ces gens ont acquis un statut de ‘’rebelles’’, œuvrant au gré de vagues des potins mondains, flirtant avec la sacro Justice qui refuse l’influence politique pour garder son indépendance mais accepte d’être violée par des intrigants qui la tiennent par la bourse…Ces électrons libres se considèrent comme personnel de la Présidence de la République, rodent autour du Palais de Justice et entretiennent une confusion sur leur statut réel. C’est ce groupe qui, actif dans les médias, son lieu naturel de travail, méprise sa hiérarchie naturelle. Son unique terrain de chasse : les Régies financières et les grandes entreprises», écrit Mme Lokadi à Fatshi pour, martèle-t-elle, rompre cette Omerta des autorités judiciaires et de la sécurité intérieure qui acceptent qu’un groupe de gens opère autour du palais de justice au nom de la Présidence de la République sans les renvoyer au Palais de la Nation, les bureaux de Fatshi situés à deux minutes à pieds du Palais de Justice.

L’épouse de l’ancien DG de la DGI révèle qu’après avoir mis son mari au cachot, Garry Mambongo Katembo lui a réclamé 10 mille USD pour obtenir la relaxation de son tendre époux. «Mon mari n’a rien à prouver à la Présidence de la République, c’est à la supposée bande de Luzolo plus précisément monsieur Lusakweno de prouver, qu’au-delà de tout doute raisonnable, la responsabilité personnelle d’un Directeur Général des Impôts, qui n’est plus en fonction, du fait des actes posés dans l’exercice de ses fonctions, il y a 4 ans, liés à ses attributions en rapport avec l’accomplissement de missions régaliennes de l’Etat, dévolues à une administration fiscale sont sortis de leur cadre», défend-elle son mari en retraçant l’historique du prêt de Mutanda Mining au Gouvernement congolais sous forme d’avance sur l’impôt.

«Un protocole d’accord avait été signé à l’occasion et qui explique, en Français simple, que ces sommes seront traitées comme des avances au Trésor à valoir sur les impôts à venir au lieu d’un remboursement. En quoi la DGI est-elle concernée ? En quoi monsieur Lokadi de surcroît est-il concerné ?», dédouane-t-elle son mari en demandant à Fatshi : qui va réparer les torts causés à sa famille ? Qui va expliquer à une opinion publique qui ne connaît pas les procédures fiscales et financières que c’est un mensonge cousu de fil blanc destiné à extorquer de l’argent à un ancien DG ?

Et d’enchaîner : «Quelle est donc cette justice où on arrête d’abord, on publie dans les médias et ensuite on commence les enquêtes avant de constituer le dossier d’instruction ? L’arrestation de mon époux n’est qu’un acte de vengeance. Si on doit parler de coulage des recettes, c’est au robinet qu’il faille chercher, les dépenses, et non dans le tuyau qui remonte les recettes. Je suis révoltée et profondément déçue. J’ai passé deux jours et deux nuits debout au Parquet à surveiller mon époux, guettant le moindre signe de malaise, appelant les médecins de partout pour obtenir des conseils sur les premiers gestes à poser en cas de problème. Peut-on imaginer l’angoisse d’une femme dont le mari sort d’une opération délicate et qui souffre des tassements des vertèbres, à force de rester assis au bureau, à chercher les recettes pour l’Etat. Est-ce là sa récompense pour avoir servi fidèlement l’Etat ?».

Mme Lokadi ne se gêne pas de vanter son mari à haute voix : «Mon mari n’est pas un envieux, un cupide ou un m’as-tu vu. Un détourneur ne laisse pas dans la caisse de la DGI, à son successeur, près de 7.000.000 de dollars comme fonds de secours, économisés pendant son mandat pour parer à tout imprévu. S’il a commis une faute qui engage sa responsabilité personnelle qu’il soit traduit devant une juridiction compétente et non devant un parquet obscur qui se prétend de la Présidence», avant de réclamation réparation des préjudices subis par sa famille.

Attendant de Fatshi des décisions, un soutien sans ambiguïté, plein et entier pour la cause juste de son mari qu’elle défend, Mme Lokadi promet de se battre pour son homme jusqu’à la dernière énergie pour que son honneur bafoué lui soit rendu. «Mon courrier est le seul moyen, en guise d’alternative dont je dispose, pour commencer cette entreprise de réhabilitation», écrit-elle à Fatshi.

  • Bendélé Ekweya té

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