Par Owandi.
La société Trafigo, sous-traitante de la Direction Générale des Douanes et Assises (DGDA) au poste frontalier de Kasumbalesa dans la province du Haut-Katanga, est l’objet des accusations allant du contrat léonin, au coulage des recettes de l’Etat au profit d’une poignée d’individus de l’ancien régime. Les détracteurs de cette société, se servant des données du Guichet unique de la RDC disponibles sur son site, estiment qu’elle a été créée en février 2019 et aurait gagné le marché de gestion du poste douanier de Kasumbalesa avant son existence légale (lire l’article de Scooprdc.net : «Coulage des recettes de l’Etat à Kasumbalesa : la société Trafigo sur le banc des accusés» publié mardi 4 août dernier).
Faux et archifaux, rétorque Trafigo dans une mise au point parvenue au média en ligne ce jeudi 6 août où, non seulement elle confond ses pourfendeurs sur la date de sa création, mais aussi sur les conditions de l’obtention de son marché auprès de la DGDA. «Nul n’est prophète chez lui», confie un proche de la DG de Trafigo au regard de la maximisation accrue des recettes à Kasumbalesa grâce à cette société créée par une congolaise.
Et d’ajouter : «ce sont les chiffres que nous avons produit dans peu de temps à Kasumbalesa grâce au système numérique de traçabilité que nous avons instauré, qui donnent des vertiges et mettent mal à l’aise les prédateurs de l’économie congolaise qui avaient fait de Kasumbalesa leur champ privé», avant de clarifier que cette société existe depuis 2014 sous le régime de Registre de commerce (RC), mais par conformité au code OHADA, l’enregistrement au Registre de Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) a été fait en octobre 2018 et tout a été finalisé en février 2019 comme l’indique le site de Guichet Unique de la RDC (www.guichetunique.cd). «Mais cela ne signifie pas que la société a été créée à cette date. Nous l’avons connu aussi connu dans le domaine foncier où tous les détenteurs des livrets parcellaires ont été obligés de migrer vers les certificats d’enregistrement. Cela ne signifie pas qu’ils ont acquis ces parcelles récemment», explique-t-il.
Quant à l’obtention du marché de la gestion du poste douanier de Kasumbalesa, l’interlocuteur de Scooprdc.net relate que la DG de Trafigo avait présenté son projet de gestion informatisé dénommé «Phoenix» au niveau du COMESA qui a ébloui les membres de cette structure sous-régionale. Mais celle-ci a recommandé que madame Raway Kayitesi Magali commence l’expérimentation dans son propre pays, la RDC.
«Nous avons dans la première étape de notre sous-traitance avec la DGDA commencer à gérer seulement la carte d’entrée et de sortie en 2016. C’est la performance accrue grâce à notre système informatisé dans la maximisation des recettes, soit 700% par rapport au passé, qui a fait que notre gestion s’étende sur d’autres aspects. Rien d’illégal, pas de coulage des recettes parce qu’avec l’automatisation du système de perception, les données sont directement envoyées à la DGDA et leur traçabilité est très facile à suivre même à la maison sur les téléphones des responsables de la douane».
Origine du marché
La position géostratégique de la RDC, située à cheval entre l’Afrique centrale et l’Afrique australe, et entourée de 9 pays limitrophes, lui confère un rôle naturel de carrefour des échanges commerciaux transfrontaliers. Cette position revêt toute son importance au regard de l’activité minière soutenue qui se développe dans la région du Copperbelt, ainsi que de ses corollaires que sont la création des emplois, la construction des infrastructures routières, la consolidation de la sécurité de la chaîne logistique dans le corridor WALVIS BAY tant pour la SADC que pour le COMESA.
Cependant, le poste frontalier de Kasumbalesa (PFK) constituait un goulot d’étranglement qui ralentissait les échanges commerciaux entre notre pays et l’Afrique australe suite à la faible capacité du parking à l’import (250 camions) et à l’export (150 camions), l’étroitesse et l’état de délabrement avancé des différents accès d’entrée et de sortie du PFK, du côté RDC.
A ces difficultés s’ajoutaient la faible capacité d’accueil du parking unique du côté zambien, servant à la fois à l’import et à l’export, l’usage d’une seule voie d’accès au parking ne permettant qu’un seul mouvement de véhicules à la fois (entrée ou sortie), le délai de franchise de 48 heures accordé aux transporteurs pour séjourner dans les installations douanières frontalières.
Il est à noter que bon nombre de ces difficultés avaient été héritées de l’ancien concessionnaire juif qui bénéficiait d’un contrat conclu avec l’ancien gouverneur de province du Katanga, Moïse Katumbi, ne prévoyant aucune rétrocession dans les caisses de l’Etat.
Après la rupture du contrat de ce concessionnaire et la remise et reprise entre les autorités de la province du Haut-Katanga et celles de la DGDA, cette dernière confia la gestion du parking à son partenaire Trafigo Sarl, tenant compte des performances déjà réalisées dans le cadre de l’optimisation de la collecte des recettes de la carte d’entrée et de sortie. La DGDA s’est par la même occasion conformé aux dispositions légales et réglementaires qui confèrent la gestion des frontières au gouvernement central à travers son organe technique qu’elle représente.
Dans ce cadre, Trafigo Sarl a développé et mis en œuvre en moins d’une année, un dispositif de gestion constitué d’un logiciel performant de traçabilité et de récolte des différentes taxes et redevances annexes imposées aux usagers, de procédures transparentes intégrées au système bancaire ainsi que d’une politique de gestion axée sur l’éthique et la formation des ressources humaines.
La plateforme ainsi mise en place contribue à la lutte contre la fraude dans la mesure où tous les passages sont tracés et les différentes données stockées dans une base de données que la DGDA peut exploiter à sa guise.
Des réalisations et des chiffres qui déragent les pourfendeurs de Trafigo
La canalisation des recettes de l’Etat a rendu possible le niveau de mobilisation des ressources requis pour répondre aux défis non seulement de notre frontière mais de toute l’Afrique australe en vue de rendre possible la facilitation des échanges transfrontaliers.
Les recettes du parking ont été ainsi majorées de plus de 100% et celles de la carte d’entrée et sortie de 700% et, pour les autres partenaires notamment, la province du Haut-Katanga, les recettes du pré-péage ont été majorées de 900% et, le PNHF pour lequel, les recettes relatifs à la taxe de désinfection, dératisation et désinsectisation des véhicules routiers transfrontaliers, « DDVR » ont été majorées de 10.000%.
Trafigo SARL, nouveau concessionnaire de la DGDA pouvait encore mieux faire mais, comme nous l’avons épinglé ci-haut, l’état des infrastructures héritées de l’ancien concessionnaire notamment, les parkings et ses voies d’accès ainsi que les bâtiments, empêchait tout effort supplémentaire. A cela, il faille ajouter les multiples plaintes des usagers, les miniers en particulier.
Mettant ainsi l’accent sur l’importance d’avoir au plus vite un parking moderne et des infrastructures répondant aux normes, Trafigo SARL à travers son courrier n°Réf TFS/DG/KN/010/18 du 16 juillet 2018, obtiendra de la DGDA après avis du Ministre ayant les finances en charge, l’accord pour réaménager le poste frontalier et le rendre capable de répondre à la forte demande d’évacuation minière à l’export ainsi qu’à celle des entrées des produits de transformation et autres à l’import.
Trafigo SARL, maître d’ouvrage délégué a également obtenu le financement de ce réaménagement auprès des banques et assure un suivi intense et journalier des travaux avec 80% de réalisation à ce jour ; le paiement des entrepreneurs ainsi que le remboursement du prêt de la banque à jour et ce, malgré les périodes tumultueuses pré et post électorales que vient de traverser notre pays.
A ce jour, plusieurs réalisations peuvent ainsi être mises à l’actif de ce solide partenariat DGDA-TRAFIGO Sarl, notamment :
– L’augmentation de la capacité d’accueil des parkings (1.200 camions à l’import contre 250 à l’époque et 500 contre 150 à l’export pour une évacuation de 2.000 camions par jour) répondant ainsi aux attentes présentes et futures ;
– L’augmentation du circuit des voies d’évacuation et leur réhabilitation ;
– L’amélioration du dispositif sécuritaire : acquisition de 2 camions anti-incendie, d’une dépanneuse, d’une ambulance, de caméras de surveillance et d’un room control à accès limité ;
– La mise en place du premier portique électronique d’Afrique centrale composé d’antennes RFID (poste de capture d’information Radar) et de lecteurs à distance des plaques pour le contrôle instantané du flux, avec une vitesse de lecture de 6 secondes par plaque ;
– Création d’un marché sous douane qui permettra à la population locale de s’approvisionner en produits de première nécessité du côté congolais évitant la fuite des devises vers la Zambie et permettre ainsi à la douane d’éradiquer la contrebande (phénomène bilanga) ;
– L’arrimage électronique pour la gestion optimisée des files par ordre de priorité des entrées et des sorties (panneau d’affichage disponible) pour une meilleure prise en charge et l’exécution rapide des procédures requises pour la traversée de la frontière ;
– La construction des bureaux modernes de la douane et de tous les services de l’ordre opérationnel adaptés aux standards internationaux, de sanitaires, de restaurants, etc.
«Tout ceci n’est ni un rêve, moins encore une utopie mais, un ensemble de réalisations concrètes finalisées à hauteur de 75% en moins d’une année de collaboration», fait remarquer le proche de madame Raway Kayitesi Magali qui signale que les travaux de réaménagement du Poste Frontalier de Kasumbalesa qui est le site pilote, entrent dans la vision de modernisation de tous les postes frontaliers de notre pays en vue d’assurer la fluidité des marchandises et d’améliorer la cotation du pays dans le doing Business.
Au regard de ces résultats, l’extension de ce projet dans tous les postes frontaliers de la RDC contribuerait encore d’avantage à l’accroissement de la performance de la DGDA dans la mobilisation des recettes. «Voilà ce qui dérange les réfractaires à la maximisation des recettes douanières qui s’en prennent ainsi à Trafigo qui n’est qu’une structure expérimentée dans le recueil des données de passages et leur traitement grâce à des systèmes électroniques et un matériel optimum sécurisé pour réaliser le paiement et gérer leur passage à distance; Un passage intelligent sous un portique électronique;Une base des données préalablement enregistrée dans une application intelligente; Un ticket électronique 2D», conclut l’interlocuteur de scooprdc.net.