Par Innocent Olenga.
Les agents de la Congolaise des Voies Maritimes (CVM) ne décolèrent pas, ils veulent en finir complètement avec la firme belge Dredging International (DI) avec qui leur société a signé en 2014 un partenariat Public-privé (lire l’article de scooprdc.net : «Partenariat CVM – DI : contrat léonin à résilier). Ils ont, à travers leur délégation syndicale, saisi par correspondance le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba pour qu’il décante cette situation.
«La masse laborieuse de la Congolaise des Voies Maritimes, relayée par sa Délégation syndicale, prend la respectueuse liberté de saisir votre haute autorité aux fins de vous mettre au parfum du ras-le-bol sur le comportement, on ne peut plus véreux et provocateur de la firme belge Dredging International à l’endroit du patrimoine de l’Etat congolais qu’est la CVM S.A», peut-on lire dans cette correspondance avec ampliation au président de la république et à d’autres autorités et responsables étatiques à des niveaux différents.
Dans leur mémo, les agents de la CVM font savoir au premier ministre que les trois objectifs essentiels poursuivis dans ce partenariat peinent sérieusement à s’accomplir, notamment la constitution des provisions pour l’achat d’une nouvelle drague en faveur de la CVM et le renforcement des capacités du personnel technique. Cependant, dénoncent-ils, la DI s’est focalisée seulement sur le dragage pour lequel elle a déjà empoché, selon eux, 40 millions d’euros générés par la Redevance de Navigation Additionnelle (RDNA) instituée par le gouvernement congolais et payée par les armateurs qui exploitent le bief maritime du fleuve Congo.
Comparant la RDNA au Fonds National d’Entretien Routier (FONER), les syndicalistes de la CVM rappellent au premier ministre que «le bief maritime est un attribut régalien dont l’entretien et l’aménagement ne peuvent pas être confiés à un opérateur privé», et trouvent très anormal qu’une taxe de l’Etat (NDLR : la RDNA) soit gérée par un privé. C’est là que certains syndicalistes n’hésitent pas de soupçonner le gouvernement Matata d’avoir organisé une mafia à travers ce partenariat.
En effet, d’après la comptabilité de la CVM, la RDNA génère annuellement au moins 10 millions d’euros de facturation et au moins 7 millions d’euros de recouvrement. Mais cet argent n’a aucune clé de répartition pour les trois objectifs assignés dans le contrat (dragage, acquisition d’une nouvelle drague et formation du personnel). Mais 98% sont consommés par la DI qui prétend avoir préfinancé ses cinq campagnes de dragage effectuées.
Pire, le compte qui loge la RDNA se trouve à une banque en Belgique et souvent la DI bloque le mécanisme de décaissement contrairement aux dispositions du contrat. C’est le cas actuellement où elle conditionne la signature des ordres des paiements (OP) par l’entrée interdite au pays de sa drague par les agents de la CVM. Ces derniers ne cessent de manifester dans le Kongo central, notamment à Boma, pour réclamer le départ de la DI.
«A l’heure actuelle, la présence de la drague Orwell à Banana ne se justifie nullement mais fâche plus d’un agent de la CVM car elle perturbe la paix chèrement acquise», s’insurgent les syndicalistes qui font remarquer que la venue d’une drague dans les eaux du fleuve Congo est sujette à des préalables (l’expression du besoin par la Direction d’exploitation de la CVM ; la commande écrite de la Direction Générale pour les travaux complémentaires de dragage à effectuer ; la signature du contrat BIMCO pour l’affrètement de la drague par les deux parties CVM-DI) . Mais rien de cela n’a pas été fait.
Dans une note technique faite au premier ministre, la Direction générale de la CVM qui s’oppose à l’achat forcé de la drague Orwell déjà amortie et vétuste que lui impose la DI, informe Sylvestre Ilunga Ilunkamba qu’avec la RDNA gérée localement, la CVM est capable de se procurer à court terme une drague d’occasion (7 millions USD) et à moyen terme une drague neuve (35 millions USD). Et pour ce faire, le Fonds de Promotion de l’Industrie (FPI) est prêt à accorder un financement à la CVM, affirme madame Christine Tusse Daumbo, la directrice générale de la CVM. Par la même note technique, elle sollicite l’implication du premier ministre pour la DI rembourse la créance de 5 millions d’euros lui prêtés par le gouvernement congolais pour sa première campagne de dragage. Dossier à suivre !