Partenariat CVM – DI : un contrat léonin à résilier !

Par Innocent Olenga.

La Congolaise des Voies Maritimes est perdante sur toute la ligne. C’est le moindre que l’on puisse dire de son contrat de partenariat conclu avec Dredging International (DI) en 2014. C’était sous le gouvernement Matata avec comme ministre des Transports et voies de communication, Justin Kalumba Muana Ngongo. Ce contrat signé dans le cadre de partenariat Public-Privé (PPP) n’est nullement bénéfique ni avantageux à la CVM.

Non sans raison, les documents dont dispose Scooprdc.net le confirment. Notez, comme alternative provisoire au renouvellement des dragues vétustes et obsolètes de la CVM, lesquelles ne permettaient plus d’offrir des calaisons satisfaisantes pour la sécurité de navigation, recours a été fait à la firme belge Dredging International, sans appel d’offre en violation de la loi sur la passation des marchés publics, et contrat était signé pour 10 ans, soit jusqu’en 2024.

Ce contrat visait trois objectifs à financer grâce à la perception de la Redevance de Navigation Additionnelle (RDNA) instituée par le Gouvernement et payée par les armateurs qui exploitent le bief maritime du fleuve Congo. Primo, la CVM était chargée d’exécuter le dragage de base, c’est-à-dire l’entretien permanent et de maintien des profondeurs et que la DI s’occupait du dragage complémentaire, autrement dit le dragage intensif d’approfondissement durant les périodes critiques du bief maritime du fleuve Congo en vue d’obtenir une calaison de 26 pieds. Secundo, la DI devrait acquérir une drague pour la CVM et tertio, la DI devrait se charger du renforcement des capacités du personnel.

Mais depuis six ans de son existence, la CVM ne voit que de la fumée, dénoncent les syndicalistes. «Imaginez que les seuls coûts des travaux complémentaires exécutés par la DI et par elle facturés, ont consommé 98% des recettes de la RDNA», révèlent-ils. En effet, font savoir les syndicalistes, pour cinq campagnes de dragage complémentaire exécutées par la DI, elle a facturé près de 36,8 millions USD alors qu’une drague neuve coûte 35 millions USD et que celle d’occasion comme celle qu’utilise DI prise en location, est négociable à 7 millions USD.

«Comment peut-on parler d’un partenariat public-privé quand c’est nous qui apportons tout le financement du contrat via la RDNA ? Il s’agit ni plus ni moins d’un contrat de sous-traitance dont on ne peut pas accorder la gestion totale de cette taxe (Ndlr : RDNA) à DI que nous considérons nous, maître d’ouvrage, comme sous-traitante car n’apportant aucun sous. Le gouvernement congolais a même préfinancé la première campagne à hauteur de 5 millions USD qui ne lui ont jamais été remboursés alors que l’échéance était de six mois. Pire, le compte destiné à collecter la RDNA dénommé Escow CVM-DI est logé à la banque KBC en Belgique et les mouvements de sorties des fonds se font sans l’implication totale et véritable des dirigeants de la CVM. C’est une mafia organisée par le gouvernement Matata», révèlent les syndicalistes.

Ce derniers font remarquer que la provision pour l’acquisition de la drague et d’autres équipements et matériels de travail, objectifs essentiels pour la CVM n’a pas été constituée, et à ce rythme, craignent-ils, il sera quasi impossible à la DI d’acquérir une drague pour la CVM comme convenu dans ce contrat PPP. Aussi, le renforcement des capacités qui prévoyait la formation de 42 jeunes techniciens en 10 ans, court le risque de ne pas être atteint d’autant plus qu’en cinq ans du contrat, seulement 4 techniciens sont en formation.

Face à ce qui ressemble à un véritable coulage des recettes vers une société qui, en principe n’apporte rien, les syndicalistes de la CVM exigent la résiliation pure et simple de ce partenariat et proposent que le Conseil d’administration et le comité de gestion de la CVM conviennent pour un prêt auprès d’une banque de la place en vue de se procurer une drague et en guise de garantie, la CVM devra hypothéquer la RDNA. Dossier à suivre !

  • Bendélé Ekweya té

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