Par Dorcas Nzumea.
Après avoir été sommé de démissionner de ses fonctions, le gouverneur du Congo Central, Atou Matubuana a sans tarder réagi à la lettre du procureur près la Cour Constitutionnelle lui enjoignant de déposer sa démission auprès du chef de l’Etat.
Le numéro un du Kongo central a ainsi relevé quelques failles contenues dans cette lettre. « Primo : aussi surprenant que cela puisse paraître, votre lettre est adressée à la personne d’Atou Matubuana Nkuluki, plutôt qu’à Monsieur le Gouverneur de la Province du Kongo Central, fonction que j’assume, car dûment couverte par l’ordonnance de son Excellence Monsieur le Président de la République, chef de l’Etat, n°19/041 du 29 Avril 2019 portant investiture du Gouverneur et du Vice-gouverneur de la Province du Kongo Central », fait d’emblée remarquer Atou Matubuana.
Aussi, précise-t-il que le Président de l’Assemblée provinciale a sciemment omis de mettre a la disposition de la justice du procureur certains éléments déterminants de l’arrêt d’interprétation rendu en matière non contentieuse par la Cour constitutionnelle le 29 mai 2020. Pour le chef de l’exécutif provincial, la haute cour a été gravement induite en erreur à travers cet acte.
Ces éléments, énumére-t-il, sont entre autres, le jugement sous RP 16589/CD rendu le 30 janvier 2020 par le tribunal de Paix qui a déclaré faux les procès-verbaux dont celui du 4 décembre relatif à la déchéance d’Atou Matubuana ; le jugement sous RPA 1346/RP 16589/CD du tribunal de grande instance de Matadi du 13 mars 2020 ayant constaté l’extinction de l’instance ; l’arrêt de la Cour de Cassation sous RP 1378 du 20 mai 2020 rendant irrévocable et exécutoire le jugement du tribunal de Paix de Matadi et enfin, le procès-verbal RP 16589/CD , RH 003/2020 de destructions des procès-verbaux des plénières de l’Assemblée provinciale du 4 , 23 et 27 décembre 2019.
Pour le gouverneur du Kongo Central, sa déchéance qui a été prononcé dans un hôtel de la place n’a jamais eu lieu car, dit-il, tous les procès-verbaux du 4 décembre 2019 ont été détruits. «Par conséquent, l’argumentaire par vous évoqué de l’absence d’un recours introduit par le Gouverneur de Province devant la Cour Constitutionnelle pour justifier ma démission, équivaut à la méconnaissance des décisions rendues en matière pénale,… », laisse-t-il entendre.
Antoine Gondha et Patrick Bologna à la manœuvre
D’après les proches du gouverneur Atou Matubuana qui se sont confiés à Scooprdc.net, deux personnalités politiques sont financièrement et politiquement derrière cette affaire. Ils citent sans ambages le député national du Kongo central, Antoine Gondha, natif de cette province et qui envierait depuis l’affaire «Mimigate» le fauteuil du gouverneur, et Patrick Bologna, président national du parti Aco aile FCC qui aurait des intérêts économiques privés au Kongo central dont il veut couvrir de mafia.
«Ces deux compatriotes ont fait signer au procureur général près la Cour constitutionnelle, un document visiblement n’émanant pas de lui. Nous doutons fort qu’un haut magistrat puisse ignorer des simples notions de procédure jusqu’à impliquer en violation de la constitution et des lois de la république, le vice-premier ministre et ministre de l’intérieur alors que les textes légaux ne confèrent aucune prérogative en cas de démission d’un gouverneur», déclarent les proches d’Atou Matubuana qui se sont confiés à scooprdc.net, soupçonnant le pot-de-vin qu’aurait voulu justifier le haut magistrat de la Cour constitutionnelle.
Le point de vue des proches du gouverneur Atou Matubuana est celui de beaucoup d’avocats et autres magistrats qui estiment que le PG Mukolo Nkokesha Jean-Paul a poussé le pion plus loin de ses compétences. Raison pour laquelle beaucoup d’entre eux exigent du chef de l’Etat Félix Tshisekedi, le renouvellement et le rajeunissement des hautes juridictions. «Les vieux sont déphasés et ne ne relisent plus la matière de la doctrine. Le poids de l’âge peut-être», ironise un jeune avocat de la génération Androïd.