Par Ben Lévi.
C’est en marge du vernissage de son livre « La passion d’Etat » qui se trouve être en réalité ses mémoires, publié en 2019, que l’ancien président du Sénat, ancien premier ministre et ancien procureur général de la république Léon Kengo wa Dondo a été élevé au rang de grand cordon de l’ordre des héros nationaux Kabila-Lumumba. La cérémonie a eu lieu ce samedi 11 juillet, dans la salle de banquet du palais du peuple.
Introduite par le professeur Ngondankoy Nkoy-ea-Loongya de la faculté de droit de l’Université de Kinshasa, l’œuvre? assure-t-il, n’est pas un scandale d’État, pas plus qu’elle ne l’est pour la famille de l’auteur.
« J’ai longtemps hésité à me raconter moi-même. Mais, qui suis-je parmi les humains pour me cacher indéfiniment ? J’ai longtemps hésité aussi à raconter ce que je savais du Congo. Mais, que vaut ma tendre discrétion face aux impératifs de la vérité historique ?». C’est par ces mots, entre autres, que l’auteur débute ses Mémoires. Le propos indique, à lui tout seul? dit le professeur Ngondankoy, l’esprit dans lequel le texte doit être lu. C’est à la fois un double souci de se laisser découvrir et de découvrir une partie de l’histoire congolaise qui, visiblement, est à l’origine de l’écrit. Car, par-delà l’histoire de l’individu Kengo, c’est un pan entier de l’histoire du Congo-Zaïre ou du Zaïre-Congo qui, ainsi, se dévoile. A la lecture, l’œuvre est vraiment une somme de « dures vérités historiques, ponctuées de savoureuses anecdotes » qui font le bonheur de tout lecteur.
Loin d’être un scandale d’État, ce livre dévoile le personnage depuis sa tendre enfance, jusqu’à l’homme d’État qu’il est devenu. Léon d’État comme aimait l’appeler sa défunte mère, explique dans ses mémoires sa vie d’enfance à Befale dans la province de l’Equateur, il parle de son père nourricier, de ses demies sœurs et bien évidemment de sa mère. Le reste est majoritairement consacré à la vie publique du personnage, en quelque sorte à cette partie de l’histoire du Congo qu’il est intéressant de lire, en portant les lunettes de l’auteur.
Car, comme cela se découvre au fil de la lecture, la passion de Kengo pour le Congo c’est le sous-titre prêté à ses Mémoires qui est véritablement l’histoire d’un destin personnel exceptionnel qui, lié à une bonne partie de l’histoire de l’Etat, a introduit le héros dans une carrière tout autant singulière.
Ancien Procureur général de la République, trois fois Premier ministre du pays et dernièrement Président « presque à vie » du Sénat, Kengo est le seul de ses contemporains qui aura déjoué, affirme son préfacier, le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya les prédictions de Montesquieu : « Il faut que la puissance de légiférer reste séparée de celles d’exécuter et de juger pour le grand bien de nos libertés » ! Fort heureusement, et pour le grand bien du Congo, Léon Kengo wa Dondo n’a pas exercé cumulativement toutes ces fonctions.
C’est au fil du temps qu’il a dirigé, tour à tour, le Pouvoir judiciaire, le Pouvoir exécutif et le Pouvoir législatif de notre pays. Il l’a fait à un moment où aucun autre de ses contemporains ne l’a fait. C’est le seul, en effet, à qui, jusqu’à ce jour, le destin a accordé ce rare privilège : exercer la triple magistrature intermédiaire de l’Etat !