Par Esther Tshiala (Correspondance particulière).
La Ministre de la Fonction publique, Yolande Ebongo, est dans le collimateur des agents et fonctionnaires de l’Etat. Désapprouvant la plupart de ses priorités, ces derniers se sentent abandonnés et craignent pour l’avenir de l’Administration publique en République Démocratique du Congo. Malgré le fait qu’elle soit du Front Commun pour le Congo (FCC), et donc en quelque sorte intouchable, les agents mijotent de la pousser à la sortie notamment en organisant des marches de protestation pour obtenir gain de cause. Ils interpellent de ce fait le Premier Ministre et le Président de la République Félix Tshisekedi.
« Réforme et modernisation de l’Administration publique », « rajeunissement de l’Administration publique », « mise à la retraite honorable des agents publics », « Jeunes professionnels », « Politique salariale », « Système intégré de gestion des ressources humaines de la Fonction publique » … Ces concepts auxquels les fonctionnaires et l’opinion commençaient à se familiariser et qui faisaient la promesse d’une transformation des pratiques au sein de l’administration publique, semblent avoir été jetés à la poubelle de l’histoire. La réforme se meurt à l’autel des ambitions égoïstes de l’actuelle patronne de la Fonction publique. C’est la consternation au Secrétariat Général à la Fonction publique où le Secrétaire Général du personnel actif, Madame Mabiza et la Ministre Yolande Ebongo se regarderaient comme de co-épouses.
A en croire beaucoup de fonctionnaires et agents publics de l’Etat, Yolande Ebongo a déçu sur toutes les lignes, en commençant par le blocage qu’elle imposerait au fonctionnement du secrétariat général à la Fonction publique, en lieu et place des priorités de ce Ministère, notamment la poursuite du processus de la réforme de l’Administration publique, la mise à la retraite des fonctionnaires, l’admission sous statut des jeunes professionnels. En effet, selon une source bien introduite, Yolande Ebongo aurait bloqué des dossiers lui présentés par le Secrétaire général à la fonction publique, au motif qu’elle ne peut pas collaborer avec un secrétaire général non affecté par elle.
Du coup, l’idée de manifester contre elle fait déjà son chemin dans les couloirs de l’immeuble Golgotha (surnom donné à l’immeuble qui abrite le Secrétariat Général à la Fonction publique, NDLR). « Les jeunes professionnels ne pourront attendre l’installation des SG pour leur admission sous statut et prise en charge pour le troisième trimestre 2020. Nous serons dans la rue pendant trois jours successifs et chaque semaine dans les 26 provinces », a écrit Hervé Laurent Ayembe Engolo, cadre de l’Administration publique, qui appelle à des manifestations pour protester contre la gestion de la fonction publique par l’actuelle Ministre.
La Ministre Yolande Ebongo serait accusée aussi de tricherie dans le dossier des Secrétaires Généraux de l’Administration publique, dans lequel elle a affecté des personnes qui n’ont ni participé au concours de promotion en grade de Directeur et de SG, ni été nommées par ordonnance Présidentielle. La suite de cette affaire est connue du grand public : Recalée par le Premier ministre, qui a décidé de la suspension de cet arrêté problématique ayant empoisonné les relations entre le Cabinet du Chef de l’Etat et la Primature, elle aurait depuis, tenté et réussi d’autres sales coups, notamment celui de refuser d’engager, sur la chaîne des dépenses, des dossiers de la fonction publique. Ce qui bloquerait le fonctionnement de cette administration.
Manipulation des syndicalistes
Ainsi, d’après une proche du bureau de l’Intersyndicale Nationale de l’Administration Publique (INAP), Yolande Ebongo aurait saboté le programme « jeune professionnels », initié dans le cadre de la réforme générale de l’administration publique et financé par la Banque mondiale, en bloquant la procédure d’admission sous statut de centaines de jeunes, qui ont suivi la procédure requise, c’est-à-dire un recrutement compétitif et une immersion d’environ six mois dans le monde du travail dans le cadre du stage professionnel et qui n’attendaient plus que la décision du ministère de la fonction publique pour intégrer l’administration publique.
Alors que ce programme qui a été financé à hauteur de près de 10 millions de dollars américains poursuivait son cours normal jusqu’au début du troisième trimestre de l’année dernière, il a été freiné brutalement depuis l’arrivée de Yolande Ebongo, pour une raison non encore élucidée. Entre temps, on signale, il y a peu, des nominations et affectation des cadres de son parti au secrétariat général à la primature, où elle aurait menacé le secrétaire général.
Par ailleurs, face aux menaces des actions de grande envergure envisagées par l’Intersyndicale nationale de l’Administration publique, qui dénonce depuis quelque temps des tentatives de faire main basse sur les ressources financières des structures sous la gestion du ministère de la fonction publique, on signale des divisions au sein de cette structure syndicale. Ce, depuis que l’INAP s’est érigé contre la volonté de la Ministre Yolande Ebongo de prêter à l’État l’argent des fonctionnaires et agents publics. Du coup, des voix s’élèvent pour d’une part, crier à la manipulation de certains syndicalistes, et d’autre part, demander le retour du Professeur Michel Bongongo au Ministère de la Fonction publique.