Par Ben Lévi.
Après avoir pris acte des regrets du Roi Philippe II de Belgique au sujet ds atrocités et exactions subies par le peuple congolais à l’époque de la colonisation, le Président National de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), le révérend Dr André Bokundoa-bo-Likabe, revient à la charge comme annoncé. Qualifiant ces regrets ce jeudi 2 juillet de repentance avec beaucoup de reconnaissance et d’émotion, le numéro 1 de l’ECC encourage le souverain belge d’aller jusqu’à prononcer la parole de bienveillance, celle de pardon et de reconnaissance amicale pour panser les blessures.
Pour le président de l’ECC, cet acte s’inscrit dans un processus de réhabilitation de la RDC qui a besoin d’une guérison de mémoires. Et à propos, l’Eglise veut que la mémoire collective retienne entre autres que les « blessures et la mort massive administrées aux autochtones, nos aïeuls, par la colonisation belge au Congo ont fait l’objet de dénonciations des missionnaires protestants à cette époque. Régulièrement renseignés par leurs cadres locaux, ils ont sans relâche réclamé la protection des autochtones et le respect de leurs droits conformément à l’Acte général de Berlin».
Héritiers de l’œuvre et de l’engagement de cette vocation évangélisatrice soucieuse de justice, l’ECC à travers son président national dit sa reconnaissance aux déclarations du Roi Philippe de Belgique. « Nous savons que Simon Kimbangu et Patrice Lumumba, des dignes fils parmi d’autres, de l’œuvre protestante au Congo belge, ont payé de leur vie le rejet déterminé de l’ordre colonial et son oppression », témoigne ainsi l’homme de Dieu.
Par ailleurs, André Bokundoa précise que le peuple congolais entend enfin une parole du sommet de l’État belge qu’il a attendu longtemps pour la guérison de sa mémoire, et de la mémoire partagée avec le Royaume de Belgique. « Une parole bienfaisante, qui panse les « blessures », appelle et attend une autre parole qu’elle suscite. Celle de pardon et de reconnaissance amicale. C’est cette parole qu’apporte aujourd’hui notre Église, parmi d’autres confessions et communautés religieuses du Congo, et face à nos peuples au Congo même comme dans le Royaume de Belgique », dit le pasteur président de l’ECC.
Pour le pasteur, ce rappel d’une histoire appelle urgemment à la responsabilité des uns et des autres aujourd’hui. «Si des réalisations et des épreuves dans l’histoire ont contribué à ce qu’est le congolais aujourd’hui, les nouveaux engagements devra le placer devant des grandes responsabilités. Il s’agit de guérir ensemble des plaies et des maux qui nourrissent encore devant nous souffrances et ressentiments», déclare t-il.
Par conséquent, l’Eglise du Christ au Congo encourage la Belgique à donner un contenu concret à la réparation des blessures de la mémoire collective des congolais. «Comme d’ailleurs nous-mêmes, dans l’Eglise et ailleurs, nous sommes engagés pour assainir et redresser tout ce qui a été ruiné ou détruit et qui contribue à notre malheur», écrit-il.
Et face à la mondialisation de sauve-qui-peut, qui sévit en Afrique, le révérend André Bokundoa déclare que la Belgique devra concrètement s’engager aux côtés de la RDC pour la relance de son économie, par la création de certaines entreprises et le renforcement des autres. Qu’elle Reprenne une coopération militaire digne des exigences d’aujourd’hui, qui apporterait beaucoup aux capacités de la RDC en matière de sécurité et de défense de son vaste territoire, tenant compte notamment des horreurs et des menaces qui pèsent depuis trop longtemps à l’Est du Congo.
«Que la Belgique participe à la dynamique de reconstruction des réseaux sanitaire et éducatif qui mobilisent les efforts de l’Etat. Qu’elle soutienne un plaidoyer de haut niveau, initié par le gouvernement congolais au Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU), visant à sanctionner l’exploitation illicite, ou celle qui saccage l’environnement et le patrimoine naturel. Que la Belgique réforme son dispositif en matière d’attribution de titres de séjour aux ressortissants congolais vivant en Belgique, et que cessent les discriminations dans les domaines de l’emploi et de logement. Il en est de même de l’octroi de visa dans l’espace Schengen ou de naturalisation», recommande le révérend André Bokundoa.