Par Innocent Olenga.
L’évocation par le président de la République d’une créance inexistante envers Eximbank of China et qui aurait attiré une condamnation à la RDC devant les tribunaux de commerce de Paris et de New-York, traduit ni plus ni moins l’incompétence, non seulement de ses conseillers du secteur économico-financier et de la direction de son cabinet, mais également de ses ministres du Plan, du Budget et des Finances, qui étaient censés connaître ce dossier. Même si les personnes encore gentilles parlent d’une confusion des dossiers pour atténuer l’opprobre, il s’agit d’une faute extrêmement lourde qui, en matière de contrat de travail n’a autre sanction que la révocation. Et malgré cette relativisation pour atténuer l’opprobre, la question posée par l’ancien ambassadeur Kikaya Bin Karubi dans sa tribune en réaction à ce qu’il a qualifié d’intox au sommet de l’Etat demeure et mérite vite une réponse : Pour l’amour du ciel, qui au cabinet présidentiel a fait mettre dans la Communication du Chef de l’Etat le dossier Eximbank of China dans le Conseil des Ministres du 29 mai ? (Lire l’article de Scooprdc.net : «Faux dossier financier avec Eximbank of China évoqué par Fatshi : le cabinet du président de la république a failli (Barnabé Bin Karubi)».
Qu’on le diabolise comme l’on veut, mais tel qu’expliqué dans sa tribune, il appert clairement que la négligence mais qui, en réalité est ni plus ni moins que de l’incompétence, est à tous les niveaux même du «professeur docteur» Désiré Cashmir Eberande Kolongele considéré comme la dernière soupape ou dernier verrou dans la gestion de tous les dossiers de la présidence de la république soumis au chef de l’Etat. Le genevois économiste-mathématicien Marcellin Bilomba, conseiller principal au Collège Economique et Financier de la Présidence de la République n’était-il pas consulté dans la rédaction de la communication du président de la république à ce Conseil de ministres ? S’il ne l’était comme dans la conception du Programme de 100 jours, tant mieux. Mais s’il l’était, il n’a qu’à tirer toutes les conséquences d’autant plus que cette question de créances bancaires, relève purement de son secteur.
Dans ce dossier, il faudra aussi incriminer le ministre des Transports et Voies de communication, Didier Mazenga, qui a brillé par une ignorance notoire des dossiers lui légués par son prédécesseur! Comment Peut-il laisser cette affaire où Eximbank of China est citée faussement dans son secteur et que cela apparaisse dans le compte-rendu du Conseil des ministres alors qu’il sait que le contrat avec cette banque pour la construction de la nouvelle aérogare à l’aéroport de N’djili et à celle de Loano à Lubumbashi, date de 2018 et qu’il n’est pas encore ratifié au parlement, encore moins consacré par une ordonnance présidentielle ? Même dans l’hypothèse où ce contrat s’était conclu et exécuté, par quel mécanisme une créance de deux ans mais dont l’échéance est étalée sur vingt ans, peut-elle constituer un litige, au point de déboucher sur une condamnation de la RDC ?
La ministre d’Etat du Plan, Elysée Minembwe, le ministre d’Etat du Budget, Jean-Baudouin Mayo et le ministre de Finances, José Sele, ne sont pas épargnés. Comment peuvent-ils aussi laisser passer une monstruosité sur une créance imaginaire au Conseil de ministres alors qu’ils sont censés gérer les finances du pays ?
Face à cette opprobre qui a couvert tout le pays, beaucoup d’analystes conseillent au président de la République de mettre fin à la recréation en restructurant son cabinet et y faire défenestrer les jouisseurs en quête d’enrichissement rapide qui n’ont pas le temps d’analyser et traiter minutieusement les dossiers de la république. Cette recommandation vaut également pour les membres du gouvernement qui pour la plupart, ne sont pas à la hauteur de leurs tâches et surtout ne sont pas dans sa vision. Après une année et demi de mandat mitigé consommé et émaillé de plusieurs scandales économico-financiers, Fatshi devra courageusement s’autodéterminer. Sinon, il n’a qu’à oublier 2023. C’est dans trois ans et demi les élections.