Par Christelle KAYIJ (correspondance particulière).
Alors que l’ensemble du territoire national était mis au pas par la féroce dictature néo-coloniale incarnée par Joseph Désiré Mobutu, une poche de résistance farouchement opposée à l’usurpation de l’indépendance et du pouvoir du peuple confisqué des mains des nationalistes lumumbistes, vainqueurs des élections générales de mai 1960, continuait à opérer sur une vaste étendue comprise entre les territoires de Fizi au Sud-Kivu et de Moba dans la province du Tanganyika. Connu sous le nom de « Hewa Bora », cette forteresse dirigée par Laurent-Désiré Kabila fut la seule partie du territoire national à n’avoir pas basculé dans les fourches caudines du Zaïre de Mobutu. C’est donc en « République Démocratique du Congo » à l’époque « Zaïre » que naquirent sur les hauteurs du mont Wimbi Dira, le 4 juin 1971, les jumeaux Jaynet Kabila Kyungu et Joseph Kabila Kabange. Nés de l’union de Laurent Désiré Kabila et de Sifa Mahanya. Personne ne pouvait imaginer que la date du 4 juin correspondrait un jour avec la naissance du réfondateur du Congo. Et l’enfance des jumeaux fut caractérisée par la résistance à l’ordre néocolonial ainsi qu’à l’initiation à la pensée politique de Patrice Emery Lumumba et à l’internationalisme socialiste.
Exilée en Tanzanie pour des raisons évidentes de sécurité, la famille de Laurent Désiré Kabila placée sous la protection du Mwalimu Julius Nyerere n’oubliera pas pour autant la nécessité d’un retour au pays pour parachever l’œuvre de la libération totale du joug dictatorial. L’aîné des garçons de son père, Joseph Kabila évolue avec assiduité dans la scolarité, formation militaire et études universitaires. Il sera alors le plus grand confident de son père et prendra part à tous les contacts diplomatiques qui précédent l’assaut final de la guerre de libération sous le label de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo(AFDL). Dans l’ombre de son père, ce jeune soldat fera partie aussi des grands artisans de la libération du 17 mai grâce à laquelle le pays a recouvré son identité en redevenant « la République Démocratique du Congo ».
Soucieux de voir son fils aîné marcher sur ses traces, le nouveau Président de la République Laurent Désiré Kabila l’envoya perfectionner sa formation militaire à l’Académie Militaire de Pékin que lui-même avait fréquentée 30 ans plus tôt avant de revenir au pays pour créer le maquis de Hewa Bora.
Plus tard, lorsque les anciens alliés rwandais et ougandais se sont mués en agresseurs en août 1998, Laurent Désiré Kabila eut besoin d’un homme de confiance pour prendre le commandement des opérations militaires. Il fit alors interrompre le stage de son fils à Pékin afin de lui prêter main forte face à un ennemi aux multiples visages. Aussi Joseph Kabila, l’homme du 4 Juin sera-t-il de nouveau obligé de consacrer sa jeunesse à la défense de l’intégrité territoriale jusqu’à ce sinistre 16 janvier 2001, lorsque des spadassins à la solde des ennemis de la nation assénèrent le coup fatal au Président Laurent Désiré Kabila dans son bureau.
Rappelé du front dans les confins du Katanga malgré le blocus imposé par l’armée, Joseph Kabila occupa le siège laissé vacant par son père et prêta serment le 26 janvier 2001 après avoir dignement porté en terre son illustre prédécesseur.
Dans son discours d’investiture, Joseph Kabila alors âgé de 29 ans, promettait de réunifier et pacifier l’ensemble du territoire national, de normaliser la gouvernance en passant un contrat social avec le peuple à travers une Constitution dûment validée par référendum, de démocratiser les institutions à travers l’organisation des élections, de relancer l’économie, de reconstruire le pays et de moderniser les infrastructures. Toutes ces promesses ne pouvaient être tenues que si en même temps l’Eldorado congolais était sous la protection d’une armée dissuasive à même de veiller à l’intangibilité des frontières nationales. Il importe de souligner que depuis son accession à l’indépendance le 30 juin 1960, c’est pour la première fois pendant 14 ans que le pays connaît une stabilité politique avec des institutions démocratiques. En effet les premières institutions démocratiques héritées de la colonisation ne fonctionnèrent que pendant deux mois jusqu’au premier coup d’État de Mobutu perpétré le 13 septembre 1960, peu avant l’assassinat du premier ministre Lumumba le 17 janvier 1961.
Autant de raisons qui poussent les historiens à être unanimes sur le fait que Joseph Kabila, l’homme du 4 Juin mérite d’être considéré comme le père de la démocratie congolaise, surtout lorsqu’il a accepté, conformément à la constitution, de transférer le pouvoir suprême au vainqueur de la dernière élection présidentielle issu de l’opposition radicale.
Nouveau-né le 4 Juin 1971, jeune homme le 4 juin 2001, grisonnant le 4 Juin 2020, Joseph Kabila, quatrième président de la République Démocratique du Congo est sans conteste un homme d’exception qui a su imprimer sa marque à la destinée de son pays si bien que la seule évocation de son nom rimera avec la rédemption du pays de Lumumba. Malgré un tourbillon de médisance et de diffamation orchestré par certaines mauvaises langues pour des raisons obscures, l’homme du 4 Juin est resté flegmatique, le regard toujours rivé sur des nobles objectifs : réunifier le pays, le défendre face à l’adversité, le démocratiser, le reconstruire, le moderniser pour en faire une puissance émergente, des objectifs qui dénotent la haute idée que l’homme du 4 Juin a du pays de ses ancêtres. Ces nobles objectifs atteints, Joseph Kabila avait encore le pouvoir entre ses mains. Fidèle à lui-même et à l’idéal qui le guide, il a organisé le troisième cycle électoral sans en être candidat à 47 ans seulement, ce qui est une grande exception en Afrique centrale ou les chefs d’Etat jouent avec les constitutions de leurs pays pour se maintenir éternellement au pouvoir. Quitter le pouvoir à 47 ans et passer le flambeau à son opposant farouche proclamé vainqueur, il faut être Joseph Kabila pour réaliser pareil exploit.
En ce 4 juin 2020, il n’est pas exagéré de dire que Joseph Kabila a eu, à 49 ans seulement, une vie bien remplie toujours au service de la mère patrie ainsi que l’avait prédit le prophète Simon Kimbangu dans son oracle relatif au quatrième président de la République !
En attendant que des historiens rétablissent cette figure de proue dans toute sa dimension pour avoir réussi ce miracle du siècle qu’est le recouvrement par le Congo Kinshasa de ses lettres de noblesse, Honneur ! Honneur ! Honneur.
JOYEUX ANNIVERSAIRE PRESIDENT