Lutte contre le coronavirus en RDC : Cinq protocoles pour des essais cliniques présentés aux membres du Pool Scientifique

Par Ginno Lungubu.

«Tout événement négatif contient la semence d’un bienfait, au moins égal, sinon supérieur, aux inconvénients immédiats qui l’accompagnent» ou «Chaque difficulté porte en elle le germe d’un avantage équivalent ou supérieur», telles sont les citations de Napoléon Hill, ce journaliste-écrivain américain décédé en novembre 1970, que le ministre de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique, José Mpanda Kabangu, s’est appropriées pour fonder son espoir d’une solution idoine à la congolaise avec ses scientifiques dans la lutte contre la Covid-19.

Ne dormant pas sur ses lauriers tant que cette maladie n’ait pas été vaincue et se propage exponentiellement chaque jour, José Mpanda a, conjointement avec son collègue de la Santé publique, Eteni Longondo, organisé ce samedi 30 mai, une réunion de réflexion sur les essais cliniques dont l’objectif est d’accorder à tous les chercheurs congolais la chance de participer à la recherche d’une solution «made in Congo» en vue combattre efficacement la pandémie de Covid-19.

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«L’idée est de faire une synergie scientifique d’appui au professeur Muyembe qui est au front. Tout ça c’est pour concrétiser la vision du chef de l’Etat, son Excellence Félix Antoine Tshisekedi, sur la riposte contre la Covid-19. Le souci du chef de l’Etat que vous voulons ainsi concrétiser c’est de trouver une solution à la congolaise. Donc l’idée est de féconder les professeurs et autres chercheurs en vue de trouver à notre population en détresse, une solution à cette maladie», a déclaré José Mpanda dans son mot introductif.

Ainsi, la parole a été accordée à chaque chercheur ayant un protocole, d’expliquer au Pool scientifique les mérites de son produit. Le premier à le faire c’est monsieur Kabengele qui a présenté son Doubasec. C’est un antiviral à large spectre, fabriqué à base des plantes médicinales congolaises et couvert par une autorisation de mise sur le marché. Ce produit sera capitalisé avec ses effets pour être utilisé dans le cas de la Covid-19.

Le protocole Bela Unilu 20 de chercheurs de l’Université de Lubumbashi a été aussi présenté. Il utilise trois molécules et comporte deux parties : préventive et curative. L’approche préventive comporte trois molécules qui sont les interférents alpha, la chloroquine et les antioxydants tandis que pour l’approche de traitement, il y a les interférents alpha, les interférents gamma, la chloroquine et les antioxydants.

Le Citroplex-N Fival est le protocole du docteur Vangu Lutete qui est aussi un antiviral, utilisé en association avec un antipaludéen, un antibiotique, un antipyrétique et un antioxydant. Ses effets sont efficaces, soutient docteur Vangu. Raison pour laquelle il le propose comme un protocole de recherche dans le cadre de lutte contre le coronavirus.

Le docteur Jérôme Munyangi a, lui aussi vanté les prouesses de son Artemisia Annua qui est une plante médicinale non toxique avec des effets antipaludéens et qui a aussi un effet antiviral important parce qu’il inhibe l’entrée du virus dans la cellule. Ce produit, soutient son inventeur, a déjà été utilisé dans d’autres syndromes respiratoires aigus sévères avec efficacité. C’est dans ce cadre-là que ce produit sera utilisé comme un protocole d’étude pour le cas de covid-19.

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Et enfin, le chercheur Adonis Mpungu Kashasa a présenté le Sickle Cell Solution, un produit à base de sept plantes naturelles comestibles et riches en polyphénols et qui a des effets antiviral, antibiotique, bronchodilatateur, rétro-protecteur et antioxydant. Ce produit est utilisé efficacement pour lutter contre la drépanocytose. On devra capitaliser ses effets, soutient son inventeur, pour être utilisé dans le cadre de lutte contre la Covid-19.

Le débat qui a suivi les exposés de ces chercheurs, peut se résumer en la nécessité d’avoir une réponse globale, multidimensionnelle cordonnée autour du Secrétariat Technique de la lutte contre la Covid-19. Il a été réaffirmé aussi que de tous ces produits présentés, la nécessité d’identifier une solution idoine qui pourra passer à l’échelle et dont la production devra être financée par les ressources locales du pays. Enfin, les membres du Pool scientifique estiment qu’au-delà des solutions de la prise en charge, les mesures barrières qui sont comme une digue qui, malheureusement est en train de céder, doivent être renforcées et contraignantes pour diminuer le coût de la prise en charge.

Pour sa part, le docteur Jean-Jacques Muyembe, coordonnateur du Secrétariat Technique de lutte contre le Covid-19 qui a salue toutes ces recherches des scientifiques congolais, estime que le coronavirus doit être pour les Congolais une opportunité à tous les niveaux  de différents ministères, mais surtout celui de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique, pour viabiliser les centres, instituts et autres laboratoires de recherche. «Nos universités doivent cesser de fonctionner comme si elles étaient des instituts supérieurs qui dispensent seulement des enseignements sans recherche, sans développement», a-t-il plaidé.

Quant aux inventeurs de Doubasec, Bela Unilu 20, Citroplex-N Flival, Artemisia Annua,  Sickle Cell Solution, Jean-Jacques Muyembe a conseillé d’éviter d’être juge et partie. «Vous ne pouvez pas être à la fois le producteur de Doubasec et être en même temps celui qui essaye le Doubasec. Il y a un conflit d’intérêt là-dedans.  Ce n’est pas vous qui allez mener des essais cliniques, mais plutôt un groupe indépendant qui va le faire, mais aussi un autre groupe indépendant chargé de la pharmacovigilance ainsi qu’un autre d’ESNB. Voilà comment nous allons mener ces essais cliniques», a-t-il déclaré. Une façon de montrer à ces chercheurs que les essais cliniques sont un long processus qui nécessite patience et évite précipitation.

Il y a lieu de rappeler, comme l’a fait remarquer un assistant dans la salle, que c’est la seconde fois depuis le MM du docteur Lurumu pour lutter contre le VIH/SIDA que l’on voit le Gouvernement congolais à travers le ministère de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique chapeauté par Me José Mpanda Kabangu, s’impliquer à fond pour trouver une solution à une pandémie. Le souhait de tous est que cette ardeur soit pérenne surtout que le ministre Mpanda manifeste le souci de valoriser les scientifiques et chercheurs congolais qui ont plus de talents mais, malheureusement ne savent pas émerger à cause de manque d’encadrement adéquat et des moyens financiers conséquents.

  • Bendélé Ekweya té

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