André Lite sur la prédation de la liberté de presse à la Mongala par le gouverneur Crispin Ngbundu : «c’est vraiment une gouvernance totalitaire que nous réprouvons»

En sa qualité de garant des droits humains en République Démocratique du Congo, le ministre André Lite n’a pas mâché les mots pour désapprouver la fermeture des radios à Bumba, province de la Mongala, suivie des séquestrations des journalistes sur décision du gouverneur Crispin Ngbundu.

«Sans mâcher les mots, nous disons que les journalistes ont le CSAC comme instance de régulation de toutes les situations qui les concernent. Et aussi nous avons les cours et tribunaux en RDC compétents de connaître de toutes les infractions de droits communs. Mais cette histoire où les autorités provinciales se substituent aux structures judiciaires et de régulation de médias, c’est vraiment une gouvernance totalitaire, et à ce titre nous réprouvons cela», a déclaré André Lite à Scooprdc.net avant de rappeler aux autorités de la Mongala que dans une république, il y a répartition des rôles.

«Ce n’est pas parce vous avez été élu gouverneur de province ou député que vous pouvez vous permettre des choses jusqu’à ternir l’image sur les questions de droits de l’homme dans notre pays. Nous ne pouvons pas accepter cela. Nous sommes solidaires avec tous les journalistes de la RDCongo victimes à tort ou raison des personnes qui s’arrogent des prérogatives qui ne sont les leurs, c’est inacceptable», s’est insurgeait le ministre congolais des droits humains qui s’inscrit dans la logique de Journaliste en Danger (JED), celle de saisir le Vice-premier ministre de l’Intérieur et Sécurité.

En effet, cette ONG de promotion et de défense de la liberté de la presse a adressé une correspondance au VPM Gilbert Kankonde pour rappeler à l’ordre le Gouverneur de province, auteur de plusieurs abus contre la presse. Dans cette correspondance, JED a surtout sollicité l’implication personnelle de M. Gilbert Kankonde, en sa qualité de Vice Premier Ministre ayant autorité sur les provinces, pour faire cesser les interférences des autorités politiques dans le fonctionnement des médias, et ordonner la réouverture des ces organes de presse fermés abusivement. Pour JED, quels que soient les griefs qui peuvent être portés contre les médias incriminés, ni le Gouverneur de province, ni le président de l’Assemblée provinciale, n’ont ni qualité , ni compétence pour connaître des fautes professionnelles des journalistes, ou des délits de presse qui relèvent exclusivement des Instances de régulations des médias, ou des Cours et tribunaux.

Pour rappel, les stations des radios Mongala, la Voix de Bumba FM, la Radio rurale de Bumba et la Radio Mwana mboka, toutes émettant à Bumba, sont interdites de diffusion jusqu’à nouvel ordre, par un communiqué rendu public, le 26 mai 2020, par le Gouverneur de la province de Mongala, Crispin Ngbundu  et par le Président de l’Assemblée provinciale, Floribert Gala. Comme si cela ne suffisait pas, Crispin Ngbundu a, motu proprio, ordonné la suppression définitive de l’émission dénommée «12.600 lettres » sur toutes les chaînes et stations de radio de la province ; la suspension des journalistes – animateurs de plusieurs émissions, ainsi que leurs poursuites en justice pour « propos outrageant et dégradants à l’endroit de madame la Présidente de l’Assemblée nationale et du Gouverneur de province ; incitation à la haine tribale, et outrage aux bonnes mœurs…. ».

Et dans cet autoritarisme du gouverneur, des groupes des policiers ont assiégé les installations de ces médias pour en empêcher tout accès. Dans la foulée de ces mesures, Fabrice Ngani, journaliste – animateur de l’émission «Bonjour Bumba» diffusée sur les ondes de la Radio la Voix de Bumba FM, a été arrêté, le 26 mai vers 8 heures, à sa rédaction par un groupe d’agents de la police commis à la sécurité du Gouverneur de province.  Le journaliste a été conduit à la résidence du Gouverneur où il a été violenté et séquestré pendant plus de 6 heures du temps avant d’être transféré et détenu dans les installations de la police.

  • Bendélé Ekweya té

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