Par Agnelo Agnade.
Le conseil des ministres a décidé, au cours de sa réunion de ce vendredi 29 mai, de la suspension immédiate du Conseil d’administration et de la direction générale de la Minière de Bakwanga (MIBA). C’est sur proposition du ministre du Portefeuille et ce, après le rapport de la mission d’audit du 23 mars dernier chapeautée par l’Inspection générale de finances, qui relève d’importants dysfonctionnements au titre de la conformité, de la gouvernance et management, de la production et de la gestion financière.
«La situation actuelle de la MIBA SA a préoccupé profondément les membres du Conseil qui a décidé de la suspension immédiate du Conseil d’Administration et de la Direction Générale de la MIBA SA, ainsi que de la désignation des chargés des missions aux fins d’examiner les pistes de redressement de la situation et la convocation d’une Assemblée Générale», indique le compte-rendu du Conseil des ministres qui précise que cette décision est intervenue après que le ministre du Portefeuille a établi un diagnostic et proposé au Conseil une batterie de mesures thérapeutiques en vue de remettre à flot, autant que faire se peut, cette société qui constituait, hier encore, la fierté de toute la Nation.
Cette décision bien que salvatrice, tombe largement en retard. Déjà en décembre dernier, Scooprdc.net dénonçait la gestion calamiteuse de la Miba (lire l’article de Scooprdc.net : «Gestion désastreuse de la Miba: Fatshi est-il incapable de sanctionner ?»). Un autre article de Scooprdc.net paru en janvier 2020 présentait deux Albert qui énervent les Congolais : l’un de la Gécamines et l’autre de la Miba. Et s’agissant de celui de la Miba, le média en ligne écrivait : « Outre les vols et substitutions des diamants lui imputés, dont le vol spectaculaire de 2,30 carats de diamant vert évalué à plus de 5 millions USD lui colle au dos, le DG Albert Mukina n’a pas affiché une gestion orthodoxe de cette entreprise qui contribuait beaucoup au budget de l’Etat après la Gécamines. Dans le fameux dossier de la nébuleuse canadienne Saint Louis BGM, beaucoup d’observateurs n’ont pas compris que les sanctions se soient seulement limitées à Dieudonné Lobo, le coordonnateur administratif du Bureau privé du chef de l’Etat alors que celui qui a véritablement posé l’acte de bradage de la MIBA, c’est le DG Albert Mukina. Même si dans le mandat spécial que Dieudonné Lobo a signé et qui lui a valu des ennuis judiciaires pour usurpation des pouvoirs, il est fait mention aux points 8 et 9 à la MIBA, il n’est pas donné à Albert Mukina le pouvoir d’engager par son propre chef la société dans cette aventure de prédation. Pour avoir, sans contrat ni protocole d’accord dûment signé et surtout sans en avoir informé et obtenu l’aval du Conseil d’administration, autorisé de son propre chef l’intrusion de Saint Louis BGM, non seulement dans le polygone de MIBA, mais aussi dans sa gestion financière en lui remettant le double de la clé du coffre-fort des diamants, Albert Mukina est aussi celui qui devait être logé à la prison de Makala que Dieudonné Lobo seul».
Mieux vaut tard que jamais, dit-on, mais tout le temps donné aux animateurs du Conseil d’administration et du Comité de gestion de se chamailler rien que pour leurs positionnements, a desservi l’entreprise Miba dont la catégorisation vacille entre le canard boiteux et la moribonde alors que cette entreprise était jadis une poule aux œufs d’or de la RDC.