La province de la Mongala ressemble sans doute à une « petite Corée du Nord » en République Démocratique du Congo. Non sans raison, à l’instar du président Kim Jong-un, le gouverneur de cette province, Crispin Ngbundu, excelle en musellement de la presse.
Tenez, les stations des radios Mongala, la Voix de Bumba FM, la Radio rurale de Bumba et la Radio Mwana mboka, toutes émettant à Bumba, sont interdites de diffusion jusqu’à nouvel ordre, par un communiqué rendu public, le 26 mai 2020, par le Gouverneur de la province de Mongala, Crispin Ngbundu et par le Président de l’Assemblée provinciale, Floribert Gala.
Comme si cela ne suffisait pas, Crispin Ngbundu a, motu proprio, ordonné la suppression définitive de l’émission dénommée «12.600 lettres » sur toutes les chaînes et stations de radio de la province ; la suspension des journalistes- animateurs de plusieurs émissions, ainsi que leurs poursuites en justice pour « propos outrageant et dégradants à l’endroit de madame la Présidente de l’Assemblée nationale et du Gouverneur de province ; incitation à la haine tribale, et outrage aux bonnes mœurs…. ».
Et dans cet autoritarisme du gouverneur, des groupes des policiers ont assiégé les installations de ces médias pour en empêcher tout accès. Dans la foulée de ces mesures, Fabrice Ngani, journaliste – animateur de l’émission «Bonjour Bumba» diffusée sur les ondes de la Radio la Voix de Bumba FM, a été arrêté, le 26 mai vers 8 heures, à sa rédaction par un groupe d’agents de la police commis à la sécurité du Gouverneur de province. Le journaliste a été conduit à la résidence du Gouverneur où il a été violenté et séquestré pendant plus de 6 heures du temps avant d’être transféré et détenu dans les installations de la police.
Décisions qui agacent Journaliste en Danger (JED). En effet, dans une correspondance, mercredi 27 mai dernier, cette ONG de la promotion et de la défense de la liberté de la presse, demande au Vice-premier ministre de l’Intérieur de rappeler à l’ordre le Gouverneur de province, auteur de plusieurs abus contre la presse.
« JED vous demande de rappeler à l’ordre monsieur Crispin Ngbundu, Gouverneur de province de la Mongala, et d’user de votre autorité pour faire cesser ces violations graves de la liberté de la presse, qui sont en contradiction flagrante avec les engagements pris par le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, de promouvoir la presse et les médias, et de faire respecter le travail des journalistes », a écrit JED dans cette correspondance dont copies ont été reversées notamment au directeur de cabinet du Président de la République et à l’instance de régulation des médias, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC).
Dans cette correspondance, JED a surtout sollicité l’implication personnelle de M. Gilbert Kankonde, en sa qualité de Vice Premier Ministre ayant autorité sur les provinces, pour faire cesser les interférences des autorités politiques dans le fonctionnement des médias, et ordonner la réouverture des ces organes de presse fermés abusivement. Pour JED, quels que soient les griefs qui peuvent être portés contre les médias incriminés, ni le Gouverneur de province, ni le président de l’Assemblée provinciale, n’ont ni qualité , ni compétence pour connaitre des fautes professionnelles des journalistes, ou des délits de presse qui relèvent exclusivement des Instances de régulations des médias, ou des Cours et tribunaux.
Le gouverneur Crispin Ngbundu, issu de la coalition Lamuka, devra s’entourer de bons conseillers rodés en matière de presse, mais surtout éviter de préparer le lit à ses adversaires politiques surtout du FCC, qui lorgnent son fauteuil et cherchent des occasions pour l’éclabousser.