Par Innocent Olenga.
Y a-t-il un deal financier opaque entre la Rawbank et l’ancien gouverneur du haut-Uéle Jean-Pierre Lola Kisanga ? En tout cas, les détracteurs de ce dernier présentent ainsi la situation qu’ils disent préjudicier la province. «Au fait, subodorant les paiements de la redevance minière vers la fin de l’année 2018, monsieur Lola avait organisé un système automatisé d’engloutissement de ces recettes qui étaient ponctionnées en paiement des sociétés fictives ou des travaux imaginaires. Le but évident était de dissiper ces versements et de creuser les comptes de la Province par des soldes débiteurs artificiels et un détournement de cette garantie affectée au paiement de la créance douteuse», l’accuse-t-on.
En effet, l’ancien Gouverneur, actuellement sénateur, est culpabilisé pour avoir contracté en octobre 2018, à la veille des élections, sans l’autorisation préalable de l’Assemblée provinciale, un crédit qualifié de «douteux» et «laxiste» à des conditions désavantageuses à la Province à l’organisation d’un mécanisme d’amplification du débit de ses comptes pour la maintenir en déficit chronique et en incapacité permanente de rembourser cette créance en dépit de nombreux paiements effectués par Kibali. Ce crédit douteux, soutiennent les accusateurs du sénateur Lola Kisanga, a connu une gestion «calamiteuse» des comptes entraînant ainsi des lourds intérêts au détriment de la Province et une dissipation de plus de 5.000.000 USD des recettes des redevances minières payées par la société Kibali Gold Mine les cinq premiers mois de l’année 2019.
«Ce qui est déplorable pour monsieur Lola c’est que toutes les conditions de ce prêt, contracté dans un cafouillage indescriptible et une précipitation inconsidérée, sont en défaveur de la Province de Haut-Uélé dont la situation auprès de la Rawbank s’est trouvée gravement compromise portant son solde débiteur, qui était alors autour de 3.000.000 USD à plus de 9.000.000 USD, ce, en l’espace de deux mois seulement. Cette facture importante est venue alourdir la dette publique provinciale léguée à son successeur», déclarent ses accusateurs qui ajoutent que dans la dans la même période, soit au mois d’août 2018, l’ancien gouverneur avait bénéficié d’un autre crédit de 3,5 millions USD dont le remboursement échelonné n’était qu’à la première échéance.
Et de s’en prendre aussi à la Rawbank : «Cette situation est d’autant plus préjudiciable à la Province du Haut-Uélé que cet accroissement de la dette s’est effectué sans aucun investissement au profit de la population, mais uniquement pour répondre à des conditions usurières et immorales de la Rawbank telle que le remboursement d’une dette antérieure, la prise en charge des engagements d’une Province sœur et le paiement des prétendus fournisseurs qui ne sont, en réalité que des entreprises écrans. Non satisfaits d’avoir obtenu ce prêt inutile et injustifié venu plomber les comptes de la Province du Haut-Uélé dans les livres de la Rawbank, l’ex–Gouverneur Lola a toléré et organisé, de connivence avec ses potes de la Rawbank, l’insolvabilité artificielle de la Province dont les comptes se sont retrouvés dans une situation de débit chronique.Pour arriver à leur fin, les redevances payées en remboursement de la dette ont été systématiquement désorientées dans des comptes non indiqués dans la lettre de crédit et des dépassements aussi illicites qu’exorbitants ont été acceptés par la Rawbank au mépris de la législation régissant les établissements de crédit et des procédures internes de cette banque».
En conclusion, les accusateurs de l’ancien Gouverneur Lola Kisanga estiment qu’il s’est illustré par une mégestion caractérisée qui a lourdement plombé les comptes de la Province du Haut-Uélé et la Rawbank n’est qu’un cas parmi tant d’autres, son œuvre étant autrement plus dévastatrice, les créances à charge de la Province du fait de sa gestion complaisante étant aujourd’hui estimées à plus de 30 millions USD.
Contacté par Scooprdc.net, le sénateur Lola Kisanga se défend en donnant les précisions suivantes, qui, dit-il, sont toutes vérifiables :
- Aucune institution bancaire congolaise ne peut accorder à un Gouvernement provincial un crédit bancaire, si ce Gouvernement ne produit une autorisation expresse de l’Assemblée provinciale auprès des services juridiques, commercial, et de Département des risques de la Banque. Cela veut dire, explique-t-il, que l’autorisation de l’Assemblée provinciale est un préalable incontournable pour accéder à un crédit, même à une facilité de trésorerie auprès de la banque.
«Que celui qui vous transmis la lettre de demande de crédit, vous transmette aussi la lettre de l’autorisation de l’Assemblée provinciale qu’il détient, car toutes ces pièces lui ont été versées à la remise-reprise. Pourquoi ne vous a-t-il pas remis cette lettre ?», rétorque le sénateur Lola, indexant à tort ou à raison son successeur.
- La gouvernance financière de la province jouissait à mon époque d’une exigence de transparence irréprochable. En effet, toutes les dépenses publiques provinciales se faisaient par transaction bancaire et étaient portées à la connaissance de toutes les instances habilitées, en ce compris la société civile; devoir de redevabilité citoyenne oblige.
«Celui qui vous a donné l’information incomplète pour un but inavoué dispose de tous les extraits bancaires et lettres d’instructions de paiement par voie bancaire lui déposés à la remise-reprise, et qui indiquent avec transparence absolue, les affections de fonds aux bénéficiaires renseignés pour obtenir le fonds dans la lettre de demande de crédits. Cependant, seules les entreprises UGC Sarl et ARCHI- Sprl n’ont pas été servies du fait des nouvelles contingences économiques et des variations des paramètres macroéconomiques, et la mise à disposition de fonds au compte de la province par la banque ne s’étant déroulé dans le temps et les conditions souhaitées», se défend Jean-Pierre Lola Kisanga en précisant que ces deux projets avaient été mis en sursis.
«Tous les autres projets ont reçu des fonds et ont été réalisés conformément au programme gouvernemental provincial», soutient-il en démontrant que l’entreprise chinoise CREC-7 a fini les travaux de route nationale numéro 25 Niania – Isiro. «Qui ne le voit pas ? Qui n’a pas vu les grands bus entrer à Isiro en provenance de Kisangani et de Beni ?», s’interroge-t-il.
Et d’ajouter : «l’entreprise IOB a réalisé d’excellents travaux sur la route nationale numéro 26 de Watsa – Gombari et de Isiro jusqu’à 33Km vers Mungbere. Qui à Watsa n’a pas témoigné que les grands bus quittaient Ariwara – Watsa – Moku et arrivaient à Gombari. L’entreprise chinoise HONG FENG a réalisé l’éclairage public solaire de la ville d’Isiro. Qui ne voit pas cela ? L’entreprise UNICOMPEX a livré à la province, pour la SNEL Isiro des géants groupes électrogènes de grande capacité pour la ville d’Isiro et les territoires de Faradje et de Wamba. Qui à Isiro n’était pas fier et heureux d’avoir de l’électricité de bonne qualité de 8h00 à minuit sans délestage. Etc.».
Le sénateur Lola Kisanga dit saisir cette occasion pour dénoncer la retenue de l’information par ceux qui veulent manipuler la presse et l’opinion dans le but de lui nuire et se réserve le droit de porter plainte aux instances habilitées à toutes fins utiles.