Par Nzakomba.
Il s’est poursuivi ce lundi 25 mai en chambre foraine à la prison centrale de Makala, le procès qui oppose le directeur de cabinet du chef de l’État, Vital Kamerhe et co-accusés à l’officier du ministère public et où l’État Congolais s’est constitué partie civile. Il se dégage de l’audience de ce jour que l’ancien ministre du développement rural, Justin Bitakwira, serait l’homme–clé pour départager Vital Kamerhe et le parquet général, au terme du contrat signé entre la république à travers son ancien ministère et la société SAMIBO de monsieur Samih Jammal. Le nom de «Bitacle le petit-fils de sa grand-mère» comme aiment l’appeler ses adulateurs, est revenu plusieurs fois dans la bouche de l’organe de la loi tout comme celle de la partie civile, pour charger V.K. Et contrairement à la liste de témoins qui a circulé sur les réseaux sociaux où une trentaine de noms étaient repris comme témoins à comparaître, attribuée à la partie civile, rien de tel n’a été le cas. L’audience qui a débuté à 9h30′, a vu comparaître devant le tribunal, seuls les accusés.
Pour Samih Jammal qui a perçu les 57 millions USD mis à la disposition de son entreprise par l’État Congolais, il parvient difficilement à se souvenir de documents et autres pièces lui soumis par le parquet, au fin d’infirmer ou confirmer leur authenticité. Le vieil homme de 82 ans, directeur général de SAMIBO ne se souvient curieusement de rien sur les actes qu’il aurait commis au nom de sa société. Énervé, trop suffisant et effleurant parfois à l’outrage au tribunal, le prévenu Samih Jammal a donné du fil à retordre au tribunal et au parquet. Tantôt il comprend les questions lorsqu’il veut bien les comprendre, tantôt il semble refuser de comprendre. Il a quasiment donné la même réponse à toutes les questions à savoir : » Allez au camp Tshatshi voir s’il y a pas de maisons ? Il y a de containers bloqués à Lobito, à Dar–es–Salaam et à Matadi. Si moi j’ai détourné, je ne serais pas au Congo, j’allais fuir! ».
Toujours est-il que, l’audition révèle que certaines sommes d’argent ont été virées par Samih Jammal à certains bénéficiaires, dont son fils et un certain Ashour ne figurant pas dans le contrat entre sa société SAMIBO et la RDC. Aussi, l’une de société de Samih Jammal bénéficiaire dudit contrat, aurait été constituée quelques jours seulement avant que l’argent ne soit décaissé par le trésor public, soit en avril 2019 et dont Samih Jammal ne reconnaît pas l’existence d’un troisième associé statutaire.
Un V.K toujours vexé et «agressif»
La déposition de Vital Kamerhe quant à elle, a failli tourner à une confrontation entre le PG et le prévenu. Alors que le parquet posait de questions à VK sur l’authenticité et la teneur du contrat que la république avait avec la société SAMIBO, les raisons de son choix et l’existence d’un avenant non signé qui aurait modifié à plus de 15℅ le contrat initial en violation de la loi sur la passation de marchés publics, le directeur de cabinet du chef de l’État a tout rejeté à l’ancien ministre du développement rural Justin Bitakwira, se montrant très vexé par les questions lui posées et agressif dans ses réponses. Dans sa conclusion, il a fait savoir au tribunal qu’il ne comprenait pas la raison de sa détention, ni pourquoi il était jugé, au vu des éléments jusqu’ici présentés par la partie civile et le parquet.
Après un échange musclé entre l’avocat général et Vital Kamerhe, la partie civile a demandé au tribunal de faire comparaître l’ancien ministre précité, pour attester ses propos contenus le PV d’audition qui, apparemment contredisent les pièces apportées par le dircab de Fatshi. Il est à savoir que le contrat initialement signé entre la RDC et SAMIBO l’a été pour 900 maisons préfabriquées à 26 millions USD au mois d’avril 2018. Et qu’un avenant à ce contrat aurait été selon l’accusation signé et selon le parquet non signé un an après. En plus, cet avenant aurait modifié de plus de 15℅ les termes du contrat initial. Soit 900 maisons à 26 millions USD contre 1.500 maisons à 57 millions USD, décaissés selon le parquet avant même la signature de l’avenant dont question.
Pour le ministère public, l’avis de non objection de la DGCMP, est substantiel pour notifier le Titulaire Jammal, puis l’approbation est une condition sine qua non, qui rend ledit marché exécutoire. Dans le cas d’espèce, sans ces préalables, aucun paiement ne peut avoir lieu surtout que la totalité du coût du marché payée, avant ces deux parchemins. Le Ministère Public a posé le fondement du détournement. La prochaine audience doit seulement élucider les donneurs d’ordre du paiement sans contrat d’avenant et différents bénéficiaires. Causa sublata, tolitur effectus, la cause enlevée, les effets supprimés. Sans avenant légal, les clauses générales, particulières, financières et croquis et dessins tombent. C’est la dure réalité de la procédure de passation des marchés publics.
Finalement, le tribunal a renvoyé la prochaine audience au 3 juin prochain, après que les parties ont sollicité les témoignages pour la partie civile de Jammal Jammal (fils du prévenu Samih Jammal), Justin Bitakwira, Soraya Mpiana, Amida Shatur Kamerhe, bien que cela ne soit pas du goût de VK et de ses avocats. Et pour le tribunal, en plus de Bitakwira, il y a les anciens ministres de budget Pierre Kangudia, celui des finances Henry Yav Muland et le gouverneur de la banque centrale Déogratias Mwana Nyembo. Quant à Muhima Ndole, il fera comparaître comme témoins, les directeurs commerciaux de Maesk, de la SNCC et de la Rawbank.