Par Ginno Lungabu.
«Dans ce domaine de la recherche, je n’ai pas eu cette occasion-là d’avoir le ministre de la recherche scientifique avec tous les chercheurs comme nous voyons maintenant». C’est la déclaration du célèbre docteur Jean-Jacques Muyembe, directeur général de l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) et secrétaire technique de l’équipe de la Riposte à la pandémie de coronavirus, qui apprécie le travail abattu par le ministre de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique, José Mpanda, qui est au four et au moulin avec les scientifiques et autres chercheurs depuis l’apparition de cette maladie, en vue de trouver une solution idoine. C’était lors de la réunion tripartite Ministère de la Recherche Scientifique – Secrétariat Technique à la Risposte – Task Force de la Présidence de la République, ayant abouti à la création du «Pool Scientifique» mardi 19 mai dernier.
En effet, lors du Conseil des ministres du 15 mai dernier, le président de la république Félix Tshisekedi qui se dit croire à une solution congolaise pour lutter et éradiquer le Coronavirus, a recommandé au ministre de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique de mutualiser les synergies de tous les scientifiques et chercheurs congolais pour arriver à un protocole capable de soigner cette maladie. Désormais, pour éviter la dispersion d’efforts, les chercheurs de la Task Force, ceux du Secrétariat Technique de riposte ainsi que ceux du Ministère de RSIT vont devoir travailler dans ce Pool Scientifique sous la coordination du ministre José Mpanda.
A l’occasion, le docteur Jean-Jacques Muyembe a exhorté José Mpanda à se battre pour viabiliser tous les centres de recherche qui ont fait la fierté de la RDC dans le passé. «Le Covid nous donne également l’occasion de penser à l’avenir. Notre pays avait dans le temps des établissements de recherche de très niveau. Nous pensons à Yangambi, au laboratoire provincial de Kisangani, au laboratoire provincial médical de Mbandaka qui avaient un niveau de recherche très élevé mais tout cela s’est effondré et nous devons repartir presqu’à zéro. Ceci est l’occasion pour le ministre de la recherche scientifique de renouveler et de renforcer les structures de recherche, équiper les laboratoires de recherche et former les chercheurs», a déclaré le professeur Jean-Jacques Muyembe.
Cette interpellation appelle à la volonté politique et manifeste du Gouvernement de faire de la recherche scientifique en général, le socle du développement de tous les domaines. Sans cette volonté du Gouvernement, seul, malgré sa vision affichée depuis sa présence à la tête de ce ministère, de faire de la science et de l’innovation technologique un outil de développement durable pour l’émergence de la République Démocratique du Congo à l’horizon 2030, José Mpanda broiera du noir. Non sans raison, avec un budget de 0,29% alloué à son ministère en 2020, soit 29 millions sur les 10 milliards initialement prévus dans le budget national qui d’ailleurs, avec les aléas dus à la pandémie du coronavirus et d’autres économiques sont impossibles à mobiliser, la quotité de la Recherche scientifique qui englobe les frais de fonctionnement du cabinet du ministre, du Secrétariat général et des certains centres de recherche, en a pâti.
Cette quotité de 0,29% est loin du minima de 1% exigé dans les budgets nationaux des Etats par l’UNESCO et la SADC. «Le Président de la République a réitéré sa conviction selon laquelle une solution à la congolaise serait toujours possible face à la Pandémie de Covid-19 si des moyens conséquents étaient mis à disposition de nos chercheurs», peut-on lire dans le compte-rendu du Conseil des ministres du 15 mai dernier. Ce plaidoyer du président de la République, Félix Tshisekedi, de mettre des moyens conséquents à la disposition de chercheurs congolais, estiment beaucoup d’analystes, ne devra pas se limiter à la seule lutte contre la Covid-19, mais devra se pérenniser dans tous les budgets de l’Etat. «Il nous faut capitaliser cet élan scientifique et technologique. C’est pendant les temps de crise que des Nations ont pu faire de grands bonds sur le chemin de leur développement. Elles ont tout simplement investi dans ce que Samuel Pisar a appelé ‘’la ressource humaine’’», conseille le journaliste Léonard Mulamba (lire l’article de Scooprdcnet : Covid-19 : «appel à la capitalisation du sursaut scientifique et technologique en RDC» ).