Ancien journaliste de la RTNC, OZRT à l’époque, ancien rédacteur en chef du quotidien Le Potentiel et ancien rédacteur en chef de Radio Okapi, aujourd’hui affecté au Magazine Echos de la Monusco, Léonard Mulamba que les proches surnomment «Maréchal», n’a pas perdu la plume. Sur sa page Facebook, ce vieux chevalier de la plume plaide, au regard de la propagation du coronavirus, pour une grande attention des autorités congolaises sur la recherche scientifique, domaine vital du développement de beaucoup de pays, mais très négligé en RDC. Léonard Mulamba, par divers exemples, soutient que c’est pendant les temps de crise que des Nations ont pu faire de grands bonds sur le chemin de leur développement. Ci-dessous sa réflexion sur Facebook que Scooprdc.net a jugée pertinente d’être relayée sur son site :
Le premier cas de coronavirus est enregistré dans le pays en mars dernier. Depuis cette date, pas mal d’annonces des innovations scientifiques et technologiques pour faire face à cette maladie.
L’Université de Kinshasa, celle de Lubumbashi ou de Bukavu, l’Institut des Sciences et Techniques Appliquées…, tous ces établissements et bien d’autres se disent capables et prêts à fabriquer le respirateur. Nos hôpitaux en manquent cruellement. Pourtant la pièce coûte, semble-t-il, le prix d’une Prado. L’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP) ou d’autres structures se sont lancées dans la fabrication de lave-mains modernes. Au plan médico-pharmaceutique, plusieurs scientifiques rivalisent d’ardeur en proposant leurs molécules pour faire face à la pandémie.
A divers niveaux de responsabilité, il nous faut capitaliser cet élan scientifique et technologique. C’est pendant les temps de crise que des Nations ont pu faire de grands bonds sur le chemin de leur développement. Elles ont tout simplement investi dans ce que Samuel Pisar a appelé « la ressource humaine ».
Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, les scientifiques dans l’Allemagne hitlérienne ont mis au point les premières fusées, ancêtres des missiles actuels et autres engins interstellaires. Ils ont poussé plus loin les recherches sur l’atome à des fins militaires. Les grandes inventions qui nous sont utiles de nos jours ont vu le jour pendant les deux Guerres.
L’histoire de notre pays nous apprend que les ateliers de Panda au Katanga fabriquaient pas mal de pièces mécaniques. Il avaient même produit un prototype de char de combat. Faut-il rappeler qu’Israël ou l’Afrique du Sud de l’apartheid, mis au banc de la communauté internationale, avaient poussé plus loin les recherches scientifiques et technologiques pour assurer leur survie et leur autosuffisance dans tous les domaines.
Aujourd’hui, suite au Covid-19, les dirigeants de la RDC devraient mettre à profit toutes les nouvelles initiatives de nos hommes de science pour réaliser des progrès sur la voie du développement. Ils ont le devoir de mettre à la disposition de nos chercheurs les moyens conséquents.
Regardez aujourd’hui nos centres de recherche. Ils ressemblent à des hangars abandonnés. Toiles d’araignée, poussière, plafonds défoncés, matériels de travail d’un autre âge ou tout simplement inexistants, fonctionnaires tristes et fatigués par la misère…L’Institut Géographique sur le boulevard du 30 juin en est une illustration. L’INRB (Institut National de Recherche Bio-Médicale), produit de la coopération française sous François Mitterrand, qui est au devant de la « guerre » contre le coronavirus actuellement, comme hier et aujourd’hui encore contre Ebola avec le professeur Jean-Jacques Muyembe, était négligé par différents régimes. Beaucoup de reportages ont été faits dans un passé récent sur le non paiement des salaires des fonctionnaires et la non attribution des frais de fonctionnement de l’INRB. Kabasele Mwamba est mort sans accéder aux moyens de l’Etat pour promouvoir ses inventions (pousse-café, parfums de très grande qualité…). Thérèse Kirongozi peine, faute de soutien conséquent, avec son robot-roulage qui peut pourtant faire rentrer au pays des devises d’exportation avec ce produit « Made in DRC ».
Au lieu que la part du budget national destinée à la recherche scientifique reste, de loin, inférieur à 1 % (NDLR : 0,41% en 2019, 0,29% en 2020), les dirigeants de la RDC devraient élaguer les institutions politiques budgétivores et inutiles, combattre avec la dernière énergie la corruption scandaleuse que nous vivons tous les jours, pour consacrer les moyens ainsi dégagés aux secteurs qui peuvent assurer le progrès de la Nation et le bien-être réel de la population.
Léonard Mulamba Kalala.