Don périmé offert au Kasaï Oriental : la SACIM est-elle poursuivie par un signe indien ?

Alors qu’elle est dans le viseur et collimateur du député national Eric Ngalula Ilunga qui réclame depuis le 18 avril dernier une enquête parlementaire sur ses activités, la Société Anhui-Congo d’Investissement Minier (SACIM), vient de se compromettre encore avec son don fait à la province du Kasaï oriental dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.

En effet, cette société qui exploite depuis 2013 le gisement diamantifère de Tshibwe en territoire de Miabi, dans le carré minier de la Minière de Bakwanga (MIBA), avec l’investissement de 500 millions USD de l’entreprise chinoise Anhui Foreign Economic Construction Corporation (AFECC), pour un partenariat à part égale entre la Chine et la RDC, a remis un lot des masques, des gants et des solutions hydroalcooliques en vue de prévenir contre le coronavirus, au gouverneur Jean Maweja. Ce dernier a, à son tour, confié ce don à l’Office Congolaise de Congolais (OCC) pour analyse organoleptique. Expéditivement, l’OCC/Kasaï Oriental a procédé à cette analyse et a déclaré les masques et gants impropres à la consommation.

«…il ressort de l’analyse organoleptique de 6 (six) échantillons de masques et gants que leur étiquetage a été falsifié sur les dates de production et d’expiration. De ce fait, ces produits se sont avérés non conformes et leurs mesures de consignation demeurent. Par ailleurs, les résultats des essais sur les 4 (quatre) autres échantillons de gel hydroalcoolique sont satisfaisants. Ces gels sont conformes pour une utilisation sans aucune dilution», lit-on dans la lettre de rapport de l’OCC/Kasaï Oriental adressée au gouverneur Maweja et signée par son directeur provincial Joseph Shongo Otshudi et son fondé de pouvoir principal et chef de Division Laboratoire, Joseph Mukadi Mununu.

Visiblement animée par la bonne volonté de répondre à l’appel à la solidarité lancé par le président de la république Félix Tshisekedi, bien que le coronavirus n’ait pas encore affecté la province du Kasaï Oriental, la SACIM est-elle victime de son fournisseur qui lui a livré ces masques et gants périmés ou est-elle consciente de son action sans compter sur ces analyses de l’OCC ? Difficile de l’affirmer ou de l’infirmer.  Mais toujours est-il que par ce don périmé, la SACIM s’est compromise davantage vis-à-vis de la population est-kasaïenne qui crie vite à une tentative de son empoisonnement par cette entreprise qui n’a d’ailleurs pas bonne presse dans la province.

Non sans raison, il y a lieu de rappeler que le député élu de Lupatapata, Eric Ngalula Ilunga, attend impatiemment la mise sur place d’une commission parlementaire d’enquête sur la SACIM.

«La SACIM-Sarl produit des diamants de types industriels 93% et 7% gems depuis bientôt 5 ans, plus de 500.000 carats par mois sans compter les gros diamants produits en pièces uniques, mais cette entreprise où l’Etat congolais a ses parts, laisse à constater que l’exploitation faite ne  profite qu’aux Chinois, le colis des diamants provenant de cette exploitation est amené directement à Kinshasa sans expertise, évaluation et certification de la province et est exporté à l’étranger pour la vente», a dénoncé le député Eric Ngalula Ilunga, dans sa correspondance adressée le 18 avril dernier à la présidente de l’Assemblée nationale, Jeannine Mabunda, en précisant qu’un régime préférentiel a été pourtant accordé à la SACIM-Sarl au titre d’un partenaire stratégique sur les chaînes des valeurs, dont l’exonération des droits de perception des douanes sur toute importation et de la suppression de la taxe sur la valeur ajoutée à l’importation et exportation, ainsi que sur les produits intermédiaires ou finis, sur les prestations des services produits.

Pour le député national demandeur d’enquête, la mégestion se serait installée dans cette société suite à une absence prolongée depuis mars 2018 du directeur gérant chinois désigné par l’AFECC, un vide juridique profitable à un directeur gérant congolais qui, toujours selon le député Eric Ngalula, ne rend compte de sa gestion à personne.

«Cette société n’a construit aucune infrastructure scolaire, sanitaire ou routière au bénéfice de la population locale, tout ce qui l’intéresse c’est l’exploitation et l’exportation des diamants en ignorant les droits locaux comme les prévoit la législation congolaise en la matière. Les responsables s’entêtent, il y a de quoi se demander de qui tirent-ils leur force au Congo, quelle est la main noire qui les entête et les protège au détriment des ayants-droits congolais ?», déplore et s’interroge l’élu de Lupatapata qui révèle que SACIM emploie 320 chinois bien rémunérés et 652 congolais maltraités.

D’où sa demande de création d’une commission devant enquêter sur cette situation générale qui prévaut dans cette entreprise «rebelle» vis-à-vis du fisc.

  • Bendélé Ekweya té

À ne pas rater

À la une