Par Nzakomba.
Interrogé par les journalistes de l’Agence Française de Presse (AFP) en marge de la clôture d’une rencontre sur la politique forestière de la RDC le jeudi 5 mars à Kinshasa, le ministre national de l’Environnement, Claude Nyamugabo avait déclaré « qu’Il n’y a pas de nouvelles concessions attribuées aux exploitants forestiers, mais qu’il y a eu changement de dénomination de la part des concessionnaires ». Déclaration plus que mensongère du ministre, car en effet, la très célèbre organisation de défense de l’environnement Greenpeace, vient d’accuser le gouvernement congolais d’opacité dans l’attribution des contrats d’exploitation, alors qu’il existe un moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions, dans le cadre du Code forestier de 2002.
Oui, Greenpeace et d’autres ONG accusent dans un communiqué le ministre de l’Environnement Claude Nyamugabo d’avoir signé au moins neuf contrats de concession forestière depuis janvier 2020. Ces contrats couvrent selon le communiqué, une superficie totale de près de deux millions d’hectares (20.000 km2). L’ONG internationale affirme que ces nouvelles concessions ont été attribuées à deux sociétés chinoises, juste après l’approbation d’une aide internationale de 12 millions de dollars au bénéfice de la RDC dans le cadre d’un programme de gestion durable des forêts. Voilà pourquoi pour Greenpeace, le ministre doit respecter ses promesses de transparence et publier sur le site du ministère, tous les documents y afférents.
Aujourd’hui, cette déclaration de Greenpeace se vérifie car, un simple coup d’œil du côté du droit de sociétés ou droit commercial, fait savoir qu’une société change de dénomination, très souvent lorsque les propriétaires changent. Or, les sociétés agro-forestières chinoises qui exploitent actuellement les sites incriminés, appartenaient avant aux investisseurs Allemands, le cas de Siforco à Yakata dans la province de la Mongala, Siforco-Ingende à l’Equateur et Siforco-Basoko dans la Tshopo. Tous ces sites ont été repris par Bouming Green à Yakata (Mongala), Maniema Union 2 à Ingende (Équateur) (qui cache à peine le nom du vrai actionnaire majoritaire) et de la Forestière pour le développement du Congo (FODECO) à Basoko (Tshopo). Comme par enchantement, toutes ces sociétés sont chinoises. De là dire que les nouvelles permis n’ont été donnés, plutôt qu’un simple changement de dénomination, est une blague à faire rire les oiseaux.
Pour couvrir cette fraude qui sent la mafia, le ministre ironise devant ses interlocuteurs : « Nous sommes en train de remplir les conditions pour lever ce moratoire en concertation avec nos partenaires », a-t-il nuancé. Il ajoute : « Si vous voulez que nous préservions nos forêts, appuyez-nous dans la lutte contre la pauvreté ». Mais ce qu’ignore le ministre de l’environnement, ce que le fonds vert existe bel et bien. Et qu’il appartient aux pays bénéficiaires tels que le Brésil, la RDC et d’autres, d’élaborer et de suivre une politique clairement définie, avec des objectifs à court, moyen et long terme bien identifiés.
Or, avec les contrats chinois que semble ignorer le ministre alors qu’ils font l’objet d’une crise entre son ministère et les provinces ci-haut citées, la Mongala par son Gouverneur avait suspendu les travaux de la société chinoise ‘’Bouming Green’’. Mais cette décision a été anéantie par Claude Nyamugabo, convaincu par le plaidoyer de l’avocat de Bouming Green, qui n’est autre que le député national Noël Botakile, raconte t-on à Lisala.
Pourtant, la décision du gouverneur neutralisée par l’arrêté illégal du ministre Nyamugabo, influencé par le député Noël Botakile selon des sources proches de la province, victime de cet arrêté grotesque, allait dans le sens de la protection des intérêts de la population. Mais Nyamugabo aurait fait le choix de son intérêt égoïste au détriment de celui général des populations de l’ancienne province de l’Equateur.
A ce jour, à Yakata, le personnel de Bouming Green sont impayés depuis 4 mois, le cahier de charge n’a jamais été respecté. A Basoko dans la Tshopo, le vice-gouverneur venait d’échapper à une bastonnade publique la semaine passée. Et à Ingende dans l’Equateur, même scénario. Faudrait-il qu’il y ait mort d’hommes pour que le gouvernement à Kinshasa y prête attention ?
Pour rappel, la forêt tropicale de la RDC couvre une superficie de 2/3 de la superficie totale de la RDC, l’une des plus grandes au monde après la forêt amazonienne. Officiellement, seuls un peu plus de 1,5 millions d’hectares ont été concédés par l’État congolais à des industriels pour l’exploitation du bois, sur 11 millions d’hectares. Il apparaît on ne peut plus clair que Claude Nyamugabo protège un réseau des inciviques fiscaux vis-à-vis de ces provinces précitées. La société la mieux protégée par lui, c’est Maniema Union 2 dont le principal actionnaire, général des FARDC de son état, est connu, chuchote-t-on à l’oreille de Scooprdc.net.