Par Nzakomba.
Dans sa lettre d’accusé de réception adressée au vice-premier ministre, ministre de la justice Tunda ya Kasenda, le président du Conseil Supérieur de la Magistrature et président de la Cour Constitutionnelle, Benoît Lwamba, a, sur un ton moins tendre, pensé recadrer le ministre de la justice au sujet de sa visite annoncée dans les juridictions, offices et services judiciaires de la ville de Kinshasa, qu’il a traitée d’inopportune et d’aucun fondement légal. En plus, le président du Conseil Supérieur de la Magistrature a prêté au VPM de la justice l’intention de vouloir contrôler l’organisation des échanges relatifs aux dossiers judiciaires en cours et l’examen des diverses autres questions concernant la bonne administration de la justice.
Un accusé de réception qui n’est pas resté sans réaction du VPM de la Justice Célestin Tunda ya Kasende qui, dans une lettre de réplique ce mercredi 22 avril, a déploré la formulation agressive et peu courtoise de la lettre de Benoît Lwamba qui, écrit le VPM de la Justice, devrait étonner tout praticien de droit épris d’objectivité.
Rappelant toutes les interventions qu’il a effectuées en faveur de la magistrature (déblocage des avantages de la magistrature lors des rentrées parlementaires, l’obtention des frais des funérailles des magistrats, le dénouement de la grève des magistrats avec les syndicalistes…), Célestin Tunda signifie à Benoît Lwamba que sa démarche de visiter les juridictions, offices et services judiciaires de la ville de Kinshasa n’avait rien d’atteinte à l’indépendance de la magistrature comme insinué, mais plutôt s’inscrit dans le cadre de collaboration entant que membre de l’Exécutif jouant le trait d’union entre la magistrature et le gouvernement ainsi que le Parlement.
«…tout juriste sorti d’une bonne école de droit ne peut ignorer le caractère sacro-saint du principe de l’indépendance du juge. Qui plus est garanti par la constitution», fait savoir Tunda à Lwamba en lui indiquant qu’aucune institution de la république, soit-elle les cours et tribunaux, ne peut fonctionner dans une tour d’ivoire sans rapport avec les autres institutions. «Elle n’est dès lors nullement fondée la présomption que vous imputez à ma visite de me voir interférer dans les affaires judiciaires», lui fait encore savoir le VPM de la justice en jurant ne pas se permettre de s’éloigner du bon sens et encore moins d’utiliser sa plume pour trahir son attachement à l’éthique et à d’autres valeurs cardinales qui servent à rapprocher les humains.
Benoît Lwamba face à ses turpitudes !
Un haut juge qui a toujours mis en doute la formation en Droit de Benoît Lwamba traité d’ailleurs dans le milieu des vrais doctrinaires de «indien», jargon bien connus par les initiés, estime que le président de la Cour constitutionnelle et président du Conseil Supérieur de la magistrature a tout simplement confondu «visite» à «contrôle ou inspection» et ne peut, même si cela était le cas, se plaindre de l’immixtion du ministre de la justice dans les affaires de la Magistrature d’autant plus qu’il en avait déjà ouvert la voie sous le régime de Joseph Kabila.
«C’est le même Lwamba qui invita en 2017 Alexis Thambwe Mwamba, à l’époque ministre d’Etat de la justice, à une rentrée judiciaire du Conseil Supérieur de la Magistrature. Il lui accorda même la parole alors qu’il s’agissait d’une cérémonie solennelle des magistrats et juges. Sieur Thambwe Mwamba s’était permis à l’occasion d’insulter les magistrats qu’il traita d’adeptes de trois V (voiture, villa, veste), insinuant ainsi la corruption qui caractériserait, à son avis, les magistrats. C’est toujours le même Lwamba qui, en 2018, sur demande d’Alexis Thambwe Mwamba avait institué une commission de contrôle des diplômes des magistrats. Toute honte bue, il est allé sous les projecteurs des caméras, lui remettre officiellement le rapport de cette commission. Comme conséquence, plusieurs magistrats ont été révoqués sur injonction du Tout-puissant Thambwe Mwamba. Alors de quoi se plaint-il aujourd’hui ?», s’interroge ce haut juge qui confirme que Célestin Tunda ya Kasende était intervenu pour désamorcer la grève des magistrats là où Lwamba était incapable.
Comme ce haut juge, beaucoup d’autres juristes mettent en doute la vraie connaissance du Droit par Benoît Lwamba bien qu’il ait gravi les échelons jusqu’à devenir président de la Cour Suprême de Justice, puis actuellement président de la Cour Constitutionnelle et président du Conseil Supérieur de la Magistrature (Lire l’article de Scooprdc.net : «Cour Constitutionnelle : les non-dits des démissions de deux juges»).
Avec cette sorte de guerre qu’il a ouverte contre le VPM de la justice, de surcroît de sa famille politique le FCC, Benoît Lwamba, réputé pour ses insuffisances en droit, aurait-il ouvert une porte qu’il ne saura fermer ? L’avenir nous le dira.