Par Nzakomba.
Samutondi Ikomba Samy et Muteba Fwimbo, juges au Tribunal de Grande Instance-Gombe ont jugé bon de se déporter dans l’affaire qui oppose Fulgence Bamaros Lobota, Directeur Général de FONER, contre le ministère public. Ce dernier poursuit le DG du Fonds National pour l’Entretien Routier pour détournement de 20 millions USD et que selon les juges qui se déportent, les conditions d’une justice équitable ne seraient pas réunies.
En effet, si le juge Samy Samutondi n’a pas évoqué clairement les raisons de son déport, mais les lecteurs de sa correspondance peuvent facilement identifier la cause. Il apparaît dans la lettre de celui-ci qu’il fait l’objet de pression de ses supérieurs pour orienter sa décision.
« …Monsieur le président, plusieurs facteurs m’ont convaincu de l’impossibilité d’opiner dans la présente cause dont le plus important demeure la préservation de mon indépendance, une de mes attributions importantes que la constitution de notre république me reconnaît, et m’investit comme l’une des sentinelles de l’État de droit. Faute de pouvoir jouir pleinement et librement de cet attribut constitutionnel majeur, et d’agir en juge impartial devant les hommes et devant Dieu et ce, dans le respect strict de mon serment, j’ai tout compris et suis obligé de me déporter », écrit le juge Samy.
Par contre, si le juge Samy Samutondi a semblé porter de gants pour son déport, son collègue Muteba Fwimbo n’est pas allé sur quatre chemins. Ce dernier pointe du doigt le bourreau qui fait pression sur cette composition.
« … Alors que la composition y a travaillé d’arrache-pied pour se prononcer dans le délai requis, grande a été la stupéfaction de la composition de constater que Monsieur le premier président de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe voulait lui, imposer sa position comme s’il en était membre, tout cela contrairement à l’état de droit qu’a toujours prôné l’actuel chef de l’État depuis son avènement à la magistrature suprême et au principe de l’indépendance dont doit jouir le juge. Cela étant, je vous prie de bien vouloir constater ma volonté de ne pas continuer à statuer dans cette cause », affirme ce dernier.
De ce fait, qu’en reste-t-il encore de cette composition ?, se demandent les observateurs. Face à cette « libido » orchestrée par le premier président de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, les lettres de déport de ces juges sonnent comme une clameur publique, et cela exige que l’incriminé soit l’objet de poursuite toutes affaires cessantes. Car, cette ignominie portée en l’encontre de la justice en ce moment où le pays tout entier reste scotché aux nouvelles de cours et tribunaux, le premier président de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe ferait mieux de se mettre à la disposition du Conseil Supérieur de la Magistrature.