Par Owandi.
Depuis l’apparition de la maladie à coronavirus en RDC le 10 mars dernier, la maison Les Points mène des sondages sur les acteurs très impliqués dans la lutte contre cette pandémie (scientifiques, membres du gouvernement, opérateurs économiques, mandataires publics…). Elle est déjà à son troisième sondage réalisé généralement à l’intervalle de 10 jours. Si certaines personnes bien cotées au premier et deuxième sondages se sont décotées, notamment le docteur Jean-Jacques Muyembe à cause l’annonce mal digérée par les Congolais de l’expérimentation du vaccin en RDC, d’autres par contre ont amélioré leurs cotes. C’est le cas du ministre de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique, José Mpanda.
51% au premier sondage, 53% au deuxième, ce ministre vient, dans le troisième sondage du 15 au 16 avril 2020, d’occuper la première place dans la catégorie «Gouvernement» avec 69%. Il est suivi de Claude Nyamugabo de l’Environnement (68%), de Yollande Ebongo de la Fonction Publique (63%), de Puis Muabilu de l’Urbanisme et Habitat (59%) et de Gilbert Kankonde de l’Intérieur et sécurité (56%).
D’après Les Points, le ministre de la Recherche Scientifique, José Mpanda, a, selon les répondants, rassuré la population sur la capacité et la volonté des scientifiques congolais à mener des recherches et à trouver un remède au Covid-19. La série des réunions qu’il a eues avec la Commission scientifique qu’il a mise sur pied pour appuyer la riposte, a travaillé aussi bien sur la prévention, les méthodes alternatives d’appui à la prise en charge, le dépistage que l’information stratégique. En effet, après trois semaines de réflexion, la Commission scientifique est parvenue à faire des recommandations pertinentes à la population et au Gouvernement en vue de combattre et vaincre la pandémie de coronavirus.
A la population, les recommandations portent essentiellement sur de nouvelles alternatives aux mesures d’hygiène pour se prémunir. Les scientifiques proposent, entre autres, que la population prépare elle-même des solutions 1% de l’eau de javel pour le lavage des mains et la désinfection des surfaces ; l’utilisation, à défaut du savon, des cendres; la consommer les tisanes ou plantes à essence (citronnelle, feuille d’eucalyptus, aloe verra, Lipia mutiflora (bukukutu, Nyemba lubwitsi) et des aliments riches en antioxydants (thé, fruits et légumes). Elle recommande aussi de pratiquer les fumigations en utilisant les plantes aromatiques et/ou leurs huiles essentielles, telles que la citronnelle (Sinda), l’eucalyptus, Lippia multiflora (Bulukutu), Alchonea cordifolia (Mbunzi mbuzi), Ocimum sp (Lumba lumba, Mazulu), Cinnamomum verum (Arbre à bonheur), etc.
Quant au Gouvernement, la commission lui a formulé 15 recommandations portant sur la prévention, le dépistage, la prise en charge et l’information stratégique. Il question, pour le dépistage par exemple, de continuer à faire respecter les gestes barrières à travers la sensibilisation/communication communautaire ; la sensibilisation à la fabrication locale des masques en tissu dont le port devra être obligatoire; la promotion et le financement du lave-mains à pédales conçu par Honoré Yoka ou encore du distributeur automatique des solutions hydro-alcooliques de NTIC Business.
Pour le dépistage, la commission a recommandé, entre autres, l’extension du dépistage par RT-CPR aux structures hospitalières, universitaires et de recherche équipées d’unités de biologie moléculaire axées sur l’espèce humaine; l’acquisition, au profit des hôpitaux et centres de recherche, des machines RT-PCR; le renforcement en équipements analytiques des laboratoires des universités, centres et institutions de recherche à travers le pays, etc.
Pour la prise en charge, les recommandations portent, notamment, sur l’autorisation des essais cliniques pour les protocoles qui recevront un avis favorable du Comité d’Ethique; l’encouragement, par la sensibilisation, de la pratique de fumigation avec les plantes aromatiques et la consommation des aliments riches en antioxydants ou ceux ayant des effets sur l’hémoglobine ; la réglementation du secteur de médecine traditionnelle; la disponibilisation des fonds pour réaliser des études dont les données et résultats vont permettre des prises des décisions efficaces, etc.
A travers sa Commission scientifique, le Ministère de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique poursuit des réflexions visant à protéger la population congolaise, réaliser un dépistage rapide dans les zones de confinement ou pas et prendre en charge efficacement les cas de contamination confirmés.
Mais avant cela, la Commission scientifique a formulé toujours dans le cadre de ses premières réflexions, un certain nombre de projets ou propositions telles que, pour la prévention, le contrôle qualité des désinfectants des mains vendus dans le pays, en vue d’écarter de la circulation ceux de mauvaise qualité ou la formulation des solutions hydro-alcooliques classiques à durée de validité d’au moins 12 mois et les désinfectants des mains à base de plantes médicinales ; la fabrication locale de solutions antiseptiques, etc.
Sur la recherche des méthodes alternatives d’appui à la prise en charge, la commission propose des schémas alternatifs à base des molécules, médicaments et pratiques ayant été utilisés dans les essais cliniques réalisés à travers le monde pour faire à la pandémie de COVID-19. Les dossiers de Protocole de prise en charge prenant en compte des molécules déjà utilisées pour plusieurs autres pathologies doivent faire l’objet d’une demande d’essais cliniques pour le COVID-19, au Comité d’Ethique. Ainsi, par exemple, le Protocole BELA-UNILU 20 (Professeurs EKWALANGA Michel et LUNGU Philomène) et celui de Docteur VANGU LUTETE, intégrant les recommandations de la Commission Scientifique, peuvent être examinés en urgence au niveau du Comité d’Ethique pour une autorisation d’essais cliniques sur les patients Covid-19.
Quant aux produits issus de la médecine traditionnelle congolaise, la Commission Scientifique a établi un critérium pour la sélection des dossiers soumis. A ce stade des travaux, seul le produit Doubase CTM utilisé contre le VIH par CREPPAT LAB sarl a été retenu.
Et au sujet de l’information stratégique, la Commission Scientifique estime que les résultats des études rapides, combinant les approches qualitative et quantitative et utilisant les nouvelles technologies de l’information et de la communication ; ainsi que les données de l’impact de la pandémie du point de vue social, économique, sécuritaire, environnemental, etc. sont nécessaires pour soutenir les prises de position des décideurs par le biais du Ministère de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique, en vue d’éradiquer la pandémie en RDC. La commission a ainsi proposé deux projets, à savoir : les Enquêtes CAP et qualitatives dont le budget s’élève à US $283 380 et les évaluations d’impact pour un montant d’exécution de US $ 319 500.