Par Ginno Lungabu.
Les mesures prises par les autorités congolaises en vue de lutter contre le Covid-19, risquent aussi d’avoir comme conséquences, le conflit du travail entre les employés et leurs employeurs. C’est le cas, si l’on n’y prend garde, de la Régie des Voies Aériennes (RVA), où déjà l’Intersyndicale somme le directeur général à s’exécuter de son obligation sociale de payer les salaires des employés pour le mois d’avril 2020.
En effet, le banc syndical qui lui a adressé une lettre le 14 avril dernier, dit avoir eu vent de l’aveu d’incapacité de la direction générale à garantir les salaires du mois d’avril, à cause de l’improductivité due à la suspension des vols nationaux et internationaux sur l’ensemble du pays. Argument loin à convaincre les syndicaux qui se disent surpris qu’une grande société viable comme la RVA dont les indicateurs étaient pourtant au vert, se retrouve dans cette situation à moins d’un mois à peine de service minimum juste au motif de la nullité de la production.
Pas du tout tendres, les syndicalistes s’en prennent à Abdallah Bilenge : «…croirions-nous que vous avez durant huit ans navigué à vue et géré la société sans qu’elle ne dispose de la moindre réserve prévue pour faire face à pareille circonstance au point de la plonger aujourd’hui dans ce qui s’apparente carrément à une banqueroute ?»
Refusant ainsi toute explication, les syndicalistes disent attendre seulement voir les travailleurs toucher leurs rémunérations. Au cas contraire, ils menacent de braver l’interdiction de rassemblement de plus de 20 personnes en mobilisant les travailleurs de la RVA pour assiéger le bureau du directeur général en vue de réclamer leurs salaires. «Nous vous tiendrons pour seul responsable des dérapages qui en découleront», avertissent-ils Abdallah Bilenge, tout en invitant le gouvernement à diligenter sans délai un audit extérieur pour s’enquérir de la santé exacte de la société et de la manière dont ses finances ont été globalement gérées. Cela permettra, mentionne l’Intersyndicale, de mettre fin à toute opacité et au tabou financier à la RVA.
La commune de la Gombe étant confinée, plusieurs travailleurs surtout ceux prestant chez les indo-libano-pakistanais déjà mal rémunérés, risquent de subir le même sort qui menace les agents de la RVA. Gérer, c’est prévenir à tout, dit-on, mais cette notion est difficilement assimilée par beaucoup d’entrepreneurs au Congo qui donnent l’impression de naviguer à vue.