Convocation du congrès : vers une crise institutionnelle !

La convocation du congrès au parlement annoncée par le président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba, avec un dénigrement non voilé de l’état d’urgence proclamé par le président de la république, pour dit-il, se conformer à la constitution, risque de ne pas se concrétiser à cause de divergences à l’allure de polémique au sujet de ce congrès.

Alors qu’Alexis Thambwe Mwamba est ouvertement accusé par certains tshisekedistes dont Franck Diongo, président du Mouvement Lumumbiste Progressiste (MLP) de vouloir fourrer un coup au président de la république, d’autres analystes comme le député national Sam Bokolombe l’ont recadré sur sa mauvaise lecture de la constitution en ce qui concerne l’autorisation préalable ou pas par le parlement de la proclamation de l’état de siège ou de l’état d’urgence.

A ce sujet, comme d’autres analystes, Sam Bokolombe a tranché sur son compte Facebook : «Le débat juridique sur l’inconstitutionnalité ou non de l’ordonnance portant proclamation de l’état d’urgence est un autre effet de l’ennui du confinement pour cause de Covid19. En l’espèce, c’est de plein droit que les deux Chambres se réunissent. Et le gouvernement est appelé à présenter un projet de loi qui précise les modalités d’exécution de cette ordonnance, car certaines mesures, notamment celles qui restreignent les libertés publiques et individuelles relèvent du domaine de la loi. La Cour constitutionnelle (NDLR : à l’époque c’était la Cour Suprême de Justice) s’était déjà prononcée sur la question de l’autorisation concernant l’état d’urgence. Elle n’est pas requise. En fait, d’autorisation, il s’agira plutôt d’approbation. En revanche, il faudra une autorisation à chaque prorogation».

L’élu UNC de Basankusu ne s’empêche pas de fustiger : «Certains politiciens congolais se nourrissent de crises. Quand elles se raréfient, ils en provoquent et les attisent. Allons-nous prévenir l’urgence sanitaire mondiale qu’est le Covid19 avec ces polémiques sur le sexe des anges? Y a-t-il quelqu’un ici qui penserait qu’il ne soit pas urgent et nécessaire de combattre le Covid-19 avec des moyens, voire institutionnels, exceptionnels? Alors, passons à l’essentiel. On descendra dans l’arène de la politicaille après»

Pendant qu’Alexis Thambwe Mwamba continue à confirmer l’organisation de ce congrès, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Gilbert Kankonde, déclare que les mesures prises par le chef de l’Etat interdisant tout rassemblement au-delà de 20 personnes  tout le temps que prendra l’état d’urgence programmé par le président de la république doivent être respectées. Lecture simple faite entre les lignes, cela veut dire que le congrès qui réunira plus de 600 personnes, ne se tiendra pas. Une menace bien voilée que la police usera de la force.

Gilbert Kandonde ne se voile pas la face pour fustiger le comportement d’Alexis Thambwe Mwamba : «Eux-mêmes (Thambwe Mwamba et Mabunda) de leur gré avaient décidé de ne pas tenir des plénières avant même que le président de la république ne proclame l’état d’urgence. Donc, ils avaient compris que la menace était sérieuse», déclare Gilbert Kandonde sur Top Congo pour justifier sa décision.

Parmi les personnes contaminées à la Gombe, beaucoup sont dans le parlement

Le docteur Roger Kamba, coordonnateur de Task Force de lutte contre le Covid-19 en RDC émet les mêmes craintes : «médicalement c’est un risque de rassembler plusieurs personnes. L’épidémie c’est nous, vous avez vu qu’on a confiné Gombe parce que la plupart de personnes atteintes vivent à la Gombe. Et parmi ces personnes-là beaucoup sont dans le parlement. Donc, si nous permettons que plus de 600 personnes se retrouvent ensemble, imaginez ce que cela peut produire. Nous ne pouvons pas d’un côté dire à la population que pas plus de 20 personnes à un même endroit, et que de l’autre côté nous-mêmes nous nous réunissons à plus de 800 personnes !».

Face à cette crise en vue, les observateurs craignent que le pays ne tangue si jamais la police empêchait le congrès de se tenir. «On va vivre une situation chaotique. Il faut beaucoup de maturité», recommande le directeur général d’Ouragan-fm.cd.

  • Bendélé Ekweya té

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